Indomptable
Dominic. Vous pouvez partir sains et saufs et ne
jamais revenir sur mes terres. Ou bien vous pouvez accepter
Duncan comme votre seigneur, et à travers lui, moi.
450
c 25
Alors que Dominic et Simon supervisaient le départ des
mercenaires qui avaient choisi de suivre Rufus plutôt
que de rester aux côtés du Fléau Écossais, Gwyn l’Ancienne
et Meg travaillaient dans le bureau du seigneur, soignant
des chevaliers des deux camps qui avaient été blessés
durant la longue journée de jeux. Le bureau avait été trans-
formé en une infirmerie improvisée, puisque la grande salle
avait été préparée pour le festin.
— Aïe ! cria le Fléau Écossais, s’écartant brusquement
des mains de Meg. Cela fait mal !
Duncan avait insisté pour être le dernier à être soigné,
car ses blessures étaient insignifiantes.
— Restez tranquille, rétorqua Meg. Vous ne vous êtes
pratiquement pas autant plaint lorsque l’épée de Dominic
était pointée sur votre cou.
— Je m’attendais à mourir. À quoi cela m’aurait-il servi
de me plaindre ?
Meg lança un regard froid à Duncan. Même si elle
aimait beaucoup le Fléau Écossais, il lui faudrait du temps
avant d’arriver à oublier qu’elle l’avait vu foncer sur Dominic,
prêt à mettre fin au combat d’un coup mortel.
— Penchez la tête en arrière, dit-elle. Je n’arrive pas à
voir votre cou.
— Je n’aime pas voir cette lueur dans vos yeux, Meggie.
J’ai l’impression de présenter ma gorge nue à une louve.
ELIZABETH LOWELL
Elle jeta un regard vers ses yeux noisette dans lesquels
elle vit à la fois de la compréhension et de l’amusement
attristé, et sentit une partie de sa propre tension
s’estomper.
— Si Dominic peut épargner la vie d’un ennemi, dit-
elle avec ironie, je pourrai épargner la vie d’un ami.
Ignorant les sourires à peine dissimulés de ses cheva-
liers, Duncan grimaça et rejeta la tête en arrière afin de per-
mettre à Meg d’accéder plus facilement à son cou.
— C’est seulement une égratignure, murmura-t-il.
— Vraiment ? demanda Meg. Vous sursautez tellement
et vous vous plaignez tellement que je pensais que votre
gorge était bien entaillée depuis votre pomme d’Adam
jusqu’à votre oreille.
Les chevaliers qui se trouvaient encore dans la pièce se
mirent à rire à cause de cette femme qui réprimandait l’un
des guerriers les plus redoutés de toute l’Angleterre. Meg
leva les yeux et leur sourit.
— Allez manger, bons chevaliers, leur dit-elle.
Sir Duncan vous rejoindra d’ici peu.
Tandis que les hommes passaient en file à côté de Meg
pour se rendre dans la grande salle, elle se pencha de nou-
veau et commença à palper avec précaution la gorge de
Duncan du bout des doigts. Duncan avait ôté ses vêtements
de combat et ne portait pas davantage qu’un court pantalon
en cuir. Les cheveux de Meg s’étaient défaits, comme d’ha-
bitude. Lorsqu’une grosse mèche glissa vers l’avant et
menaça de se mettre dans son chemin, Duncan l’attrapa, la
tira légèrement et la cala derrière l’oreille de Meg. Le geste
452
INDOMPTABLE
désinvolte témoignait d’une familiarité de longue date entre
le Fléau Écossais et la lady du château de Blackthorne.
Les yeux à moitié clos, Dominic observait Duncan et
Meg depuis le pas de la porte. À chacune de ses inspira-
tions, Dominic essayait de se convaincre un peu plus qu’il
n’y avait pas de quoi ressentir cette jalousie qui lui tordait
les boyaux. Pourtant, voir les mains de son épouse s’activer
sur la large nuque de Duncan à la recherche de blessures
faisait revivre la moindre rumeur qu’il avait entendue avant
et après son arrivée au château de Blackthorne.
La fiancée de Duncan.
La maîtresse de Duncan.
La sorcière attend, elle sourit et attend le bon moment.
— Vous avez vraiment failli avoir l’occasion de rencon-
trer Dieu, murmura Meg.
— Oui.
Duncan tira sur une nouvelle mèche de cheveux rebelle
et sourit de manière étrange.
— Vous aurais-je manqué, Meggie ?
— De la même manière qu’un chien manque à un chat.
Duncan se mit à rire et cala la mèche flamboyante sous
le foulard de Meg. Des clochettes tintèrent alors qu’il inclina
accidentellement le foulard. Il ôta le diadème de Meg et le
remit en place, chacun de ses gestes étant accompagné par
la mélodie des clochettes. Si elle désapprouvait cette inti-
mité, elle
Weitere Kostenlose Bücher