Jack Nicholson
audition. Ce fut un jeune acteur du même âge que Nicholson, ayant encore moins d’expérience que lui (seulement un film à son actif), qui décrocha le rôle. Et Dustin Hoffman fut propulsé au rang de star.
Le responsable des studios Paramount Robert Evans connaissait Jack et l’appréciait énormément ; il s’agissait là d’une amitié déterminante. Evans tenta de convaincre Roman Polanski de confier à Nicholson le rôle du mari cocufié par le diable dans Rosemary’s Baby. Mais l’audition de Jack ne convainquit pas Polanski. Le réalisateur trouva que l’« apparence assez sinistre de Nicholson ne jouait pas en sa faveur ». Le rôle revint à l’acteur sérieux légèrement plus âgé et mieux établi que Jack qu’était John Cassavetes.
Ce qui est sûr, c’est que Jack essayait de décrocher des rôles, mais qu’il était sans cesse repoussé. À cette époque, en 1967, il n’y avait qu’une personne à Hollywood qui était susceptible d’accepter Jack dans un premier rôle, et cette personne, Richard Rush, était sur le point de tourner Love and Money.
Love and Money avait été réécrit plusieurs fois avant que Betty Ulius n’effectue les révisions finales. Le script originel avait été tellement modifié que le nom de Jack avait disparu de la liste des personnes créditées et que le titre avait été changé pour The Love Children puis Psych-Out.
« Jack était un scénariste très intelligent, un scénariste très éloquent », explique Rush. « Dans ce script, il avait une façon intéressante de verbaliser ses idées. Mais c’était trop excentrique, trop expérimental, pas assez commercial, beaucoup trop audacieux, différent, cérébral. »
Le rôle de Stoney, le chanteur à queue de cheval d’un groupe de rock psychédélique qui se fait un nom à Haight-Ashbury, était resté globalement le même malgré les multiples versions. Il semblait évident – à Richard Rush, mais pas à Roger Corman – que Jack devait incarner le personnage qu’il avait façonné à son image.
« Jack avait conçu le film pour se mettre en valeur, explique Adam Roarke, qui allait également donner la réplique à Nicholson dans Psych-Out. Il y a trente ans, il savait déjà comment concevoir un film pour se mettre en valeur. Jack avait une longueur d’avance sur nous pour ce qui était de comprendre comment Hollywood fonctionnait en tant qu’entreprise. »
Psych-Out devint une « Dick Clark Production », l’une des rares incursions dans la production de films que fit le présentateur de la pérenne émission de danse rock and roll American Bandstand. Les géniaux groupes psychédéliques qu’étaient les Seeds et les Strawberry Alarm Clock (qui apparaissaient brièvement dans le film, jouant sans interruption leur succès mystique Incense and Peppermints) composèrent la bande originale.
Le casting avait été bien mené : Susan Strasberg en fugueuse sourde qui vient à Haight-Ashbury pour sauver son frère de la folie ; Dean Stockwell en hippie plein de zèle qui méprise l’argent ; et encore une fois, Bruce Dern, jouant de façon extravagante le frère de la jeune fille sourde, qui fait une fixation sur le LSD et le Christ.
Adam Roarke, Max Julien et Henry Jaglom se virent confier les rôles des autres membres du groupe. Jaglom avait une grande scène de « bad trip », dans laquelle il était convaincu que sa main s’était transformée en quelque chose de grotesque.
Au moment où l’équipe de tournage arriva à San Francisco, en octobre 1967, le script était déjà dépassé. En deux mois, le Summer of Love était devenu de l’histoire ancienne. Les flower children, que Nicholson avait dépeints comme des esprits libres dans les premières versions du script une année auparavant, avaient commencé à se faner. On vendait des drogues dures dans les rues de Haight-Ashbury, et la commercialisation de la contre-culture avait débuté.
Quand les vans de la production arrivèrent à Haight-Ashbury, certains résidents soupçonnèrent Hollywood de vouloir exploiter le phénomène hippie. Des membres de l’équipe furent menacés par des hommes armés de couteaux. Rush dut parlementer avec les sujets de son précédent film avec Nicholson, les Hell’s Angels, et embaucher des membres de l’organisation de motards pour jouer les gardes du corps. Les réécritures de dernière minute qu’effectua Rush mirent l’accent sur la négativité qui semblait
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