Jack Nicholson

pourrir l’atmosphère. The Trip avait souligné l’aspect positif de la drogue, mais cette dernière engendrait une mort violente dans Psych-Out.
    Avec le rôle qu’il s’était écrit, Jack tentait de se présenter comme un sex-symbol , un élément qui faisait défaut à tous ses précédents films. Stoney est le personnage responsable, le membre du groupe qui se présente à l’heure et qui dirige les répétitions. Il a pour ambition de jouer à l’ Avalon Ballroom  ; sa carrière passe avant tout, même avant les filles.
    Là, pour la première fois, figurent le masque froid, l’indifférence sarcastique voués à devenir une part si importante de la personnalité de Jack. « Rien n’est sacré » pour Stoney, qui n’a pas de scrupule à se moquer d’une jolie fille sourde. Mais derrière le masque, il y a la sensibilité, qui se libère grâce à un cliché hollywoodien – le pouvoir de l’amour.
    Lorsqu’il jouait les scènes d’amour qu’il avait pourtant écrites pour lui-même, Jack semblait nerveux, d’après sa partenaire, Susan Strasberg. Cette dernière pense que cela était sans doute dû au fait que Mimi Machu rôdait sur le plateau et observait le tournage. Ou bien qu’il s’agissait de la conséquence des complexes qui perturbaient peut-être toujours la sexualité de Jack.
    Strasberg venait de tourner une scène d’amour avec Peter Fonda dans The Trip. Fonda avait insisté pour qu’ils jouent nus, alors que Strasberg avait dit qu’elle préférait « faire comme si ». Alors qu’elle tournait la scène de sexe avec Nicholson dans Psych-Out, elle ne put s’empêcher de remarquer que Jack avait gardé son jean et ses bottes, alors qu’elle était elle-même obligée de dévoiler une grande partie de son corps. Elle demanda à Jack s’il pouvait au moins retirer ses bottes. Il chercha à négocier et finit par s’exécuter à contre-cœur. « Je crois qu’aucun d’entre nous ne voulait montrer ses cuisses », se souvient Strasberg.
    « J’admirais la façon que Jack avait de tout ramener à l’essentiel, poursuit Strasberg. Il ne compliquait pas les choses, comme avaient tendance à le faire certains acteurs. Pendant qu’on était en train de tourner la scène de sexe, par exemple, j’ai discuté de la thérapie "reichienne" avec lui. J’avais suivi une thérapie "reichienne", et Jack aussi, je crois. Reich était un homme brillant qui avait des théories complexes, très en avance sur son temps, au sujet de la bioénergie du corps. Et je me souviens que Jack a réussi à condenser tout ça jusqu’à aboutir à : "Tu deviens un meilleur coup." »
    « La qualité que Jack avait, et que je trouvais merveilleuse, même dans un film mineur comme Psych-Out, c’était sa présence  – il avait un véritable sens de la réalité et de la vérité. Et il y avait aussi son amabilité, une qualité innée, un truc qui ne s’apprend pas. »
    Certains aspects de Psych-Out sont incontestablement incongrus (tels que le fait évident que Jack et son groupe de rock électrique ne jouent « pas du tout », d’après Adam Roarke, de leurs instruments). Mais le film révèle une certaine intelligence, l’ensemble n’a pas à feindre son esprit de camaraderie, et l’indispensable Laszlo Kovacs a une fois de plus procuré une magnifique photographie.
    Psych-Out sortit dans les salles en mars 1968. Ce film était, jusqu’ici, le meilleur faire-valoir de Nicholson, et offrait un petit aperçu de l’avenir. Plus encore que Hell’s Angels on Wheels, Psych-Out apparaît comme un véritable film de Jack Nicholson. L’acteur est tout en charme et en ambiguïté, dans toute la force de son célèbre sourire. Pour la première fois, il semble habiter l’univers du récit, être vraiment le personnage qu’il joue.
    Rafelson et Schneider y prêtèrent attention. Ils ne purent s’empêcher de voir dans la succession The Trip-Psych-Out une confirmation de la progression du talent et de l’assurance de Nicholson.
    John Hackett était chez Sandra Knight avec Nicholson, peu de temps avant que leur divorce ne soit prononcé. À genoux dans l’allée, il aidait Jack à réparer les freins de la voiture de Knight, au moment où le téléphone sonna. C’étaient Bob et Bert, qui proposaient à Jack d’écrire un script pour les Monkees.
    Ce serait un film de major. Ce qui signifiait beaucoup d’argent.
    « Il est rentré dans la maison pauvre, et, à nos yeux, il en est