Interdit
levant sa lame
pour rencontrer celle de Simon.
— Le savoir.
Les deux lames se touchèrent rituellement dans un bruit
de métal sourd, puis glissèrent pour se séparer. Les deux
123
ELIZABETH LOWELL
hommes, face à face, décrivirent un cercle, feintant sans
cesse, à la recherche d’une faiblesse chez l’adversaire.
Tout à coup, Simon fit un bond en avant, tel un félin, et
envoya à pleine vitesse le plat de sa lame sur Duncan. C’était
cette même attaque éclair qui avait eu raison de Donald et
de Malcolm.
Au tout dernier moment, Duncan pivota et brandit son
épée empruntée. L’acier rencontra l’acier avec un choc ter-
rible. Puis, Duncan fouetta l’air de sa lame, comme si elle
était aussi légère qu’une plume. Simon dut basculer en
arrière pour éviter l’arme.
Bon nombre d’hommes seraient tombés à la suite d’un
tel déséquilibre. Mais Simon parvint à se rattraper et à
donner simultanément un coup à Duncan, le frappant aux
jambes du plat de son épée.
Peu de guerriers auraient pu rester debout après une
telle attaque. Mais Duncan faisait partie de ces hommes-là.
Il grogna et pivota sur un pied, tournant avec la force de
l’attaque. Son mouvement atténua la puissance du coup.
Avant que Simon ne puisse profiter de son avantage,
Duncan tenta une attaque indirecte avec sa lourde épée. Le
mouvement était inattendu, car il exigeait une force de bras
et d’épaule très rare.
Simon évita l’attaque avec une grâce féline. Les deux
épées se rencontrèrent avec puissance, et le choc retentit
dans toute la prairie. Les deux épées restèrent croisées un
long moment, chaque homme luttant pour prendre l’avan-
tage sur l’autre.
Enfin, inévitablement, Simon céda face à la puissance
supérieure de Duncan. Il recula d’un pas, puis de deux et
continua à reculer ainsi.
124
INTERDIT
Duncan le suivit avidement.
Trop avidement.
Soudain, Simon fit un écart, et Duncan se retrouva désé-
quilibré. Il posa un genou à terre et bondit rapidement pour
éviter Simon, qui lançait un nouvel assaut. Il se releva juste
à temps pour lever son épée et répondre à l’attaque. Les
épées s’entrechoquèrent avec fracas. Les lourdes lames se
croisèrent de nouveau et restèrent ainsi, comme enchaînées
l’une à l’autre.
Pendant un bref instant, les deux hommes restèrent arc-
boutés, le souffle court. Des panaches de fumée s’élevaient
de leur bouche au-dessus des épées croisées. À chaque res-
piration qu’ils prenaient, ils inspiraient le parfum âpre des
récoltes passées, de la terre mouillée et de l’herbe fumée.
— On dirait l’odeur du meilleur foin du château de
Blackthorne, non ? demanda Simon nonchalamment.
« Blackthorne. »
Le mot pénétra Duncan comme un poignard, tranchant
les ténèbres pour atteindre la vérité qui s’y cachait. Mais
avant qu’il n’ait pu voir cette vérité, les ténèbres se refer-
mèrent sur la plaie, guérissant la déchirure qui avait trans-
percé l’obscurité comme si elle n’avait jamais existé.
Désorienté, Duncan secoua la tête.
C’était tout ce dont Simon avait besoin. Il fit un écart sur
le côté à la vitesse de la lumière, décroisant les épées, et
porta à Duncan un coup qui lui coupa le souffle. Un instant
plus tard, il le faisait trébucher au sol.
Simon s’agenouilla promptement aux côtés de son
opposant vaincu. Il se pencha sur lui et parla instamment,
sachant qu’il n’avait pas beaucoup de temps avant que les
autres ne les rejoignent pour voir comment il allait.
125
ELIZABETH LOWELL
— Vous m’entendez ? demanda Simon.
Duncan hocha la tête, car il n’avait plus de souffle pour
parler.
— La sorcière a-t-elle dit vrai ? demanda Simon. Vous
n’avez aucun souvenir de votre vie passée ?
Duncan hocha douloureusement la tête.
Simon se détourna de lui pour lui cacher son expression
féroce.
« Pourvu que Sven revienne bientôt. J’ai trouvé celui que
nous cherchions.
» Mais il est encore perdu.
» Sorcière de malheur. Voler la mémoire d’un homme.
» Et sourire ! »
126
c 7
— Un homme aussi habile que vous devrait toujours porter
une arme, dit Simon. Erik pourrait sûrement vous en
donner une dans toute cette armurerie ?
Duncan massa son diaphragme d’un air piteux. Le coup
que Simon lui avait porté la veille le faisait toujours
souffrir.
— Pour l’instant, j’ai
Weitere Kostenlose Bücher