Indomptable
emplis
de larmes de peur et de colère et qui étaient sur le point de
déborder.
— L’un des deux tuera l’autre, murmura-t-elle, la voix
tendue. L’autre mourra. Comment cela pourrait-il bien se
passer ?
— Le château de Blackthorne survivra.
Meg ferma les yeux. Deux larmes semblables à des clairs
de lune coulèrent le long de ses joues. Elle essaya de parler,
mais en fut incapable. Elle ouvrit les yeux. Elle passa ses
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INDOMPTABLE
doigts qui tremblaient légèrement sur les traits anguleux du
visage de Dominic comme pour les mémoriser.
— Un pays survit toujours, dit Meg à voix basse. Ce
sont uniquement les personnes qui vivent et meurent. Et
l’amour.
Ses mains se portèrent à sa gorge. D’un mouvement
rapide, elle enleva sa chaîne en or à laquelle était accrochée
l’ancienne croix de sa mère. Meg embrassa la croix et la
déposa dans la paume gantée de Dominic.
— Que Dieu vous protège, chuchota-t-elle.
Dominic ôta son gant et tint la croix dans sa main nue.
La chaleur du métal était celle de la vie elle-même, puisque
la croix avait reposé entre les seins de Meg. Il embrassa la
croix et glissa la chaîne autour de son propre cou.
Mécontent, Duncan observait la femme qui avait un
jour été sa fiancée ainsi que l’homme qui, en raison du
destin, était devenu son ennemi.
— Meggie, je ne vous aurais pas enlevée et ne vous
aurais pas forcée à l’adultère, dit Duncan dans le silence.
Vous me croyez, n’est-ce pas ?
— Oui, répondit-elle.
— Bien, c’est déjà ça.
— Il y a autre chose, dit Meg.
Le ton de sa voix fit se retourner les chevaliers qui la
regardèrent d’un air sévère. Elle leur retourna le regard, jau-
geant scrupuleusement les hommes qui se tenaient près de
Duncan. Elle avait le visage pâle, mais ses yeux verts brû-
laient d’un feu qui ne pouvait être dompté.
— Si l’un de vous dégaine son épée avant que l’on
déclare le combat terminé, dit distinctement Meg, vous
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ELIZABETH LOWELL
verrez ce que c’est que d’être confronté à la colère d’une gué-
risseuse des Druides de la Vallée.
Duncan sourit tristement.
— Ah, Meggie, vous n’êtes pas capable de tuer et vous
le savez bien.
— Oui.
Ensuite, elle sourit doucement, l’air impitoyable.
— Il y a des choses pires que la mort, Duncan de
Maxwell. Veillez à ce que vos hommes n’en fassent pas la
découverte dans leurs rêves et qu’ils ne les vivent pas en
étant réveillés.
Lorsque Meg se détourna de Duncan, le prêtre se débar-
rassa de son os bien rongé et se signa à la hâte. Tous les
hommes semblaient mal à l’aise, sauf Dominic. Il n’avait
d’yeux que pour la femme qui brûlait comme le printemps
déchaîné, forçant la vie à pousser sur un sol mort. Les
paroles de Meg résonnaient dans son esprit, des paroles
qu’il commençait seulement à comprendre à présent.
Les blessures de l’hiver sont révélées de manière brutale avant
d’être guéries par le printemps, et seules les choses vivantes les
plus robustes survivent à ce renouveau.
La guérison ne peut être apportée aux faiblesses du cœur.
Dans un silence plutôt renforcé que brisé par le flot bal-
butiant de paroles du prêtre, Duncan et Dominic furent
confessés, et les derniers sacrements furent administrés.
Quand chaque guerrier fut préparé à rencontrer son Dieu,
les paroles du prêtre prirent fin.
Simon prit le heaume de Dominic des mains de Jameson,
le mit en place sur la tête de son frère et lui enleva son man-
teau. Bien qu’aucune parole ne fût prononcée par les deux
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INDOMPTABLE
hommes, le cœur de Meg se serra douloureusement devant
l’émotion qui vibrait silencieusement entre les deux frères.
Lorsqu’elle regarda Duncan, elle ne vit pas un ennemi,
sinon les yeux noisette et le sourire imprudent qui lui
avaient si souvent remonté le moral durant son enfance. Les
larmes coulèrent, brouillant les traits de l’homme qui était
dans son cœur, le frère qu’elle n’avait jamais connu.
Quand Meg put voir de nouveau, Dominic les regar-
dait, Duncan et elle, d’un dur regard argent. Elle brû-
lait d’avancer vers son époux, de le prendre une nouvelle
fois dans ses bras et d’être enlacée en retour, mais il était
trop tard.
Le cor sonna le début du combat, pétrifiant les per-
sonnes qui se trouvaient dans la prairie. Les notes traî-
nantes ressemblaient à
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