Interdit
tandis qu’Erik le faisait lentement
tourner entre ses longs doigts.
— Ce n’était pas la première fois que je le voyais,
continua-t-il. J’étais à Blackthorne pour… euh… mon pèleri-
nage quand le Fléau a affronté Dominic le Sabre. J’en suis
sûr et certain.
— Oui, dit Erik, je crois que vous avez vu le Fléau
Écossais.
— La récompense, monsieur ?
— Oui, dit doucement Erik. Je vous donnerai une
récompense adéquate pour votre travail du jour.
Les ailes du faucon s’ouvrirent brusquement, surpre-
nant le hors-la-loi, qui recula. À ce mouvement soudain, les
sept chiens de chasse relevèrent la tête pour l’observer.
Le hors-la-loi se figea.
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ELIZABETH LOWELL
— Alfred, dit Erik d’une voix suffisamment forte pour
qu’elle traverse toute la pièce.
— Oui, monsieur !
— Apportez trente pièces d’or.
— Tout de suite, monsieur.
Erik regarda le hors-la-loi, impassible. L’homme sem-
blait mal à l’aise.
— Une petite chose, mon bon pèlerin, dit Erik
doucement.
— Oui ?
— Vide tes poches.
— Quoi ?
— Tu m’as entendu. Fais-le. Maintenant.
La douceur de la voix d’Erik resta égale, mais le hors-la-
loi finit par comprendre ce qui se cachait derrière ses bonnes
manières. Il ne se trouvait pas devant un seigneur gen-
tillâtre, mais face à un guerrier. Les flammes de l’enfer brû-
laient dans ses yeux jaunes. Tremblant, le hors-la-loi se mit à
vider les sacs qui étaient attachés sous ses vêtements.
Erik désigna une table proche de lui de la pointe de son
poignard.
L’homme vida le contenu de son premier sac sur la
table : deux poignards aux lames d’acier et aux pommeaux
d’argent. Ils étaient maculés de sang.
Le sac suivant révéla trois peignes d’argent, dont le style
délicat montrait qu’ils avaient autrefois orné la chevelure de
belles dames. Une longue mèche de cheveux était emmêlée
dans l’un des peignes, comme si on l’avait arrachée à la
tête d’une femme.
Erik observait avec une indifférence apparente, mais en
réalité, ses yeux ne manquaient rien du spectacle.
238
INTERDIT
Du pain, de la viande, du fromage et une poignée de
pièces de cuivre apparurent sur la table. Le hors-la-loi leva
la tête, vit les yeux maléfiques d’Erik et jura dans son souffle.
Un autre sac cracha son contenu sur la table. Cette fois-ci, il
y eut une lueur d’argent et un seul éclat d’or.
— C’est tout, marmonna le hors-la-loi.
— Pas tout à fait.
— Monsieur, je suis aussi vide que le ventre d’une
veuve !
Erik se leva si brusquement de sa chaise que le hors-
la-loi n’eut pas le temps de s’enfuir. Alors qu’il avait été tran-
quillement assis l’instant précédent, Erik enfouissait sou-
dain fermement ses mains dans les cheveux sales du
hors-la-loi, la pointe de son poignard sous sa gorge.
— Souhaites-tu mourir sans te confesser, un mensonge
encore frais sur tes lèvres ? demanda-t-il gentiment.
Le hors-la-loi plongea son regard dans celui d’Erik. Il
aurait préféré être face au diable en personne plutôt qu’avec
le sorcier qui l’observait en ce moment même.
— Je… je… bégaya-t-il.
— L’ambre. Sors-le.
— Quel ambre ? Je ne suis pas assez riche pour… aïe !
Les mensonges cessèrent lorsque la pointe du poignard
pénétra délicatement sa chair. Les mains du hors-la-loi
plongèrent frénétiquement sous sa cape. Il en sortit un autre
sac. Il tira sur le cordon. Un bracelet cassé tomba sur la table
et brilla de nuances d’or.
De l’ambre, pur et transparent, précieux, objet de valeur
que seul un riche seigneur pouvait s’offrir.
Dans le silence s’élevèrent les bruits de pas d’Alfred qui
se précipitait dans la grande salle. Il hésita en voyant qu’Erik
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ELIZABETH LOWELL
tenait son poignard sous la gorge du hors-la-loi. En une
seconde, il avait lui aussi dégainé un long poignard de
combat.
— Vous avez l’argent ?
En entendant la douceur exacerbée de sa voix, Alfred se
dit qu’il aurait aimé se trouver ailleurs.
Tout de suite.
— Oui. Trente pièces.
— Excellent. Donnez-les à ce « pèlerin ».
Alfred lâcha les pièces dans la main tremblante du
hors-la-loi.
— Avez-vous un nom ? demanda Erik.
— B-bob.
— Bob le Traître, peut-être ?
Le hors-la-loi pâlit d’un coup. Il se mit à transpirer.
— Il se sait dans toutes les Terres contestées, dit Erik,
que la jeune femme à qui
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