Jack Nicholson
la transition avec Hollywood, personnalités du rock and roll qui, pour certaines, avaient des agents, avocats ou contacts en commun avec les acteurs.
Bob et Bert étaient immergés dans le courant hollywoodien, mais se considéraient comme des anticonformistes par excellence. Bert, en particulier, commençait à s’impliquer dans le Movemen t xxix , assumant les rôles d’organisateur et d’agitateur dans des débats anti-guerre, antiracisme et anticapitalisme. Avec le temps, il deviendrait l’incarnation du chic hollywoodien : il considérait Baba Ram Dass comme une grande figure spirituelle, se lierait d’amitié avec Abbie Hoffman et d’autres leaders de la contre-culture, et financerait Huey Newton et les Black Panthers.
On peut dire qu’à cette époque, c’étaient Bob et Bert les stars, et non pas Jack. Les deux hommes étaient tout aussi charismatiques que lui, et même plus beaux et plus séduisants. Bert, en particulier, était un séducteur, « charmant, doux, tenace, irrésistible et intelligent », d’après les mots de l’actrice Candice Bergen.
Âgé, comme Rafelson, de quelques années de plus que Nicholson, Bert était un grand gaillard au physique de sportif, « le jeune premier de la troupe, d’après Bergen, son fondateur, sa force, son garçon aux cheveux blonds, un Robin des Bois de La Nouvelle-Rochelle ». (Dans ses Mémoires, Knock Wood, Candice Bergen a relaté l’histoire d’amour qui l’a unie, au début des années 1970, avec Schneider, à qui elle attribue le pseudonyme de « Robin », allusion à un surnom qui flattait ses tendances politiques : « Robin des Bois ».)
Par bien des aspects, les trois hommes étaient remarquablement semblables. Ils formaient un groupe jovial et irrévérencieux. Au sein de ce groupe, les caractéristiques de chaque protagoniste pouvaient s’épanouir chez un autre ; Nicholson pouvait s’attribuer et développer certaines caractéristiques de Bob et Bert, et vice versa. Certains des gestes et des mimiques les plus extravagants de Jack trouvent leurs origines dans cette période, et les amis de l’acteur sont incapables de dire qui de Jack, Bob ou Bert en a été le véritable initiateur.
Love and Money, qui soutenait l’idée d’« Ère du Verseau » et défendait le mode de vie hippie, fut confié au réalisateur Richard Rush, qui devait y apporter quelques modifications. The Trip fut quant à lui vendu à Roger Corman.
Ce fut le projet de The Trip qui aboutit en premier. Corman, qui était plus col de chemise amidonné que colliers de perles (« le type le plus carré du groupe de branchés », d’après l’intéressé lui-même), se dit qu’il ferait bien d’essayer le LSD , en guise de préparation. Accompagné d’un groupe d’amis, il se rendit en caravane à Big Sur et prit son morceau de sucre modifié dans une forêt de séquoias du parc national. Il passa les sept heures qui suivirent « à plat ventre sur le sol, sous un arbre, immobile, absorbé dans le plus merveilleux voyage qui ait jamais été imaginé ».
Bien que le personnage principal fût incontestablement inspiré de lui-même, Jack espérait jouer le rôle plus démonstratif du gourou et guide de voyage expérimenté qui orientait le jeune novice dans le monde merveilleux du LSD . Mais de façon assez perverse, Corman confia ce rôle au rival de Jack, Bruce Dern, qui était probablement le seul type de l’écurie AIP qui avait l’air plus clean que le réalisateur. (Dans le film, Dern joue son personnage de façon très sérieuse ; il est le seul, dans la scène où tous les hippies sont rassemblés, à refuser le joint que l’on lui tend.)
Peter Fonda accepta de jouer le rôle de Paul Groves, le directeur commercial travaillant à la télé qui se sépare de sa femme (Susan Strasberg) et qui décide de tester le LSD pour essayer de se vider la tête.
Figuraient également parmi les acteurs Dennis Hopper (en dealer portant un collier de dents), Salli Sachse (en vision récurrente de la petite amie symbolique de Fonda), Barboura Morris (l’ex-femme de Monte Hellman, dans la scène de la laverie automatique) et Luana Anders (qui apparaît brièvement dans une scène de discothèque).
On disait le script de Jack très authentique. Son collègue amateur de LSD Peter Fonda était un expert en la matière : il avait gobé des acides avec les Byrds et les Beatles. Après avoir lu le script de Nicholson, Fonda s’était rendu en
Weitere Kostenlose Bücher