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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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dans la
ville côtière de Tyndaris. Après cette visite, toutes les autres, et il y eut
quantité de villes, suivirent le même schéma. Le conseil vint accueillir
Cicéron avec tous les honneurs. Il fut conduit sur la place municipale, où on
lui montra la statue de Verres produite en série que les citoyens avaient dû
acheter et qui gisait maintenant à terre, fracassée. Cicéron prononça un bref
discours sur la justice romaine. On lui installa un siège et il écouta les
plaintes des habitants. Il choisissait alors les plus spectaculaires et les
plus faciles à prouver – à Tyndaris, ce fut l’histoire de Sopater,
qui fut attaché, nu, sur une statue, jusqu’à ce que la ville cède à Verres un
bronze de Mercure – et moi-même ou l’un de mes deux assistants
entrions alors en lice pour prendre les dépositions en présence de témoins et
les faire signer.
    Après Tyndaris, nous nous rendîmes à Therme, la ville de
Sthenius, où nous rencontrâmes sa femme dans sa maison vide. Elle pleura quand
Cicéron lui remit des lettres de son mari exilé. Puis nous terminâmes la
semaine dans le port fortifié de Lilybée, à l’extrémité occidentale de l’île.
Cicéron connaissait bien cet endroit car c’est là qu’il avait siégé durant sa
questure. Nous séjournâmes, comme souvent par le passé, chez son vieil ami
Pamphilius. Au dîner, le premier soir, Cicéron remarqua qu’il manquait sur la
table de son hôte les décorations habituelles – une carafe et des
coupes superbes provenant d’un héritage familial –, et lorsqu’il demanda
ce qu’elles étaient devenues, on lui répondit que c’était Verres qui s’en était
emparé. Il s’avéra bientôt que tous les autres invités présents dans la salle à
manger avaient des histoires similaires à raconter. Le jeune Gaius Cacurius
avait été contraint de céder tous ses meubles, et Lutatius une table en
citronnier à laquelle Cicéron avait régulièrement dîné. Lyso s’était fait voler
sa précieuse statue d’Apollon, et Diodorus un ensemble de coupes d’argent
ciselées par Mentor.
    La liste était infinie, et je suis bien placé pour le savoir
puisque c’est à moi qu’il revenait de l’établir. Après avoir pris les
dépositions de chacun d’eux et, par la suite, celles de leurs amis, je
commençai à penser que Cicéron perdait peut-être un peu la tête – projetait-il
de recenser tous les pots à crème et cuillers volés sur l’île ? – mais,
bien entendu, il se révéla bien plus malin que ça, comme les événements
allaient le démontrer.
    Nous reprîmes notre chemin quelques jours plus tard,
cahotant sur les chemins mal entretenus qui reliaient Lilybée à la ville-temple
d’Agrigente, puis vers le cœur montagneux de l’île. L’hiver était d’une rigueur
inhabituelle, le ciel et la terre paraissaient de plomb. Cicéron attrapa froid
et resta, enveloppé dans son manteau, au fond du chariot. À Enna, ville
construite à fleur de falaises et entourée de lacs et de forêts, les prêtres
ululants sortirent tous pour nous accueillir, vêtus de leur robe élaborée et
portant leurs rameaux sacrés, puis nous conduisirent au temple de Cérès, que
Verres avait dépouillé de sa statue de la déesse. Et là, pour la première fois,
notre escorte fut impliquée dans une échauffourée avec les licteurs du nouveau
gouverneur, Lucius Metellus. Ces brutes armées de leur faisceau se tenaient d’un
côté de la place du marché et hurlaient des menaces de châtiments terribles à
tous ceux qui oseraient témoigner contre Verres. Cicéron parvint néanmoins à
convaincre trois citoyens éminents d’Enna – Theodorus, Numenius et
Nicasio – d’entreprendre le voyage à Rome pour apporter leurs
preuves.
    Nous finîmes par prendre la direction du sud-est pour
retrouver la mer et arrivâmes dans les plaines fertiles qui s’étendent au pied
de l’Etna. Cette terre appartenait à l’État et était administrée pour le compte
du Trésor public romain par une société de collection d’impôts qui louait les
parcelles à des fermiers. La première fois que Cicéron était venu sur l’île,
les plaines de Leontini constituaient le grenier de Rome. Mais nous cheminions
à présent parmi des fermes désertes et des champs gris, abandonnés, ponctués de
colonnes de fumée brune signalant les endroits où vivaient les anciens fermiers
désormais sans abri. Verres et ses amis de la collecte des impôts

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