Interdit
plaisanta-t-il.
Ambre secoua la tête en souriant légèrement.
— Je n’ai jamais brandi d’épée. Elles me semblent bien
peu maniables.
— Les fées ne sont pas faites pour brandir des épées.
Elles ont d’autres armes.
— Mais je ne suis pas une fée.
— C’est ce que vous dites.
Un sourire aux lèvres, Duncan suivit du plat de la main
la longue chute de cheveux défaits d’Ambre.
— Il est étrange de penser que vous êtes à moi et que je
suis à vous… murmura-t-il.
Ambre ne corrigea pas le malentendu, car il y avait une
légère différence dans sa façon de la toucher… Cela avivait
un feu doux et secret en elle.
— Seulement si vous le souhaitez, murmura-t-elle à son
tour.
— Je ne peux croire que j’oublierais une créature aussi
belle et étrange que vous…
— C’est parce que je ne suis pas belle.
— À mes yeux, vous êtes aussi belle que l’aube après
une longue nuit d’hiver.
La conviction authentique qu’elle sentait dans la voix et
les yeux de Duncan était confirmée par son toucher. Il ne lui
faisait pas seulement des compliments courtois. Il avait dit
ce qui était pour lui la simple vérité.
43
ELIZABETH LOWELL
Elle frémit lorsque son pouce dessina le contour de ses
lèvres entrouvertes. Il sentit sa réaction et sourit malgré le
mal de tête qui était revenu et faisait battre le sang à ses
tempes. C’était un sourire viril et triomphant, comme s’il
venait de trouver la réponse à une question qu’il n’avait osé
formuler.
L’autre main de Duncan glissa au plus profond de sa
chevelure, la caressant tout en la maintenant captive de son
emprise. Ses caresses provoquèrent en elle d’étranges sen-
sations. Avant qu’elle n’ait pu mettre un nom dessus, elle se
retrouva collée à lui, ses lèvres sur les siennes, la langue de
Duncan dans sa bouche.
La surprise l’emporta sur les autres sentiments qui la
traversaient follement. Instinctivement, elle se débattit,
essayant de s’arracher à l’étreinte de Duncan.
Ses bras la serrèrent plus fort dans un premier temps,
avant qu’il ne desserre sa prise sur elle, juste assez pour
pouvoir parler.
— Vous avez dit être à moi.
— J’ai dit que nous étions unis .
— Oui, jeune dame. C’est ce que j’avais en tête. L’union.
— Je voulais dire… C’est…
— Oui ?
Avant qu’Ambre ne puisse répondre, les jappements
excités d’une meute de chiens de chasse emplirent la clai-
rière qui entourait sa chaumière. Elle sut sans même
regarder au-dehors qu’Erik était venu voir comment allait
l’étranger qu’il avait laissé à ses bons soins.
Il serait furieux qu’elle lui ait désobéi en détachant
l’homme sans nom.
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c 3
Duncan se dépêcha de se relever, et le regretta instanta-
nément. Le martèlement dans sa tête le faisait atroce-
ment souffrir.
— Allongez-vous, dit Ambre rapidement. Ce n’est
qu’Erik.
Il la regarda d’un air méfiant, mais il céda à la pression
de ses mains sur ses épaules et obtempéra.
Des gloussements et des hurlements indignés leur par-
vinrent de la cour. Les chiens d’Erik avaient trouvé les
poules. Lorsqu’Ambre ouvrit la porte, le maître-chien souf-
flait dans son cor pour les ramener à l’ordre.
Le chien le plus jeune n’obéit pourtant pas. Il venait de
découvrir une vieille oie. Sûr de sa victoire, le chien avan-
çait en jappant de joie. Le jars arqua son long cou, abaissa la
tête, déploya ses ailes et siffla d’un air menaçant.
Le chien avançait toujours.
— Erik, dit-elle, rappelez-le !
— Ça lui fera du bien.
— Mais…
Le chien élancé à poil dur attaqua. L’aile droite du jars
s’abattit avec force, envoyant le chien à terre. Surpris, et
gémissant de douleur, le chien se dépêcha de se relever
et de rejoindre la meute, la queue entre les jambes.
Erik rit si fort que cela dérangea le faucon pèlerin perché
sur le pommeau de sa selle. Les clochettes d’argent fixées
aux jets de cuir autour des pattes de l’oiseau tintaient
ELIZABETH LOWELL
énergiquement, traduisant son agitation. Le faucon ouvrit
ses ailes fines et élégantes en poussant un cri perçant.
Le sifflement par lequel répondit Erik était tout aussi
aigu et sauvage que celui de l’oiseau. Celui-ci pencha la tête
et siffla de nouveau. Cette fois, le cri était différent, et Erik y
répondit pareillement.
Le faucon referma ses ailes et retrouva son
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