Inaccessible Étoile
me l’avait avoué aussitôt, j’aurai alors tout quitté pour la rejoindre et assumer mon rôle de père et l’épouser, mais ça n’aurait pas marché, nous étions l’un et l’autre encore immatures et de toutes façons elle voulait faire un bébé toute seule. Lorsqu'Amina me l’apprit, j’étais à l’armée et Amina loin, très loin de ce que nous avions été ensemble.
Et puis il y eut Malika.
Plus tard Amina épousera un pasteur américain qui reconnaîtra Madison, celui-ci ayant été mis au courant de notre histoire par Amina elle-même. Madison pensait que le pasteur était son père. C’était mieux ainsi.
Étrange destin qui fait que deux des femmes que j’ai aimées ont fini par épouser des pasteurs.
Il y a ensuite, pour moi, dans l’année qui suit, des filles de passages, des aventures multiples, presque exclusivement africaines ou antillaises à cause des relations que nous avons tissées avec Amina dans son milieu de vie, mais rien de durable.
Et puis il y a le réseau. Le réseau, système découvert pendant la guerre 39-45, servait à la résistance pour communiquer, il aura une tout autre utilité dans les années 80.
L'utilisation du réseau consiste à appeler un numéro de téléphone qui ne correspond pas à un abonné, il y a donc le disque Il n'y a pas d’abonné au numéro que vous demandez.
La particularité du réseau, c'est que l'on peut parler à plusieurs, par-dessus le disque et communiquer, l'ancêtre du Minitel, mais vocal.
Nous faisons des connaissances par téléphone, et il faut bien l'avouer, la drague est le but numéro un.
Place de la Bourse, à Paris, il y a un café, L’interlude ou nous nous rencontrons le jeudi soir pour faire connaissance de visu, boire un verre pour ensuite partir en groupe au restaurant, en boîte, partageant les frais entre tous.
Lorsque j'y vais, il m'arrive rarement de rentrer coucher seul, pour ainsi dire jamais, car chacun vient là plus ou moins pour ça, les garçons, mais les filles aussi.
Nous avons sur le réseau des pseudonymes, le mien étant « Fairbanks » rapport à l'acteur du muet, Douglas Fairbanks, et le film avec Patrick Dewaere F comme Fairbanks de Maurice Dugowson.
Des centaines de gens de toute la France se rencontrent ainsi, des couples se forment aussi parfois au-delà du mariage.
Je raconte cette partie de ma vie, car c'est ainsi, que quelques années plus tard, je rencontrerai ma première épouse. Il faut dire aussi que j'ai pratiqué le réseau pendant près de cinq ans, et connu de quasiment tous ceux qui fréquentaient le café le jeudi. L'inter comme on l'appelait. Plus tard lorsque les centraux téléphoniques furent informatisés, le réseau disparut, les connectés ne pouvant plus parler par-dessus le disque, et de plus le Minitel faisant son apparition avec ses messageries roses, plus tard encore, Internet.
Ma vie continue, rue Saint-Honoré. Je sors souvent le soir, quant au travail, je fais souvent des extras, des remplacements dans des bars-brasseries, toujours dans le service au bar.
Retourne au Viking, rue Germain Pilon, à Pigalle retrouver les amis.
On commence d’ailleurs à m’appeler « Le Viking », moi-même, à cause de ma blondeur et de mes moustaches que je laisse pousser et descendre sur le côté de mes lèvres à la gauloise.
Je fréquente plus assidûment les gens du milieu, je commence même à rendre des services sous ce surnom, à servir de coursier pour des gars en cavale, en planque, recherché avidement par la police française et qui ne doivent pas trop mettre leurs nez dehors.
Mon adolescence se passe entre le travail, la valse des filles, des aventures, ce qui n’est pas toujours évident vu que je n’ai pas de chambre à moi, et le milieu dans lequel je commence à entrer par la petite porte.
En même temps, je commence à prendre conscience d’un vide dans ma vie sans but, sans espoir, sans lendemain. Je m'étourdis à ma façon, m’enivrant de filles, de femmes.
Je commence à prendre goût à la nuit, au milieu, à l'argent qui peut être gagné facilement, à les voir flamber ainsi leur oseille gagné en quelques heures à peine, sans trop se fatiguer.
C'est un choix de vie dont il faut aussi assumer les risques comme de passer des années en prison, et ce risque, heureusement, je ne suis pas encore prêt à le prendre complètement, même si je suis en train de basculer tout doucement.
Parce que le monde de la nuit, c'est d'autant plus fascinant que les
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