Interdit
appartient ce bracelet est sous ma
protection.
— Elle est sauve, monsieur, je le jure sur l’âme de ma
mère !
— On sait aussi quelle punition viendra à celui qui ose-
rait toucher Ambre l’Inaccessible.
Le hors-la-loi voulut intervenir, mais Erik parlait tou-
jours, doucement, implacablement.
— Alfred, menez Bob à un prêtre. Qu’il se confesse.
Puis pendez-le.
Le hors-la-loi se retourna et tenta de s’enfuir. Erik lui fit
un croche-pied avec la rapidité d’un serpent qui attaque une
proie. L’homme s’étala en un tas puant aux pieds d’Alfred.
— Ne me fais pas regretter ma clémence.
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INTERDIT
— Clémence ? s’étonna le hors-la-loi.
— Oui, créature. Ma clémence. Conformément à la loi,
je pourrais te couper les mains, les testicules et la peau du
dos avant de te sortir les tripes par les narines, de découper
ton corps en quatre et de laisser ton âme sans confession au
diable pour qu’il s’en repaisse avant le second avènement
du Christ. Mais je suis clément, clama-t-il. Tu pourras te
confesser et tu seras pendu. C’est plus décent que ce que tu
as fait subir à la jeune femme dont les cheveux pendent à ce
peigne d’argent et dont le sang macule ton poignard.
Le hors-la-loi tremblait de peur.
— Vous êtes un sorcier ! Seul un sorcier peut savoir
cela !
— Donnez l’argent et le reste des biens de cette créature
au chapelain pour les pauvres, dit Erik à Alfred.
— Bien, monsieur.
Alfred se pencha et tira le hors-la-loi, toujours à terre.
Juste avant qu’ils n’atteignent la porte pour sortir de la
grande salle, Erik appela son chevalier.
— Alfred !
Il s’arrêta et regarda par-dessus son épaule.
— Oui, monsieur ?
— Quand ce sera fait, brûlez la corde.
Ambre mit pied à terre avant que Duncan ne puisse faire le
tour de son cheval pour venir l’aider. Ses genoux fléchirent
un peu, puis ils soutinrent son poids sans plus de
protestations.
Duncan pinça les lèvres. Il était évident qu’elle ne cher-
chait plus son contact. Il ne lui en voulait pas. Ce qui aurait
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ELIZABETH LOWELL
dû être une douce initiation au mystère du sexe avait été
accompli avec toute la finesse d’un taureau montant une
vache.
— Merci, Egbert, dit Ambre lorsque l’écuyer s’approcha
pour prendre ses rênes. Erik est-il revenu de Sea Home ?
— Oui. Il vous attend dans le quartier seigneurial.
Dépêchez-vous, damoiselle. Il n’est pas de bonne humeur.
Duncan se tourna vers lui, l’air interrogateur.
— Comment cela ?
— Il a fait pendre un homme il n’y a pas une heure.
Ambre se tourna vers lui si brusquement que son capu-
chon glissa, révélant ses cheveux défaits.
— Pourquoi ?
— L’homme avait un bracelet d’ambre dans son sac. La
rumeur dit qu’il est à vous.
Un regard rapide vers son poignet gauche confirma la
peur d’Ambre. Là où s’étaient trouvées trois rangées
d’ambre, il n’y en avait plus que deux. Dans l’agitation de la
bataille — et de ce qui avait suivi —, elle n’avait pas remarqué
qu’elle avait perdu un bracelet.
— Je vois, souffla-t-elle.
Elle releva ses jupons et traversa le mur d’enceinte du
château pour rejoindre le donjon. La porte était grande
ouverte, comme si quelqu’un, à l’intérieur, était impatient de
la voir.
Duncan la rattrapa avant qu’elle n’atteigne l’entrée. Ils
pénétrèrent ensemble dans la salle.
La vision qui les accueillit n’était pas pour les rassurer.
Bien que seuls un chien et le faucon fussent autorisés à
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INTERDIT
rester dans la chaleur de la pièce, leur agitation était de
mauvais augure.
— Qu’entends-je ? Vous avez fait pendre un hors-la-loi ?
dit Ambre avant qu’Erik ne puisse parler.
Après un instant, Erik referma le manuscrit qu’il était
en train de lire. Il regarda Ambre, puis Duncan.
— La pendaison est la punition de tout homme qui ose
toucher ce qui est interdit.
Ambre respirait avec difficulté. Duncan avait fait bien
plus que la toucher.
Et d’une manière ou d’une autre, Erik le savait.
Il plongea la main sous le manuscrit et brandit le bra-
celet d’ambre.
— Ceci vous appartient, je présume ?
Ambre hocha la tête.
Les yeux énigmatiques se tournèrent vers Duncan.
— J’ai entendu dire que vous vous êtes bien battu. Vous
avez toute ma gratitude.
— Ce n’étaient que des voyous, dit Duncan.
— Mais à dix contre vous seul. Armés de
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