Jack Nicholson

important.
    C’était là quelque chose de typique de Nicholson – se battre pour des clauses et des avantages quand d’autres acteurs auraient déjà été bien contents de signer le contrat. Comme il n’avait pas d’expérience dans le milieu, Jack se montrait inhabituellement prudent vis-à-vis des contrats, qu’il lisait de bout en bout. « La première fois que j’ai entendu parler de "frais journaliers", dit John Hackett, c’était avec Jack. J’ai dû lui demander ce que ça voulait dire. Jack touchait toujours les frais journaliers. »
    Bien que le magazine Time ait plus tard prétendu que Nicholson avait « improvisé une réplique pour voler une scène » dans L’Affaire Al Capone, on a peine à remarquer l’acteur et son unique réplique. Alors que les tueurs préparent leur travail en frottant les balles avec une substance, Jack dit : « C’est de l’ail. Si les balles ne vous tuent pas, vous mourez d’un empoisonnement du sang. » Ce fut après l’une des plus brèves de ses apparitions – telles que celles qu’il ferait dans Tommy ou Broadcast News  – que Nicholson devint : il faisait comme s’il s’agissait d’un invité star.
    Le film en lui-même, conçu pour propulser Corman au rang des grands cinéastes, ne fit que confirmer son statut de réalisateur mineur et pérenne. Avec sa colorisation censée produire un effet rotogravure, L’Affaire Al Capone était un film tape-à-l’œil et onéreux, mais aussi ennuyeux, et ni passionnant ni vraisemblable.
    D’aucuns pensent que Bruce Dern, qui est apparu dans quatre films aux côtés de Nicholson – ainsi que dans The Trip, écrit par Nicholson, et Drive, He Said, réalisé par Nicholson – était le meilleur acteur à avoir jamais donné la réplique à Jack.
    Nicholson et Dern s’étaient connus au cours d’art dramatique de Martin Landau, mais ne se voyaient pas de façon régulière. Les deux hommes étaient très différents : Dern, républicain et antidrogue, était un poisson qui avait échappé aux flots déchaînés des sixties. À la ville, Nicholson et Dern avaient beau ne pas être intimes, ils entretenaient une relation de « camaraderie vicieuse », d’après les mots de Richard Rush, s’amusant à se lancer des piques.
    Rebel Rousers, ou Moto Driver, une production à petit budget indépendante et sans liens avec AIP qui empruntait aux Anges sauvages (avec Dern) et à Hell’s Angels on Wheels (avec Nicholson), fut la première des occasions qui leur permirent de faire des étincelles.
    Martin B. Cohen, le producteur-réalisateur, s’était fait les dents à Broadway et dans le « direct » à la télévision. Il avait connu Dern et sa femme d’alors, Diane Ladd, à New York. Dern se vit attribuer le premier rôle et Ladd le premier rôle féminin. Dern recommanda Nicholson pour le second rôle.
    Le casting comprenait également un vétéran des westerns de Kanab, Cameron Mitchell. Et Harry Dean Stanton, le colocataire de Jack, ainsi que le mari d’Ellen Burstyn, Neil, un autre membre du cercle, vinrent grossir les rangs des moto drivers antisociaux.
    Le script était d’Abe Polsky et Michael Kars, mais Cohen avait également été crédité pour ce travail. Cependant, il y eut de très libres improvisations durant le tournage, qui se déroula dans la cité minière abandonnée de Chloride en Arizona, et sur les falaises de Malibu, en février 1967.
    Il n’y rien de vraiment mémorable dans ce film, si ce n’est le costume étrange de Jack. D’après Cameron Mitchell, l’acteur aurait choisi un pantalon de prisonnier rayé et un bonnet « pour se faire remarquer et pour qu’on se rappelle du film pour lui ».
    Il s’agissait d’une histoire très complexe : Dern, en leader de la bande de motards, terrorise un couple (Cameron Mitchell et Diane Ladd) qui se ronge les sangs à propos d’une grossesse non souhaitée. Au moment où Dern commence à prendre conscience de sa cruauté, le personnage plus sadique de Jack le défie de participer à une compétition sportive improvisée sur la plage – le gagnant deviendra le leader et obtiendra le droit de passer la nuit avec Ladd. Mais Mitchell s’enfuit juste au bon moment et revient avec une famille mexicaine, qui, en brandissant bravement des fourches, réussit à disperser les voyous.
    Les scènes jouées par les autochtones de Chloride procurent une certaine saveur au film, mais la photographie, signée là encore Laszlo Kovacs