Indomptable

moins, personne n’avait contesté lorsque Dominic
    avait froidement décrété qu’il n’y aurait pas de signes appa-
    rents de deuil jusqu’aux funérailles d’ici dix jours, car la joie
    du mariage prévalait sur le chagrin causé par la mort d’un
    homme détruit depuis bien longtemps par la douleur.
    — Dominic ? insista Simon.
    — Cette pourriture aura droit à un enterrement chré-
    tien. Y a-t-il autre chose ? dit-il sèchement.
    — Je ne pensais pas à cela.
    ELIZABETH LOWELL
    Le silence s’installa. Doucement, la main couverte de
    mailles de Dominic se ferma en un poing. Il s’abattit sur la
    table avec une force qui secoua le solide bois.
    — Je regrette de n’avoir pas tué le Fléau Écossais quand
    j’avais une bonne raison de le faire, siffla Dominic entre ses
    dents.
    — Pourquoi ? demanda Simon, étonné. Il est parti sans
    querelles et a emmené les mercenaires avec lui.
    — L’usage et la politesse m’obligeront à devoir le sup-
    porter une nouvelle fois le jour des funérailles.
    Dominic émit un son remarquablement identique à
    celui de ses lévriers.
    — Cependant, d’ici là, d’autres chevaliers et merce-
    naires seront arrivés, dit Simon. Le château sera à l’abri de
    quoi que ce soit, sauf du roi en personne.
    D’un mouvement impatient, Dominic se détourna de sa
    contemplation du grand hall et fit face à son frère.
    — Tu as entendu John, dit-il froidement. Il y a de
    l’« affection » entre ma femme et cet Écossais, rejeton du
    diable. Doux Jésus, elle porte peut-être son bâtard dans
    son ventre en ce moment !
    — Oui, acquiesça Simon à contrecœur. C’est pour cette
    raison que je te pose à nouveau la question : Que comptes-
    tu faire ?
    — J’attendrai le bon moment avant de planter ma
    semence au sein de ma belle épouse appartenant aux
    Druides de la Vallée.
    — J’aurais pensé que tu te hâterais, marmonna Simon.
    Il semble qu’il soit difficile de faire un enfant à la jeune
    femme.
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    INDOMPTABLE
    — Quand les saignements mensuels de ma femme
    commenceront — ou s’ils commencent —, articula Dominic,
    je serai certain de connaître la paternité de tout bébé qu’elle
    portera.
    Les yeux de Simon s’agrandirent en signe de
    compréhension.
    — Jusqu’à ce qu’arrivent ces premiers saignements, je
    partirai en reconnaissance de la légendaire forteresse forti-
    fiée de ma femme, Druide de la Vallée. Je découvrirai ses
    vérités, dénicherai ses mensonges, trouverai ses secrets,
    évaluerai ses faiblesses ; et enfin, je l’assiégerai comme je l’ai
    déjà fait à de nombreuses reprises auparavant.
    — Avec succès.
    — Oui, et crois-moi, ajouta catégoriquement Dominic,
    j’éprouverai une grande satisfaction à voir la sorcière des
    Druides de la Vallée agenouillée en face de moi. De l’affec-
    tion entre eux. Parbleu !
    Simon sourit assez sauvagement, se sentant mieux qu’au
    moment où John avait craché, agonisant, sa malédiction au
    visage de Dominic.
    — J’ai presque de la peine pour la jeune femme, dit
    Simon.
    Le haussement du sourcil noir et anguleux de Dominic
    fut la seule question posée, ou la seule nécessaire.
    — Elle n’a pas conscience du démon qu’elle a convoqué
    en te lançant un défi, expliqua Simon.
    Avec un haussement d’épaules, Dominic reprit sa
    contemplation du grand hall où chaque chevalier avait pu
    entendre son nouveau seigneur maudit par l’ancien.
    Une malédiction ressemblant à ses dernières volontés.
    Ce n’était pas une chose à laquelle on pouvait penser avec
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    ELIZABETH LOWELL
    tranquillité, même pour un homme aussi impressionnant
    que Dominic le Sabre.
    — Dominic ?
    Il regarda Simon de côté.
    — Que se passera-t-il si elle met au monde le bâtard de
    Duncan ? demanda Simon sans mâcher ses mots.
    Dominic haussa les épaules.
    — L’enfant sera placé dans une famille en Normandie.
    Et ensuite…
    Simon attendit, fixant son frère avec de sévères yeux
    noirs.
    — Et ensuite, j’apprendrai à ma femme que, sorcière ou
    non des Druides de la Vallée, elle me sera désormais fidèle.
    Si je m’apercevais du contraire, elle n’aurait plus qu’à prier
    Dieu de la délivrer de l’enfer que je lui ferai vivre sur terre.
    — Qu’en est-il de la malédiction des Druides de la
    Vallée ?
    — Quoi donc ? rétorqua amèrement Dominic.
    — Les gens y croient, que ce soit le cas pour toi ou non.
    Si tu la ridiculises ouvertement…
    La