Indomptable

voix de Simon mourut.
    — Si la sorcière ne me donnait pas de fils, je détruirais
    les récoltes et les troupeaux de ma propre main, dit Dominic
    d’un ton sec. Les terres et la fortune ne servent qu’à ridicu-
    liser un homme qui n’a pas de descendance pour récolter les
    fruits de son labeur.
    Une nouvelle fois, le poing de Dominic s’abattit sur la
    table avec une force qui fit trembler le bois épais.
    — Mon Dieu, j’ai été abusé de façon féroce. Être aussi
    proche de mon rêve, et ensuite tout voir partir en fumée !
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    INDOMPTABLE
    Dans le silence tendu qui suivit les paroles de Dominic,
    les bruits habituels du château parurent anormalement
    élevés. Le grincement de l’eau que l’on remonte du puits
    situé juste en dessous, les servantes faisant des va-et-vient
    pour demander quelle était la meilleure place pour ranger
    un banc ou un plat, ou bien quelle personne avait négligé le
    feu de cheminée, et les bougies crépitant de manière maus-
    sade dans leurs supports. Accompagnant ces bruits, on
    pouvait entendre les milliers de bruissements des gouttes
    de pluie à la rencontre de la terre, un murmure liquide telle-
    ment familier que personne ne le remarquait sauf lorsqu’il
    s’arrêtait.
    Le bruissement fluide remémora à Dominic le souffle de
    Meg lorsqu’il l’avait touchée.
    Soudain, il se redressa et quitta la pièce. Il grimpa deux
    à deux les marches de l’escalier en spirale, vira vers la droite,
    et se dirigea vers les appartements de Meg. Pendant qu’il
    attaquait les marches, Dominic récita méticuleusement,
    pour lui-même, quelques versets choisis des ecclésiastes, se
    souvenant que d’autres hommes avant lui avaient livré de
    petites batailles et de grandes guerres, et en étaient ressortis
    remplis de sagesse.
    Répéter les versets était devenu un rituel qui n’avait
    jamais manqué de calmer la rage qui bouillonnait en
    Dominic. Il avait acquis son sang-froid de manière cruelle,
    dans la prison d’un sultan. La discipline fut la seule chose
    qui l’empêcha de devenir fou. Il avait appris à suivre les
    chemins glacés de son intellect plutôt que la chaude vio-
    lence du sang viking qui coulait dans ses veines aussi sûre-
    ment que dans celles de Duncan de Maxwell.
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    ELIZABETH LOWELL
    Pourtant, ce soir, l’ecclésiastique énumération stoïque
    des défauts humains et des inévitables cycles de la vie maî-
    trisa difficilement l’impatience de Dominic. Alors qu’il affi-
    chait une apparence extérieure calme, la rage se consumait
    en lui telle une flamme primitive identique à celle qu’il avait
    vue au fond des yeux de Meg, Druide de la Vallée.
    Le souvenir de la vision de Meg s’avançant vers lui,
    drapée de brume argentée et de feu étouffé, envoya une
    bouffée de chaleur dans les reins de Dominic, durcissant
    son corps à une vitesse qui le consterna. Il ne s’était pas
    rendu compte à quel point son sang-froid était mince.
    Il n’avait pas non plus vraiment compris combien il dési-
    rait la sorcière.
    Si Dominic n’avait remarqué le feu silencieux et farouche
    dans les yeux de Meg, il aurait pu utiliser des menaces afin
    de l’acculer et la mettre dans son lit. Mais il ne serait pas
    possible de la dominer par la peur, pas plus que lui. Elle
    s’était tenue à ses côtés, inébranlable, et avait consenti à
    devenir sa femme, et durant tout ce temps, elle s’était
    attendue à sentir la morsure de l’acier dans sa chair, peu
    importe ceux qu’elle trahirait dans l’église.
    Peu d’hommes auraient été capables de faire ce que Meg
    avait accompli sans trembler. Dominic n’avait jamais connu
    de femme d’un tel courage.
    Cette prise de conscience le poussa à s’arrêter à quel-
    ques pas de la chambre de sa femme.
    « Réfléchis, se conseilla sévèrement Dominic. Quel sera
    le meilleur moyen de vaincre ses fortifications, un assaut
    inattendu ou un siège acharné ?
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    INDOMPTABLE
    » Aucune des deux options, se dit-il brutalement. Elle se
    protège tellement qu’il ne serait possible de la prendre sans
    risquer de basculer d’une brève victoire à une défaite à vie.
    » Quoi, alors ? Réfléchis.
    » La meilleure façon de prendre une forteresse est la tra-
    hison menée depuis l’intérieur. »
    L’idée foudroya l’esprit de Dominic. Alors que le raison-
    nement de cette constatation s’atténuait, l’étau qui compri-
    mait la poitrine de Dominic, depuis la malédiction