Indomptable
perturbée que le temps. Le corps qu’elle
avait cru si bien connaître s’était avéré être une chose
qu’elle ne connaissait pas du tout. Quand elle entendait le
son de la voix de Dominic au loin, son cœur se mettait à
battre la chamade. Le voir entrer dans une pièce lui coupait
le souffle. Un simple effleurement de sa main lui procu-
rait des frissons de plaisir. Se souvenir de la façon dont il
l’avait caressée dans la salle de bain, faisait irradier une
chaleur humide en elle.
La seule satisfaction de Meg — et elle était dérisoire —
était que Dominic lui-même semblait être perturbé. Elle le
suspectait de ne plus faire confiance à son formidable sang-
froid lorsqu’il s’agissait d’elle.
— Avez-vous déjà saigné ?
— Non.
— Dites-moi lorsque ce sera le cas, petit faucon. Nous vole-
rons ensemble — mais pas avant.
La décision de Dominic la mettait en colère. C’était déjà
assez difficile qu’il puisse penser qu’elle portait peut-être
le bâtard de Duncan, mais c’était vraiment insupportable
d’être uniquement désirée pour le fruit de ses entrailles
plutôt que pour son rire, sa compagnie, sa chaleur, son
ELIZABETH LOWELL
esprit, ses silences et ses espoirs. Elle avait tellement plus à
partager avec Dominic qu’un futur héritier.
Même si Meg rêvait d’être capable de séduire Dominic
malgré sa droiture, elle redoutait d’en payer le prix si elle
venait à tomber enceinte rapidement et qu’elle n’était pas
capable de convaincre Dominic que le bébé était le sien.
Il ne l’aimait pas.
Les rumeurs n’encourageaient pas non plus la confiance.
La campagne grouillait de commérages à propos de Duncan
et Lady Margaret, des amants destinés l’un à l’autre, mais
séparés par un cruel maître normand. Peu importe la force
avec laquelle Meg niait toute liaison avec Duncan face à
toute personne qu’elle rencontrait, peu importe la façon
dont elle vantait les mérites de son époux normand, la
rumeur persistait.
Meg priait pour que Dominic n’ait pas entendu les com-
mérages, même si elle savait que ce devait être le cas. Peu de
ce qui se passait dans le château de Blackthorne et aux alen-
tours lui échappait. Les domestiques pouvaient témoigner
de son œil vif. Le château brillait à la suite de son nettoyage
récent. À chaque étage, on pouvait sentir l’odeur des joncs
et des herbes fraîchement plantées. Les épices qu’il avait
ramenées d’Orient parfumaient l’air autour de la cuisine.
Grâce à celles-ci, la fin des réserves de l’hiver avait l’odeur
d’un festin.
Mais c’était le contenu des coffres au trésor qui fasci-
nait la plupart des hommes. Chaque fois que Meg faisait
son apparition avec des clochettes en or qui tintaient et des
pierres précieuses étincelantes dans les cheveux, tous ceux
qui pouvaient l’entendre approcher interrompaient ce qu’ils
364
INDOMPTABLE
étaient en train de faire et la regardaient avec de grands
yeux.
Avec un mélange de plaisir et de frustration, Meg obser-
vait le dernier cadeau que Dominic lui avait fait. Il s’agissait
d’une extraordinaire broche en or sertie d’émeraudes dont
les courbes élaborées faisaient, d’une certaine manière,
penser à un faucon planant au vent. Plus grande que
sa main, sertie d’innombrables émeraudes parfaites, la
broche fermait un manteau de laine écarlate dont les
motifs floraux étaient brodés à l’aide de coûteux fils d’or.
Des petites clochettes dorées avaient été cousues dans les
motifs. Lorsqu’elle marchait, se tournait ou lorsqu’elle s’as-
seyait, une musique délicate accompagnait chacun de ses
mouvements.
« Petit faucon aux yeux émeraude et aux jets en or. Portez
ceci et pensez à moi, à guérir le pays.
» Aux fils. »
— Maîtresse ? l’appela Eadith. Où êtes-vous ?
Surprise, Meg se retourna. Les clochettes frémirent et
tintèrent, marquant son geste soudain.
— Dans la chapelle, répondit Meg.
Elle se leva au moment où Eadith entrait dans la petite
pièce qui occupait le troisième étage d’une tour d’angle.
— Qu’y a-t-il ? demanda Meg.
— Votre seigneur aimerait savoir s’il vous plairait de
l’accompagner à la chasse.
— Oui ! Quand ?
— Après le dîner.
Meg observa dans l’angle le soleil rayonner dans la
chapelle. Presque midi. Il lui restait peu de temps pour
se changer.
365
ELIZABETH
Weitere Kostenlose Bücher