Indomptable

l’aboiement d’un ténébreux chien de
    chasse au clair de lune. Dans le silence qui suivit la dernière
    note sonore, deux destriers furent conduits de chaque côté
    de la prairie. Le corps massif et noir de Crusader était à la
    hauteur du corps puissant et brun de l’étalon de Duncan.
    Sans un mot, le Sabre et le Fléau Écossais se tour nèrent
    et se dirigèrent vers leurs destriers. Les deux hommes mon-
    tèrent sur leur étalon de la même façon, un simple saut
    félin, comme si la cotte de mailles et le heaume, les gants et
    les chausses, l’épée et l’écusson étaient constitués d’un léger
    clair de lune plutôt que de métal épais. Les écuyers leur
    tendirent de longues lances. Chaque chevalier coucha son
    arme, la tenant à la hauteur de la charge à venir.
    Derrière Meg, un enfant cria, un chien grogna et le
    faucon d’un chevalier réclama sa colère ; et dans la gorge de
    Meg, son propre cri de désespoir resta coincé.
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    ELIZABETH LOWELL
    Les deux étalons se cabrèrent et hennirent face à
    l’épreuve, ce qui entraîna des cris d’encouragement des che-
    valiers rassemblés.
    Quelques secondes plus tard, les étalons chargeaient en
    traversant la prairie, envoyant en l’air des morceaux de terre
    et d’herbe. Les sabots imposants grondèrent alors que les
    chevaliers fonçaient l’un vers l’autre, levant leurs boucliers
    et tendant fermement leurs lances.
    Un choc déchirant et le claquement des lances, des bou-
    cliers et des chevaux éclatèrent dans la prairie. Les deux
    étalons vacillèrent, se ressaisirent et galopèrent jusqu’à l’ex-
    trémité de la prairie pour une nouvelle charge. De nouveau,
    le tonnerre gronda. De nouveau, on entendit le choc du
    métal et le bruit sourd de la chair. De nouveau, les étalons
    vacillèrent et se remirent en position pour un nouveau
    passage.
    Et ensuite, de nouveau.
    Et de nouveau.
    — Ce sont des adversaires du même niveau, dit Simon
    d’un air grave. Les étalons ont le même poids à peu de
    choses près et sont bien entraînés. À moins que Duncan ne
    commette une erreur ou qu’une lance ne se brise…
    Le craquement d’une lance qui se fracassait ponctua les
    paroles de Simon. Mais ce n’était pas la lance de Duncan qui
    s’était brisée.
    C’était celle de Dominic. Même s’il parvint à parer la
    force du coup de Duncan avec son bouclier, la soudaine des-
    truction de sa lance désarçonna Dominic. Il se remit rapide-
    ment sur pied et courut vers son étalon, mais le destrier de
    Duncan pivota pour couper la route de Dominic jusqu’à
    Crusader.
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    INDOMPTABLE
    L’étalon de Duncan pivota de nouveau, heurtant
    Dominic avec son épaule, l’envoyant rouler au sol. Au
    moment où Dominic se releva, Duncan chargea encore. Des
    encouragements de la part des mercenaires se mêlèrent aux
    grognements et aux jurons des chevaliers de Blackthorne.
    Observant tout cela avec horreur, Meg entrelaça ses
    doigts et ravala le cri qui lui déchirait la gorge tandis que le
    puissant étalon brun fonçait sur Dominic. La lance de
    Duncan se mit à l’horizontale. Si Dominic se retournait et
    fuyait, il serait piétiné par l’étalon. S’il dégainait son épée
    et tentait de se battre, il serait tué par la lance de Duncan ou
    piétiné sur place.
    — Non !
    Personne n’entendit le terrible cri de Meg, car des cris
    d’encouragement et d’exhortation fusaient de toutes parts.
    Simon maintint Meg à ses côtés avec des doigts durs comme
    le fer, l’empêchant de courir vers le champ de bataille. Elle
    lutta sauvagement, puis s’immobilisa, consciente qu’il n’y
    avait rien qu’elle puisse faire.
    Dominic ne faisait pas le moindre mouvement, comme
    s’il avait décidé d’affronter la mort, la tête haute. Chaque
    chevalier se trouvant dans la prairie s’attendait à ce qu’il
    saute de côté au dernier instant, échappant à la fois à la
    lance et à l’étalon. C’était là une tactique habituelle sur un
    champ de bataille, et cela donnait suffisamment de temps
    au chevalier à terre pour qu’un ami charge à son tour et aide
    ainsi le chevalier en difficulté.
    Cependant, personne ne viendrait en aide à Dominic.
    C’était interdit par la coutume et par la loi. C’était le juge-
    ment de Dieu, et non la vitesse et le nombre de ses amis, qui
    décidait du vainqueur du combat rituel.
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    ELIZABETH LOWELL
    Sans aide, Dominic arriverait à échapper à Duncan pen-
    dant un moment,