Indomptable
qu’elle
était responsable du peuple appartenant au château d’une
façon qui allait bien plus loin que les tâches normales de
l’épouse d’un seigneur.
— Savoir que les gens souffrent alors que je pourrais les
soulager, répondit Meg de façon hésitante, qu’ils sont
malades alors que je pourrais les guérir, qu’ils meurent
alors que j’aurais pu les aider à vivre…
Meg lutta contre la douleur qui lui serrait la gorge alors
qu’elle scrutait le visage de Dominic pour y déceler la
moindre trace de ses pensées. Mais il n’y en avait pas. Son
expression était pareille à sa voix : disciplinée, implacable,
presque inhumaine par son manque d’émotion.
323
ELIZABETH LOWELL
— Quelle que soit la punition que vous m’infligerez
pour avoir brisé ma promesse, murmura Meg, elle ne pour-
rait être pire que savoir qu’une personne appartenant à mon
peuple est morte alors que j’aurais pu la sauver.
Les mains de Dominic se refermèrent sur celles de Meg,
interrompant ses mouvements apaisants sur ses tempes.
— Vous avez brisé la promesse que vous m’aviez faite,
dit-il.
— Oui, admit Meg en fermant les yeux.
— Vous le referez si votre peuple a besoin de vous.
— Oui, murmura-t-elle. Je suis désolée, cher époux. Je
peux vous obéir pour beaucoup de choses, mais pas dans
ce cas-là.
— Et vous êtes prête à accepter n’importe quelle puni-
tion que je trouverais adéquate.
Elle prit une profonde inspiration et dit :
— Oui. Mais ne m’enfermez pas véritablement. Je ne
pourrais pas le supporter.
— Les gens du château ne l’accepteraient pas non plus,
dit Dominic. N’est-ce pas ?
Avec hésitation, Meg répondit :
— Oui.
— Vous êtes vraiment une épée à double tranchant,
chère épouse.
— Ce n’est pas mon intention. Je suis simplement… ce
que je suis.
— Une Druide de la Vallée.
— Oui.
Au bout d’un moment, Dominic demanda :
— Comment êtes-vous arrivée à sortir du château ?
324
INDOMPTABLE
Meg ne répondit pas. Elle n’ouvrit pas les yeux non plus.
Elle n’avait pas envie de se confronter à la froide colère de
son époux.
Le silence régna si longtemps que Meg risqua finale-
ment un regard vers son époux. Il l’observait, la scrutant
véritablement, ce qui l’aurait fait frissonner auparavant.
Maintenant qu’elle savait pourquoi il était ainsi, elle ressen-
tait la même compassion que pour les gens du château de
Blackthorne, emprisonnés dans une vie qu’ils avaient rare-
ment choisie.
— Vous êtes une femme très courageuse, dit froidement
Dominic. Mais pourtant, vous vous protégez tellement. Si la
moindre chose vous déplaît, vous brandissez simplement
votre « peuple » au-dessus de ma tête comme une épée de
Damoclès.
— Ce n’est pas vrai ! répondit Meg passionnément. J’ai
détesté être enfermée sans pouvoir voir le soleil comme
un faucon récemment arrivé dans les fauconneries, cepen-
dant je n’ai pas crié mon mécontentement aux fenêtres. J’ai
détesté être un tremplin pour les ambitions des hommes,
pourtant je n’ai rien dit aux gens de Blackthorne lorsque le
roi a ordonné mon mariage. Même lorsque John me battait,
je ne disais rien !
— Pourtant, les gens le savaient.
Elle hésita, puis acquiesça puisque c’était la vérité.
— Tout comme je sais qu’ils souffrent, dit simplement
Meg. Nous sommes… unis.
Dominic laissa le silence s’étirer pendant qu’il analysait
son épouse Druide de la Vallée qui continuait à le surprendre
avec un mélange de vulnérabilité et d’intransigeance.
325
ELIZABETH LOWELL
— Apparemment, il y a un passage secret dans ce châ-
teau, dit-il finalement. Vous me le montrerez, et uniquement
à moi.
Meg ne voulait pas révéler son chemin secret pour sortir
du château, néanmoins Dominic, en tant que seigneur, avait
le droit de savoir où se trouvait le passage secret.
— Oui, dit-elle tout bas.
Le coin de la bouche de Dominic se releva.
— Était-ce si pénible que cela, petit faucon ?
— Quoi ?
— Me donner ce qui est de mon droit en tant que sei-
gneur du château.
— Vous me faites passer pour une personne froide et
égoïste.
— Non. Juste indomptable.
Le pâle sourire de Meg surprit Dominic.
— Indomptable ? demanda-t-elle. Est-ce comme cela
que vous me voyez ?
— Pourrais-je vous voir différemment ? Vous n’obéissez
à personne, pas même à votre
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