Interdit

faiblement et se tourna vers le haubert que l’on venait
    de pendre dans la salle d’armes.
    — C’est un beau haubert, dit-il.
    — Votre armurier a réparé la cotte de mailles si adroite-
    ment qu’elle est comme neuve.
    — Le talent de mon armurier est connu dans toutes les
    Terres contestées, dit Erik.
    — Je comprends aisément pourquoi. Va-t-il faire une
    épée, un poignard et un haubert en cotte de mailles à
    Duncan pour qu’il puisse aller au combat ?
    — Il le faudra, dit sèchement Erik. Aucun des hauberts
    forgés sur ces îles ne saurait convenir à ses épaules si larges.
    — Si, il y en a un qui m’irait, dit Duncan d’un air absent.
    — Vraiment ?
    — Celui de Dominic le Sabre.
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    INTERDIT
    Ambre le fixa intensément. Mais elle ne dit rien, car elle
    craignait les conséquences qui découleraient de ses
    souvenirs.
    Simon le regardait avec la même intensité, mais ne posa
    aucune question, pour la même raison.
    Erik, cependant, ne craignait pas que Duncan retrouve
    la mémoire.
    — Alors vous avez vu cet infâme Normand ?
    s’enquit-il.
    — Oui.
    — Quand ?
    Duncan ouvrit la bouche pour répondre, avant de se
    rendre compte qu’il n’en savait rien.
    — Je l’ignore, dit-il. Je sais seulement que je l’ai déjà vu.
    Erik jeta un coup d’œil à Ambre. Elle lui rendit son
    regard en silence.
    — Votre mémoire revient-elle ? continua Erik.
    Simon et Ambre retinrent leur souffle.
    — Par fragments seulement.
    — Qu’est-ce que cela signifie ?
    Duncan haussa les épaules et fit la grimace — son corps
    contusionné le faisait toujours souffrir. Il toucha sa poitrine
    avec des doigts impatients.
    « Dommage qu’elle ne soit pas là pour enlever ma dou-
    leur avec ses baumes et ses lotions. »
    Lorsqu’il entendit ses propres pensées, Duncan se figea.
    Qui était- elle ?
    « Des yeux verts.
    » L’odeur d’herbes druidiques.
    » De l’eau chaude pour un bain.
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    ELIZABETH LOWELL
    » Le parfum de son savon. »
    — Duncan ? Votre mémoire revient-elle ? insista Erik.
    — Avez-vous déjà vu le reflet de la lune sur un étang ?
    demanda Duncan avec une férocité réfrénée.
    — Oui.
    — Jetez-y un seau de pierres et regardez de nouveau le
    reflet de la lune. Voilà ce qu’il me reste de mes souvenirs.
    En entendant l’amertume de sa voix, Ambre eut folle-
    ment envie de le toucher, de l’apaiser, de lui apporter le
    repos sensuel qui compenserait la douleur de la perte.
    — Je me souviens d’avoir vu le Loup des Druides de la
    Vallée, continua-t-il. Mais je ne sais pas quand, ni où, ni
    comment, ni pourquoi, ni même à quoi il ressemble !
    — Le Loup des Druides de la Vallée, murmura Erik. On
    l’appelle donc vraiment ainsi. J’avais entendu des rumeurs…
    — Quelles rumeurs ? s’enquit Ambre, très désireuse de
    changer de sujet.
    — Que l’épée du roi d’Angleterre était devenue le Loup
    des Druides de la Vallée.
    Ambre semblait perplexe.
    — L’une des prophéties de Cassandra était juste, une
    nouvelle fois, dit Erik.
    — Laquelle ?
    — Deux loups qui se tournent autour, un vieux, mais
    pas l’autre. Deux loups qui se testent l’un l’autre tandis que
    la terre retient son souffle et attend…
    — Attend… quoi ? demanda Simon.
    — La mort. Ou la vie.
    — Vous ne m’en aviez pas parlé, intervint Ambre.
    — Vous aviez des problèmes avec votre propre pro-
    phétie, répondit-il sèchement.
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    INTERDIT
    — Quel loup gagne le combat ? s’enquit Simon.
    — Les prophéties de Cassandra ne sont pas ainsi, dit
    Erik. Elle voit la croisée des chemins, mais pas la route qui
    est empruntée.
    Ambre se détourna en frissonnant. Elle ne voulait pas
    entendre parler des prophéties de Cassandra.
    — Duncan ? dit-elle.
    Il émit un son interrogateur, n’écoutant qu’à moitié.
    L’une des armes pendues au mur de la salle d’armes avait
    attiré son attention.
    — Viendrez-vous avec moi à Whispering Fen ?
    demanda-t-elle. Cassandra m’a demandé d’aller voir si les
    oies sont arrivées.
    C’est alors qu’elle vit quelle arme avait retenu l’attention
    de Duncan. Son cœur se retourna tant la peur était vive en
    elle. Elle se posta devant lui et posa sa main sur sa joue.
    Un plaisir intense l’envahit.
    Des souvenirs noirs s’agitèrent.
    — Duncan, dit-elle à voix basse.
    Il cligna des yeux et se concentra sur Ambre plutôt que
    sur l’arme, dont l’épaisse chaîne et la lourde boule hérissée
    de