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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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qu’ils sont
mouillés jusqu’au cou, ces aristocrates. Je peux vous le dire : ils sont
tous mouillés dans cette affaire ! (Rires.) Mais cet homme viendra. Il n’est
pas loin. Votre pouvoir sera restauré, je vous le promets, aussi âpre que soit
la lutte.
    Quelques-uns, plus malins que les autres, commencèrent à
scander le nom de Pompée. Cicéron leva la main, les trois doigts tendus.
    — À vous maintenant de montrer que vous êtes dignes de
ce combat. Faites preuve de courage, messieurs. Commencez dès aujourd’hui.
Attaquez-vous à la tyrannie. Délivrez mon client. Et puis délivrez Rome !
    Plus tard, Cicéron sera tellement gêné par le caractère
résolument séditieux de son discours qu’il me demandera d’en détruire le seul
exemplaire, aussi dois-je admettre que je vous raconte tout cela de mémoire.
Mais je me le rappelle très clairement : la puissance des mots, la passion
avec laquelle il les prononça, l’excitation de la foule qu’il haranguait, le
clin d’œil qu’il échangea avec Palicanus au moment où il quitta le tribunal, et
Terentia, figée, le regard rivé droit devant elle alors que la plèbe autour d’elle
applaudissait à tout rompre. Timarchides, qui s’était tenu dans le fond, sortit
avant la fin de l’ovation, sans nul doute pour partir au grand galop vers la
Sicile et rapporter à son maître ce qui venait de se passer. Car la motion, il
est presque inutile de le préciser, fut adoptée à l’unanimité des dix
suffrages. Sthenius, tant qu’il restait à Rome, n’avait plus rien à craindre.

IV
    Suivant une autre maxime de Cicéron, si l’on devait faire
quelque chose d’impopulaire, autant le faire à fond puisque, en politique, on n’avait
assurément rien à gagner à jouer les timorés. Ainsi, quoiqu’il n’eût jamais
auparavant exprimé d’opinion à propos de Pompée ou des tribuns, ils n’eurent
les uns et les autres jamais de soutien plus ardent que celui de Cicéron
pendant les six mois qui suivirent, et les pompéiens furent pour leur part
enchantés d’accueillir une aussi brillante recrue dans leurs rangs.
    Cet hiver s’avéra particulièrement long et froid à Rome,
surtout pour Terentia. Son code de l’honneur personnel exigeait d’elle qu’elle
soutînt son époux contre les ennemis qui avaient forcé sa maison. Mais après s’être
assise parmi les pauvres malodorants et avoir écouté son mari s’en prendre à la
classe dont elle était issue, elle vit son salon et sa salle à manger envahis à
toute heure par ses nouveaux amis politiques : des hommes venus du Nord
profond, qui s’exprimaient avec un accent épouvantable et mettaient les pieds
sur les meubles tout en complotant jusque tard dans la nuit. Palicanus était le
chef de cette horde et, lors de sa deuxième visite, en janvier, il amena avec
lui l’un des nouveaux préteurs, Lucius Afranius, sénateur originaire de
Picenum, la patrie de Pompée. Cicéron se mit en quatre pour se montrer charmant
et, quelques années plus tôt, Terentia aurait sans doute considéré comme un
honneur de recevoir un préteur chez elle. Mais Afranius n’avait ni famille
digne de ce nom ni la moindre éducation. Il avait même eu le toupet de lui
demander si elle aimait danser et, la voyant reculer avec horreur, lui avait
assuré qu’il n’y avait pour sa part rien qu’il aimât davantage. Il souleva
alors sa toge pour lui montrer ses jambes et voulut savoir si elle avait jamais
vu plus belle paire de mollets.
    Ces gens étaient les représentants de Pompée à Rome, et ils
transportaient avec eux un peu de l’odeur et des manières des camps militaires.
Ils se montraient rustres au point d’être brutaux – mais peut-être le
fallait-il, vu ce qu’ils projetaient de faire. La fille de Palicanus, Lollia – une
jeune personne plutôt débraillée, pas du tout du goût de Terentia –, se
joignait parfois à eux car elle était mariée à Aulus Gabinius, un autre des
lieutenants de Pompée originaires de Picenum, qui servait pour le moment sous
les ordres du général en Espagne. Gabinius constituait un lien avec les commandants
des légions, qui fournissaient à leur tour des renseignements sur la loyauté
des soldats. Ces informations pouvaient se révéler cruciales dans la mesure où,
comme le disait Afranius, il n’y avait aucune raison de faire venir une armée à
Rome afin de restaurer le pouvoir des tribuns, et de s’apercevoir au dernier
moment que les légions

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