Inaccessible Étoile
filles c'est plus facile quand, de l'oseille, on en a avec une réputation de voyou.
C'est fou le nombre de femmes, de filles qui aiment les voyous.
La vie est plus facile (en apparence seulement) quand on se balade avec un calibre en poche. C'est le goût pour l'adrénaline qui monte, celui de l'aventure. Le milieu est en réalité bien loin de l'image du bandit romantique que l'on veut parfois faire passer. Le milieu est un monde cruel et qui ne permet pas d'être sentimental !
La bande à Bonnot a longtemps fait rêver. Bonnot était pourtant un tueur de femmes et d'enfants, pour ne citer que cet exemple.
Le milieu est un monde de loups peuplé de tueurs ou de futurs tueurs potentiels.
Rare sont ceux qui arrivent en fin de carrière (quand ils y arrivent vivants) sans avoir du sang sur les mains. Les bandits, voyous romantiques, sentimentaux, il faut bien le savoir, ça n'existe pas ou ça ne fait pas long feu dans le milieu !
Avec les femmes c'est autre chose pour moi.
Je suis le garçon qui ne dit jamais non, et cela me vaut parfois quelques troubles avec des maris peu compréhensifs.
Je gâche mon adolescence comme on noie son mal-être dans l’alcool, mais comme je ne suis pas un buveur…
Cela me vaut aussi quelques troubles avec des pères pas plus compréhensifs vis-à-vis de la virginité de leur fille adorée. Cela dit tout se termine toujours bien, principalement parce que je porte toujours un P38 sur moi, bien que je n’ai jamais l’occasion de m’en servir, il me suffit de le sortir pour calmer les ardeurs de maris ou de pères jaloux.
Malheureusement Laurent, mon oncle, me le confisque un jour que je l’ai sorti, en sa présence, face à un de ces maris qui m’a relancé jusqu’au bas de l’immeuble. Je ne sais pas ce que Laurent lui raconte, mais je suis débarrassé de ce mari-là en même temps que de mon P38.
Ainsi est mon adolescence, entre filles faciles et truands.
Argent que je gagne difficilement dans les bars brasseries en faisant des quinze, seize heures de travail, parfois plus facilement grâce à mes relations du Viking.
En effet, je dois bien reconnaître que plus d’une fois on me propose de participer à des affaires pas trop nettes, que je ne refuse pas systématiquement.
Toutefois, question de mentalité et d’éducation dans la « voyoucratie », je ne veux pas partir sur un chantier, comme on appelle ça, avec n’importe qui, ni sur n’importe quoi. Je ne veux travailler ni avec des ravageurs qui saccagent tout dans les maisons, ni sur des habitations d’ouvriers ou d’employés, j’aurais trop l’impression de m’attaquer à mes propres parents, pas très aisés, loin de là. Les professionnels qui s’efforcent de cambrioler avec le minimum de casse, au niveau mobilier notamment, et s’attaquent principalement à des maisons de maître ou des villas ont ma préférence. Il y a aussi, dans mes relations, un spécialiste des châteaux.
La majorité avec qui j’ai l’occasion de faire des chantiers travaillent souvent sur commande d’un receleur, spécialisé en antiquité et en tableaux.
Il y a ainsi une petite équipe avec qui je travaille régulièrement et qui opère particulièrement dans la vallée de Chevreuse et dans Paris. Ils ont leurs receleurs attitrés, des antiquaires internationaux principalement.
Comme je l’ai dit, je ne travaille pas avec n’importe qui, il y a bien trop d’amateurs qui n’ont aucun respect pour le mobilier, fut-il signé, ou quand ils sont pris, se balancent les uns les autres à la première gifle des flics.
Moi j’aime et j’admire les beaux meubles massifs, les belles choses, les belles tapisseries murales et autres objets précieux. Ainsi, j’engueule sévèrement, un soir, un olibrius avec qui je suis sur un chantier parce que celui-ci balance à terre un oeuf de Fabergé comme si c’était une quincaille de la solderie du coin.
Une autre fois, il veut fracturer un meuble signé Boule avec un pied de biche, nous le virons de l’équipe avec perte et fracas et depuis lors n’ai plus retravaillé avec lui, ni moi ni personne de notre équipe, il était tricard.
Parmi notre petite bande de relations, on ne se connaît que par sobriquet, le mien, je l’ai déjà raconté, étant « Le Viking ». Les amis, les vrais, de confiance, eux, m’appellent « Vik ».
Nul ne connaît le vrai nom, ou le vrai prénom des autres, c’est rare, prudence oblige, et on ne l’est jamais assez dans le milieu, bien que nous n’y
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