Indomptable

promesse que
    vous m’avez faite.
    Avec un cri de frustration, Meg frappa la porte de son
    poing, faisant cliqueter ses clochettes d’or en signe de
    détresse.
    — « N’oubliez pas votre promesse », l’imita-t-elle avec
    un air de dégoût. Pouah ! Comment pourrais-je l’oublier ? Je
    n’ai pas eu d’autre chose à laquelle penser pendant ces trois
    derniers jours !
    Comme un faucon récemment arrivé dans des faucon-
    neries, Meg avait été maintenue isolée dans la pénombre de
    sa chambre. Contrairement à un faucon, elle disposait d’un
    feu de cheminée pour atténuer l’obscurité et réchauffer les
    ELIZABETH LOWELL
    murs de pierre. Elle pouvait également marcher, un confort
    qui était refusé aux oiseaux de chasse.
    Le seigneur du château de Blackthorne était le seul lien
    que Meg pouvait entretenir avec le monde extérieur à ses
    appartements. Sur les ordres de Dominic, personne ne
    venait dans ses appartements, personne ne lui parlait der-
    rière la porte, personne ne lui apportait ni nourriture ni
    boisson : seul Dominic lui tenait compagnie.
    Il était souvent avec elle durant la journée, entrant sans
    s’annoncer, apportant une fleur récemment éclose ou une
    douce pierre de la rivière à ajouter à sa collection. Il restait
    un moment pour parler des rapides progrès de son faucon
    pèlerin, de l’état des champs, de la rénovation de l’armu-
    rerie, de la portée de chatons qui ressemblaient à Black Tom
    et de l’évolution des jardins de Meg.
    Si l’une des visites de Dominic avait lieu durant les
    heures de repas, il tenait Meg et la nourrissait avec une
    patience qui ne vacillait jamais même lorsqu’elle le rabrouait
    à cause de sa réclusion. Lorsqu’il était l’heure de dormir, ils
    partageaient le lit à baldaquin de Meg dans une intimité qui
    la troublait, mais qui avait l’avantage de la maintenir au
    chaud.
    Et lorsqu’il était temps de prendre son bain…
    Meg frissonna au souvenir de Dominic qui s’appuyait à
    l’embrasure de la porte et l’observait avec des yeux argentés
    et brillants pendant qu’elle se lavait dans un rite qui remon-
    tait à sa première initiation aux coutumes des Druides de la
    Vallée. Pourtant, malgré le regard embué de sensualité de
    son époux, malgré son évidente virilité lorsqu’ils dormaient
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    dans le même lit, son sang-froid n’avait faibli à aucun
    moment. Il la touchait uniquement pour la nourrir, pour lui
    donner à boire, pour la réchauffer durant les nuits froides.
    Pour la première fois de sa vie, Meg aurait voulu avoir
    les dons d’une maîtresse. Alors, elle aurait pu tenter son
    époux d’une façon si habile que son sang-froid se serait
    enflammé comme de la paille sèche dans le feu de la pas-
    sion. Il l’aurait prise avant qu’elle ne saigne, et ainsi, il aurait
    compris que sa méfiance avait été injustifiée.
    Si elle avait eu les dons d’une maîtresse… Cependant,
    elle ne les avait pas. Elle avait seulement la certitude que
    chaque jour de captivité supplémentaire augmentait le res-
    sentiment des gens du château à l’égard de leur nouveau
    seigneur normand. Quand Harry lui avait parlé le lende-
    main des noces, il avait parlé au nom de tout le peuple de
    Blackthorne.
    « Si le seigneur vous fait du mal, nous ne le tolérerons
    pas… Beaucoup d’accidents peuvent arriver à un homme
    pendant la chasse. Je vous le promets. »
    La peur s’empara de Meg au souvenir des paroles de
    Harry. Un tel acte serait une catastrophe pour le château.
    Simon se méfiait déjà de l’affection des gens de Blackthorne
    pour Duncan de Maxwell. Si Dominic était blessé par des
    paysans rebelles, la vengeance de Simon serait bien plus
    rapide et sauvage que ce que son frère pouvait imaginer.
    Les clochettes chantaient tandis que Meg arpentait ses
    appartements avec ses chaînes en or, inquiète pour le futur
    de son peuple. Finalement, des bruits provenant de la cour
    en contrebas détournèrent son attention. Des voix d’hommes
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    s’élevaient sous forme de cris énergiques. Même à travers
    les volets fermés, le fracas et le bruit métallique de l’épée
    contre le bouclier étaient audibles.
    Meg s’approcha de la fenêtre. Elle avait découvert qu’elle
    pouvait entrouvrir légèrement les volets sans que cela soit
    visible d’en bas. L’ouverture n’était pas assez grande pour
    laisser passer la lumière du soleil, mais elle