Indomptable
comme elle venait de le faire, la tête, la
poitrine et les ailes, avec des gestes à la fois doux et assurés.
Sans empressement, comme s’il ne devait satisfaire à aucune
autre demande à part celle de réconforter le splendide
faucon en captivité, il le caressa et émit le sifflement de la
mélodie à cinq notes de Meg.
Fascinée, Meg observait. Lorsque l’oiseau commença à
s’agiter face au souffle d’une respiration étrangère, Dominic
ne montra aucun signe d’impatience. De longues minutes
s’écoulèrent tandis qu’il recommençait encore et encore le
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INDOMPTABLE
rituel, touchant le faucon comme Meg l’avait fait. Petit à
petit, l’oiseau se calma et accepta Dominic.
C’est seulement à ce moment-là que Dominic se mit à
parler au faucon, faisant l’éloge de son bec fin et du fier port
de sa tête. Les clochettes cliquetèrent tandis que l’oiseau
bougeait nerveusement, non accoutumé à entendre la voix
de Dominic. Une nouvelle fois, il ne montra aucun signe
d’impatience. Il recommença simplement tout depuis le
début, répétant le rituel réconfortant jusqu’à ce que le faucon
accepte son toucher, sa voix, son souffle sur lui.
Meg relâcha sa respiration alors qu’elle n’avait pas eu
conscience de retenir son souffle. Souriant de plaisir, elle
observa Dominic terminer de cajoler le faucon. Il avait un
bon toucher, à la fois léger et ferme. Même lorsqu’il tourna
l’oiseau vers la lumière, il se laissa faire sans s’agiter.
— Vous êtes très doux avec elle, dit doucement Meg.
— Les faucons réagissent mieux à la douceur.
— Et s’ils réagissaient mieux à la morsure ?
— Je les mordrais, murmura-t-il d’un air détaché.
Le silence régna tandis que Meg mesurait à nouveau la
consternante étendue de son sang-froid. Si elle n’avait pas
ressenti la souffrance si profondément enfouie en lui, elle
l’aurait jugé comme quelqu’un de complètement froid.
— Encore une fois, Meg, chuchota Dominic. Laissez-moi
voir comment vos mains la caressent.
Mais cette fois, ce n’était pas le faucon sur son poignet
que Dominic observait. C’étaient les mains gracieuses de
Meg, ses lèvres légèrement entrouvertes et sa poitrine se
soulevant sous son manteau ouvert. Ses narines frémirent
légèrement lorsqu’il perçut le parfum d’épices qui émanait
du corps de Meg telle la chaleur de la flamme d’une bougie.
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ELIZABETH LOWELL
Le désir monta puissamment, mettant Dominic mal à
l’aise. Un guerrier qui ne se maîtrisait pas complètement
commettait des erreurs. Des erreurs fatales.
Avec une aisance due à une longue expérience, il réfréna
son impatience de mettre la paysanne dans son lit. Il ne
pouvait maîtriser la dure réponse de son corps, cependant
il pouvait maîtriser ce qu’il ferait de cette excitation.
— La captivité vaut peut-être la chance d’être cajolé de
cette façon, dit Dominic au bout d’un moment. Caressez-
vous vos amants avec votre souffle et vos doigts, Meg ?
Ébahie, elle se tourna vers lui. Il était très proche et il la
regardait avec l’intensité d’un faucon. Dans la pénombre de
la fauconnerie, ses yeux étincelaient comme du mercure.
— Je… je ne connais pas ces choses-là.
— Est-ce que votre mari est si peu généreux, dans ce
cas ?
— Je ne suis pas mariée.
— Excellent, dit Dominic, soufflant légèrement sur le
faucon pèlerin. Je répugnerais à rompre ce qui a été uni avec
la bénédiction de Dieu, étant donné que je vous veux pour
maîtresse. Avez-vous un père ou un oncle pour recevoir
votre récompense ?
Le dos bien droit, le menton levé, Meg répondit
froidement :
— Vous dépassez les limites, seigneur.
L’indignation qui perçait clairement dans sa voix amusa
Dominic.
— Comment ça ? demanda-t-il.
— Vous allez vous marier demain !
— Ah, ça.
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INDOMPTABLE
Dominic se tourna assez longtemps pour replacer le
faucon sur son perchoir.
— Le mariage est pour les terres et les héritiers, dit-il.
Sans prévenir, Dominic se retourna et attira Meg contre
son corps, testant sa réponse à une approche directe.
Lorsqu’il pencha la tête pour l’embrasser, il sentit son refus
par la rigidité de son corps, il le vit aussi dans l’éclat féroce
de ses yeux. La jeune paysanne était aussi fière et distante
qu’un faucon pèlerin. Tel un oiseau de chasse, elle devrait
être attrapée avec de la
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