Inaccessible Étoile
soyons que des artisans. Seuls, les intimes savent, encore ne connaissent-ils que nos prénoms généralement. Les amateurs et les demi-sel, comme nous les appelons, petits jeunes sortis de banlieue, casseurs de mobiliers ou cambrioleurs d’ouvriers ou de petits employés, pullulent déjà.
Le milieu n’est déjà plus ce qu’il à été vingt ans plus tôt, par exemple, nous ne prenons jamais d’armes chargées lorsque nous allons sur un chantier, car étant pris, ce qui pouvait arriver à chaque fois, la peine serait moindre que si nous avions eu la tentation de tirer.
Cela dit, préparant nos chantiers suffisamment à l’avance, nous n’aurons jamais de problèmes avec un propriétaire ou un gardien.
Pour moi, faire un chantier reste chose exceptionnelle quand même assez pour ne pas être trop repéré et avoir de problèmes avec la police ou la gendarmerie. Ils m’ont à l’oeil, je le sais, plusieurs collègues seront questionnés, lors de gardes à vue, sur le fameux « Viking », mais chez nous, on ne parle pas, aucun ne me balance, ou en tout cas je n’en ai pas le retour.
Je serai plusieurs fois arrêté et mis en garde à vue moi-même, mais sans preuves et sans aveux, je suis libéré au terme de ces mises en examen.
Puis, l’équipe que nous formons commence à opérer à l’étranger, tant en Angleterre qu’en Espagne, en Suisse ou à Monaco, là je ne peux les suivre la plupart du temps, et les perd de vue.
Quelques mois plus tard, croisant un des membres de cette équipe, j’apprends que la plupart sont en prison, d’autres en cavale, ils ont été balancés, probablement par le dévastateur que nous avons viré de l’équipe quelques temps plus tôt (l’oeuf de Fabergé et le meuble Boule).
Un membre de notre équipe, Jean-Charles, fera la une des journaux lorsque son épouse, Martine, le fera évader de prison en hélicoptère, avant que Jean-Charles (Jeannot, le merlan) ne soit abattu par la police.
Finalement, je ne suis pas mécontent que la vie me mène sur une autre voie.
Malika
À bien y regarder, tous mes amis, relations autour de moi, sont des voyous, susceptibles d’aller très prochainement en prison. Pour certains d’ailleurs, ce ne sera pas la première fois, notamment Jean-Charles W, renommé pour ses cambriolages de châteaux, notoire en tout cas pour la brigade du grand banditisme.
Je fréquente des bars où l’honnête travailleur n’a pas ses entrées et je ne fais plus partie des visages inconnus dans le milieu, tout au moins dans celui des artisans du mitan.
Je ne parle pas du nombre de mes gardes à vue à la police, sans jamais être condamné cependant, sinon une fois ou deux à du sursis.
Bref, je suis dans un virage de ma vie.
Dans ma vie privée, j’ai l’impression que tout ce que je touche se brise entre mes mains.
Tous ceux que j’aime finissent par me fuir ou disparaître. Je finis par avoir peur de m’attacher, je désespère dans l’avenir d’une vie de famille pour moi, me demande même pourquoi je suis né !
Je suis un bon à rien, capable de rien de bon, et je n’arrive pas à lutter contre ma nature immorale, libertine, anarchique.
Bien sûr, ce n’est pas l’avis de mes compagnons de chantiers, même parfois de grands, tel ce caïd qui me promet un bel avenir un soir au bar du Viking au vu de mon sang-froid et de mon flegme sur un chantier, au vu de ma mentalité, de mon oeil exercé à repérer les flics en civil dans la rue ou en planque. Il ignore que c’est parce que je m’en fous un peu d’aller en taule, de me faire flinguer, mais que je me sens responsable de mes collaborateurs de chantiers, et surtout de mes attitudes que je dois garder vierges vis-à-vis de la mentalité des anciens voyous.
Pour ce qui est du travail comme garçon de bar, je suis plutôt du genre spontané, je fais mon travail, mais il ne faut pas que le patron m'excède trop, sinon le lendemain il ne me revoit pas.
Parfois, rarement mais c’est arrivé, si la nuit à été trop longue, ou parce que je suis sorti et rentré trop tard parce j’étais sur un chantier, je ne vais purement et simplement pas travailler, me contente de faire la grasse matinée.
M’enfoutiste, du travail, mais pas au travail, nuance, je sais que j’aurai toujours du travail, car je suis rapide et efficace dans la pratique, au pire, j’ai les chantiers pour vivre aisément pécuniairement. Une place quittée aujourd’hui, deux autres m’attendent le lendemain.
En effet,
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