Interdit

pèlerin se signa nerveusement et commença à cra-
    cher sur le sol, mais se ravisa vite.
    — Oui, marmonna-t-il.
    — Que faisais-tu sur mes terres ? Dans la forêt . Tu aimes
    le gibier, peut-être ?
    L’odeur de peur redoubla. Les chiens s’agitèrent de
    nouveau.
    — Je suis un pèlerin, monsieur, pas un braconnier !
    — Ah, vous étiez en mission pour Dieu, alors, dit Erik
    d’une voix doucereuse.
    — Oui ! dit l’homme, visiblement soulagé. Je suis un
    bon religieux.
    — Excellent. J’apprécie d’avoir des pèlerins respectueux
    sur mes terres plutôt que des braconniers ou des hors-la-loi.
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    INTERDIT
    Tandis qu’Erik parlait, le faucon pencha la tête pour
    observer l’homme de ses yeux de prédateur.
    — Continue, dit Erik. Tu étais dans la forêt, tu as
    entendu un cri et tu as couru pour voir ce qu’il se passait ?
    — Euh, oui.
    — Et que se passait-il ?
    — Des voyous se jetaient sur un homme et une damoi-
    selle. Ils vérifiaient comment leur allaient leurs bas, si vous
    voyez ce que je veux dire.
    — Oui, répondit Erik en haussant les sourcils.
    — Les voyous ont vu les gemmes d’ambre brillantes de
    la damoiselle et… bon sang !
    Le sifflement perçant du faucon avait coupé les mots du
    pèlerin et mis les chiens sur leur garde.
    — La jeune femme, dit Erik doucement sans quitter son
    convive crasseux des yeux. A-t-elle été blessée ?
    — Non, monsieur, s’empressa de répondre l’homme.
    C’est ce que j’essayais de vous dire.
    — Un hors-la-loi a-t-il porté la main sur elle ? A-t-elle
    été touchée ?
    — Euh… Je…
    L’homme avala sa salive, mal à l’aise.
    — Elle a été tirée de son cheval et un peu malmenée
    pour avoir planté une dague dans celui qui voulait lui voler
    ses bijoux, c’est tout.
    Erik ferma les yeux un instant. Il avait peur que le faux
    pèlerin ne voit ce que révélait son regard et qu’il ne s’enfuie
    avant d’avoir fini son histoire.
    — Elle a été tirée de son cheval, dit-il très doucement.
    Et ensuite ?
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    ELIZABETH LOWELL
    — L’homme a été tiré à son tour, mais il a atterri sur ses
    pieds et s’est mis à faire tourner un fléau d’armes.
    Un sourire froid s’étira sur les lèvres d’Erik.
    — Dieu me pardonne, mais c’était un sorcier avec ce
    fléau d’armes, continua-t-il. J’ai vu bien vite que nous — euh,
    que les voyous — allaient être battus, même s’ils étaient à
    dix contre un.
    Le sourire d’Erik s’élargit, toujours aussi glacial.
    — Puis, la damoiselle s’est mise à les maudire dans une
    langue étrange, et les voyous se sont rendu compte que
    c’était cette sorcière d’ambre dont on entend parler, celle qui
    habite près de ce donjon ?
    Erik hocha la tête sans répondre.
    Le hors-la-loi soupira, soulagé de voir qu’il n’allait pas
    lui poser d’autres questions.
    — Certains voyous ont contourné l’homme pour éviter
    le fléau, dit-il encore. Juste avant qu’ils ne l’atteignent, la sor-
    cière a crié, et le guerrier a sauté et s’est retourné pour faire
    face à ceux qui étaient dans son dos. Et le fléau continuait à
    tourner sans problème. Tout s’est passé en un clin d’œil.
    Erik attendit.
    — Un seul homme est capable de faire ça, expliqua le
    hors-la-loi.
    — Oui, dit Erik.
    Il savait d’expérience que les chevaliers parlaient plus
    souvent de ce mouvement qu’ils ne l’exécutaient avec succès.
    En fait, Erik ne connaissait qu’un seul guerrier réellement
    capable de montrer une telle force et un tel talent. C’était
    même ce qui lui avait donné son nom.
    Le Fléau Écossais.
    — J’aurais aimé voir ça, dit-il.
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    INTERDIT
    Et il le pensait.
    Le faux pèlerin grogna. Visiblement, il aurait très bien
    pu se passer de sa rencontre avec le Fléau Écossais.
    — Que s’est-il passé ensuite ? demanda Erik.
    — Les crapules qui le pouvaient encore se sont enfuies
    comme des chevreuils. La sorcière et le Fléau Écossais sont
    partis au galop.
    — Vers ce donjon ?
    — Non. De l’autre côté. J’ai couru jusqu’ici aussi vite
    que possible, pour vous dire que j’avais vu le Fléau Écossais
    et avoir la récompense.
    Erik observa la lame de son poignard sans rien dire.
    — Vous ne me croyez pas ? demanda le hors-la-loi d’un
    air inquiet. C’était le Fléau. Deux fois plus grand que la plu-
    part des hommes, les cheveux noirs et les yeux clairs, aussi
    fort qu’un bœuf.
    Le poignard étincela