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Interdit

Interdit

Titel: Interdit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Lowell
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je créerai mon
    propre chemin, advienne que pourra .
    La plaie ouverte de la mémoire perdue de Duncan enca-
    drait sa bouche de parenthèses sévères. Ambre traça ces
    lignes du bout du doigt, mais elle ne parvint pas à passer
    outre la douleur et la colère qui bouillonnaient en lui.
    Elle se détourna de lui, l’air malheureux, pour faire de
    nouveau face au marais vert et sauvage. Des deux côtés du
    chemin, les sorbiers s’accrochaient aux falaises de pierre
    comme des anges déchus. Les quelques baies oubliées par
    les oiseaux rougeoyaient comme des rubis au bout des bran-
    ches. Des bouleaux fantomatiques abondaient dans les creux
    et sur les arêtes surchargées d’arbres. Leurs branches sans
    feuilles se dressaient vers le ciel d’automne en une interro-
    gation silencieuse quant à l’été perdu et l’hiver à venir.
    Devant eux, sur la droite, un cercle de pierres plates
    marquait l’emplacement d’une ancienne place. Un cercle de
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    ELIZABETH LOWELL
    pierres verticales, plus large et plus inégal, se dressait sur
    une corniche étrangement plane.
    Le cri aigu d’un aigle sauvage déchira le silence. L’écho
    fit retentir le cri une fois, puis deux, puis trois…
    Duncan rejeta la tête en arrière et rendit à l’oiseau son
    sifflement sauvage avec une justesse troublante.
    L’oiseau de proie s’éloigna, comme pour signifier à
    Ambre et Duncan qu’ils avaient le droit de se trouver dans
    le vallon. Il se laissa porter par un torrent d’air invisible
    avant de disparaître dans le ciel.
    — Qui vous a appris à répondre à l’aigle ? demanda
    doucement Ambre.
    — La mère de ma mère.
    — C’était une Érudite.
    — Je ne pense pas, dit-il. Nous n’appelions personne
    ainsi.
    — Parfois, par endroits, il est plus sûr de ne pas avoir
    de nom.
    Ils continuèrent leur route en silence, se laissant guider
    par un vif ruisseau d’argent qui descendait dans une petite
    vallée, puis se déversait dans la mer agitée. Les herbes du
    marécage étaient tout aussi vivantes, balayées par un vent
    féérique.
    Pour l’homme et la femme postés sur une petite butte
    au-dessus du marais, le bruit du vent et du marécage était
    semblable à la clameur d’innombrables êtres qui murmu-
    raient, chuchotaient, soupiraient, se confiaient… comme un
    millier de souffles étouffés tremblant dans l’air.
    — Je comprends désormais pourquoi on surnomme ce
    lieu le « Whispering Fen », dit Duncan posément.
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    — Avant que les oies n’arrivent, oui. Car lorsqu’elles
    sont là, l’air retentit de leurs cris et de leurs sifflements, et le
    marais ne chuchote plus que la nuit.
    — Je suis content de le découvrir ainsi, alors que le
    soleil transforme les herbes en bougies. On dirait une église
    avant que la messe ne soit dite.
    — Oui, murmura Ambre. C’est exactement ça. Elle n’est
    qu’imminence.
    Ils restèrent un instant assis en silence, s’imprégnant de
    la paix particulière du marais. Puis, Whitefoot s’étira le cou
    et tira sur son harnais, exigeant d’être libre de paître.
    — Va-t-elle partir, si nous descendons ? demanda
    Duncan.
    — Non. Whitefoot est presque aussi paresseuse
    qu’Egbert.
    — Alors nous devrions la laisser se reposer avant de
    repartir.
    Duncan descendit de selle et porta Ambre pour la
    mettre à terre. Lorsqu’elle toucha le sol, elle caressa sa joue
    et l’épaisse soie noire de sa moustache. Il tourna la tête et
    embrassa lentement sa main, avec chaleur et tendresse. La
    respiration d’Ambre s’accéléra à ce contact sensuel.
    Lorsqu’elle leva les yeux vers les siens, elle sut qu’elle
    devait reculer. Elle n’avait pas besoin de le toucher pour
    savoir qu’il la voulait aussi sauvagement qu’il avait répondu
    au cri de l’aigle.
    — Nous devrions bientôt repartir, dit-elle.
    — Oui. Mais d’abord…
    — D’abord ?
    — D’abord je vais vous apprendre à ne pas craindre
    mon désir.
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    — Ce… ce ne serait pas sage, dit-elle, le souffle court.
    — Au contraire, précieuse Ambre. Ce serait la
    chose la plus sage que j’aurai faite de toute ma vie.
    — Mais nous ne devrions pas… Nous ne pouvons pas…
    La sensation des doigts de Duncan parcourant lente-
    ment ses lèvres éparpilla ses mots et ses pensées. Elle res-
    sentait son désir si nettement qu’elle en tremblait.
    Mais plus clairement encore, elle ressentait sa retenue.
    — Duncan ? demanda-t-elle, troublée.
    — Je

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