Indomptable
LOWELL
— Vite, dans ce cas, dit Meg.
Dans un tourbillon de musique dorée, Meg monta à
toute vitesse l’escalier en spirale qui menait à ses apparte-
ments, suivie par une Eadith qui ronchonnait. Mais qu’elle
se plaigne ou non, les doigts de la servante s’attelèrent rapi-
dement à la tâche. Avant que n’aient sonné les cloches
annonçant midi, Meg était assise dans la grande salle
entourée de chevaliers dont les faucons attendaient sur des
perchoirs le long du mur derrière les chaises des chevaliers.
Le perchoir derrière la chaise de Dominic était vide.
— Monsieur a-t-il décidé de ne pas amener son faucon
pèlerin à table ? demanda Meg à Simon qui était assis à
gauche de la chaise vide que Dominic allait occuper.
— Non. Il fallait changer quelque chose à propos des
jets. Il sera bientôt là.
— Est-elle calme ? continua Meg.
— Oui, répondit Simon avec une satisfaction visible.
Fatima se promène sur le poignet de son maître avec beau-
coup d’assurance. Elle est une reine parmi les faucons pèle-
rins. Avant la fin de l’été, elle ramènera beaucoup de canards
dodus jusqu’à nos assiettes.
Un grognement monta de sous la table, suivi d’une
rafale de jappements.
— Baron ! tempêta Meg, ne prenant pas la peine de
regarder. Arrête d’embêter Leaper.
La tête d’un lévrier apparut à côté de la cuisse de Meg.
Baron lui lança un regard triste. Elle lui caressa les oreilles
d’un air absent.
Simon la fixa.
— Si je le réprimandais ainsi, il m’attraperait la main.
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INDOMPTABLE
— Baron ? Non, c’est une gentille bête lorsqu’elle n’est
pas à la chasse.
Simon répondit simplement par un rire tout en secouant
la tête.
Un sentiment d’imminence envahit Meg, lui faisant
comprendre que son époux se trouvait à proximité. Elle se
détourna de Simon pour regarder l’entrée de la grande salle.
Un instant plus tard, Dominic apparut.
Malgré la promesse d’une journée ensoleillée, Dominic
portait son lourd manteau noir. Sur son poignet se tenait le
grand faucon. Lorsqu’il traversa un rayon de soleil, la cou-
leur subtile gris et crème des ailes de Fatima brilla du même
éclat que celui de l’acier et d’une perle.
Le faucon pèlerin était conscient de son rang. La certi-
tude de son caractère vaillant se voyait dans chaque courbe
de son corps. Son regard sombre, vif et pénétrant abrégea et
chassa le joyeux chaos du dîner dans la grande salle. Avec
l’immobilité retenue d’un prédateur extrêmement patient, le
faucon attendait le signal annonçant le début de la chasse.
Des murmures d’admiration et d’excitation émanèrent
des chevaliers au moment où Dominic passa près d’eux avec
le faucon calmement installé sur son poignet. Plusieurs des
autres oiseaux, certains d’entre eux longuement entraînés,
avaient été installés sur leurs perchoirs dans la grande salle
avec un chaperon sur les yeux. Pas le faucon de Dominic.
Ses yeux étaient calmes et avaient la connaissance élémen-
taire de la vie et de la mort.
Et au bout de ses pattes se balançaient de nouveaux jets
parsemés d’émeraudes et de précieuses clochettes en or.
— Bon sang, c’est une beauté, s’exclama Simon.
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ELIZABETH LOWELL
Dominic sourit et plaça son poignet près du perchoir de
Fatima derrière sa chaise. Elle y grimpa sans faire d’his-
toires. Ensuite, elle tourna la tête d’un côté puis de l’autre et
observa la salle à manger comme si elle devait décider si
quelque chose valait la peine d’y prêter son attention de
prédatrice.
— Je plains toute souris assez courageuse pour tra-
verser la salle, fit remarquer Simon.
— Non. Fatima ne se donnerait pas la peine pour une
proie aussi petite, répliqua Dominic.
— Essayez de ne pas la nourrir pendant deux ou trois
jours, rétorqua Meg. Elle attrapera une souris tellement vite
que Black Tom en serait honteux.
Dominic regarda son épouse du coin de l’œil. Il s’était
évertué à ne pas se trouver seul en sa compagnie depuis
qu’il avait failli la faire sienne dans la salle de bain. Rester
loin d’elle n’avait pas été facile ; se souvenir qu’il lui avait
écarté les cuisses et qu’il avait commencé à s’introduire en
elle alors qu’elle était assise sur la table avait la faculté de le
rendre dur, chaud, prêt.
Avec un juron muet, il étouffa ses pensées voluptueuses.
Avant qu’il ne
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