Indomptable
qu’il
détruisait…
La voix de Simon s’évanouit, puis revint.
313
ELIZABETH LOWELL
— Ce qu’il détruisait gisait inutile de manière à ce que
cela ne puisse plus être reconstruit.
Meg caressa des lèvres la paume de Dominic.
— Il est dorénavant d’une froideur perturbante, pour-
suivit Simon. Peu importe la façon dont il sera provoqué, il
montrera de la clémence envers une personne intelligente,
car c’est une sage réaction. Aux idiots, il montrera unique-
ment la lame aiguisée de son épée, peu importe si l’offense
est mineure.
Silencieusement, Meg embrassa à nouveau la paume de
Dominic et se demanda s’il la considérerait comme une per-
sonne sage ou idiote après qu’elle eut brisé la promesse
qu’elle lui avait faite de rester dans ses appartements.
— Lorsque Dominic quitta les terres vides qui avaient
jadis constitué le domaine du sultan, dit Simon, il a fait le
serment qu’il aurait son propre domaine dans les terres les
plus reculées du monde civilisé, loin des ambitions des rois,
des papes et des sultans. Qu’il gèrerait son domaine avec
une telle attention qu’il n’y règnerait ni la famine ni l’indi-
gence. Ensuite, Dominic a fait le serment de prendre une
noble épouse et d’engendrer des fils robustes qui eux-mêmes
élèveraient des fils robustes.
— De cette manière, une partie de ses réussites vivrait
éternellement ? demanda Meg.
Simon secoua la tête.
— Dominic a appris que la paix est uniquement pos-
sible pour les puissants. Pour les faibles, la paix n’est rien si
ce n’est un rêve cruel, et il n’aurait plus de rêves cruels.
« Des terres, une noble épouse, des fils… et la paix.
Surtout la paix. »
314
INDOMPTABLE
La litanie des désirs de Dominic résonna dans l’esprit
de Meg tandis qu’elle observait les rides que la douleur avait
creusées sur le visage de son époux. En silence, elle s’em-
porta contre la malveillance des circonstances et des gens,
contre l’ironie du mariage de Dominic à une Druide de la
Vallée et ressentit une douleur pareille à un couteau
remuant dans son cœur.
« Vous avez gagné la paix, des terres, une noble épouse…
De toutes les femmes sur terre, pourquoi est-ce moi que
Dieu vous a envoyée ? »
— Lui donnerez-vous des fils ? demanda Simon.
L’unique réponse de Meg fut le flot silencieux de ses
larmes. Elle tenait la paume de Dominic pressée contre sa
joue lorsqu’il se remit à parler, replongeant dans l’enfer soi-
gneusement forgé du sultan.
Pendant un long moment, elle écouta le cauchemar de
Dominic ainsi que son rêve de paix alors qu’il délirait. Les
cris de douleur qui n’auraient jamais franchi ses lèvres s’il
avait été éveillé, lui déchirèrent le cœur.
Regarder Dominic et écouter les échos de son agonie
passée apprirent à Meg que le guerrier normand qui avait
émergé du brouillard au-delà des murs du château de
Blackthorne n’était pas la force froide et invincible comme
elle l’avait cru. C’était un homme qui avait été brutalement
écorché par la vie. Elle versait des larmes pour lui et pour le
destin qui l’avait lié à une femme qui ne pouvait lui offrir
le rêve qu’il avait si durement mérité.
Finalement, Dominic se tut. Lentement, sa respiration se
fit plus profonde, et son corps se relâcha.
— Est-ce qu’il va bien ? demanda Simon.
315
ELIZABETH LOWELL
— Oui. Il dort, à présent. Il dort réellement.
Simon observa la tension quitter les traits de Meg de la
même façon que sur le visage de Dominic lorsqu’il s’était
endormi. En récitant une prière de remerciement à voix
basse, Simon repoussa les cheveux noirs de Dominic de son
front. Ce geste en disait long sur l’affection qui existait entre
les deux frères, un lien qui était bien plus profond que la
fatalité d’avoir le même père.
— C’est tellement étrange, murmura Meg.
— Quoi donc ?
— Duncan a touché John de la même manière, dit-elle
sans réfléchir.
La douceur qu’avait montrée Simon s’évanouit.
— Duncan, dit Simon d’une voix basse et féroce. Je lui
arracherai le cœur pour ceci.
Meg prit une rapide inspiration.
— Pourquoi ?
— Avoir empoisonné mon frère.
— Duncan ne se trouvait pas à proximité !
— Ses sous-fifres l’étaient.
— Les mercenaires sont partis.
— Qu’ils aillent en enfer, dit froidement Simon. Je parle
des espions de Duncan
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