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Interdit

Interdit

Titel: Interdit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Lowell
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n’abritait ni
    hameau, ni ferme, ni chemin. C’était seulement une forêt
    ancestrale empreinte d’un silence primitif.
    La terre était à la fois sauvage et étrangement innocente,
    à l’écart des conflits des Terres contestées. Si Duncan n’avait
    remarqué les tas de pierres érigés par une main humaine
    dans des clairières isolées, il aurait juré que personne n’avait
    jamais mis les pieds ici.
    Pourtant, des individus avaient vécu ici autrefois.
    Certains les appelaient des « Druides ». D’autres les trai-
    taient de « sorciers ». D’autres encore soutenaient qu’ils
    n’étaient pas des êtres humains, mais des diables ou des
    dieux.
    Et certains — les seuls à connaître la vérité — appelaient
    ces gens disparus les « Érudits ».
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    INTERDIT
    — Egbert ne nous suivra pas, dit Ambre en sentant que
    Duncan se retournait une nouvelle fois.
    — Comment pouvez-vous en être sûre ? Il est certes
    paresseux, mais pas aveugle. Nous avons laissé une trace de
    notre passage.
    Elle hésita. Comment expliquer à Duncan l’alliance de
    savoir et d’instinct qui la rendait si certaine qu’ils étaient à
    l’abri de toute intrusion ?
    — Egbert ne peut nous suivre, dit-elle enfin. Même s’il
    n’avait pas peur, il ne serait pas capable de voir où nous
    sommes allés.
    — Pourquoi cela ?
    — Parce qu’il n’est pas Érudit, dit-elle simplement.
    — Qu’est-ce que ça change ?
    — Egbert verrait des obstacles sur la route et rebrousse-
    rait chemin, persuadé que personne ne peut passer comme
    nous l’avons fait.
    Duncan sentit un souffle froid descendre son échine. Il
    se rappelait que certaines parties du trajet avaient semblé
    infranchissables… à première vue.
    — C’est pour cela que je vous ai demandé de laisser
    votre cheval, ajouta-t-elle.
    — Parce qu’il n’est pas Érudit ? répliqua-t-il d’un air
    pince-sans-rire.
    Elle rit et secoua la tête. Le soleil courait et brillait
    comme de l’ambre liquide sur sa chevelure.
    — Whitefoot a l’habitude, dit Ambre. Elle va où je la
    guide.
    — Vous voyez un chemin, dit Duncan.
    Ce n’était pas une question, mais elle y répondit tout de
    même.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Je suis une Érudite. Toutefois, soupira-t-elle,
    Cassandra dit que je ne suis pas très Érudite et que je ne le
    serai jamais à moins de m’y tenir et de ne plus vagabonder
    dans des lieux sauvages.
    — Comme celui-ci ?
    — Oui.
    Duncan regarda les traits tendres du visage d’Ambre.
    Pourquoi avait-il réussi, lui, à voir à la fois l’obstacle et le
    chemin ? Il voulait le lui demander, mais elle reprit la parole.
    — Malgré mes carences d’étudiante, j’ai absorbé assez
    d’Érudition pour suivre certains chemins d’antan. Ghost
    Glen est mon endroit favori. Je ne l’avais jamais partagé avec
    personne. Jusqu’à aujourd’hui.
    Ses mots calmes pénétrèrent Duncan comme un orage
    lointain que l’on ressent autant qu’on l’entend, comme le
    tremblement de la terre.
    — Ambre ?
    La voix de Duncan était grave, douloureuse, presque
    rauque. Elle sentit un certain appétit sensuel s’agiter en lui.
    Elle ressentit également un désir sans nom qui l’imprégnait
    aussi sûrement que le soleil imprègne le jour.
    — Qu’y a-t-il ? murmura-t-elle en se tournant vers lui.
    — Pourquoi m’avez-vous amené ici ?
    — Pour compter les oies de Cassandra.
    Ses yeux noisette cherchaient son visage.
    — Des oies ?
    — Oui. À l’automne, elles viennent ici depuis le nord,
    traînant l’hiver derrière elles comme un sombre étendard.
    — Il est un peu tôt pour qu’elles viennent, non ?
    — Si, admit-elle.
    — Alors pourquoi les chercher ?
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    INTERDIT
    — Parce que Cassandra me l’a demandé. Les runes ont
    prédit un hiver rude et précoce. Si les oies sont là, nous sau-
    rons que Cassandra a vu juste.
    — Que disent vos serfs ? demanda-t-il.
    — Que les signes sont mitigés.
    — Comment cela ?
    — La laine des moutons est déjà très épaisse, et pour-
    tant, les oiseaux chantent toujours dans les arbres. Le soleil
    est encore chaud, mais les vieilles blessures se réveillent
    et les articulations font souffrir. Les bons prêtres prient et
    rêvent leurs rêves, mais ils ne s’accordent pas sur la réponse
    divine.
    — Signes. Prophéties. Prêtres. Rêves, énuméra Duncan
    en grimaçant. Cela suffit à faire tourner la tête d’un guer-
    rier. Donnez-moi une épée et un bouclier, et

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