Jack Nicholson
aussi un secret, un secret qui ne ressemblait pas à celui d’Ethel May et de Jack – un secret qui le hantait.
Les Nicholson étaient originaires de Grande-Bretagne. Au moins huit enfants étaient nés de l’union de Bridget Derrig, une Irlandaise du comté de Mayo, et de Joseph J. Nicholson, un cordonnier écossais, qui avait été célébrée en 1854 dans la tradition catholique à Hyde, dans le comté de Kent, en Angleterre. Le fils aîné, Joseph, fut envoyé en Amérique dans les années 1880 pour vivre avec la sœur de Bridget Derrig à Asbury Park. Son père mourut en Angleterre peu de temps après ; et en 1887, alors qu’elle rendait visite à ses autres enfants à Fall River, dans le Massachusetts, sa mère mourut des suites de brûlures engendrées par un atroce accident domestique qui s’était produit alors qu’elle repassait des vêtements.
La plupart des enfants Nicholson s’installèrent à Fall River, où ils se lancèrent, à l’instar des Wilkinson, dans le bâtiment et le textile – rejoignant ainsi le flux des immigrants irlandais qui gagnaient leur vie en qualité de fileurs ou tisseurs, maçons ou couvreurs. Joseph s’installa dans le New Jersey, où il devint garde-frein sur la section Philadelphie de la voie de chemin de fer reliant New York à Long Branch. C’était un homme qui travaillait dur, mais qui appréciait aussi beaucoup les loisirs, et qui (cela doit être transmis avec le nom) était bon public lorsqu’il s’agissait d’évènements sportifs ; Joseph utilisait les jumelles qu’il avait au travail, et dont le cuir était usé et brillant, pour regarder la Coupe de l’America depuis les côtes du New Jersey.
Vers la fin des années 1890, Joseph fit la connaissance d’Ella Lynch, qui vivait non loin de chez lui à Asbury Park. Lynch était la fille d’un fermier irlandais qui venait d’émigrer aux États-Unis. Ils se marièrent ; le mariage fut célébré par un prêtre, car Ella était une catholique très pratiquante.
John J. – J. pour Joseph –, né en 1899 à Staten Island, fut leur seul enfant, d’après son certificat de décès. Mais certains membres de la famille disent que John J. aurait été adopté par Jospeh et Ella – un secret gardé à l’extérieur de son entourage immédiat. Jack n’en a jamais été informé lorsqu’il était enfant ; il est possible qu’il l’apprenne seulement en lisant ces lignes.
À la fin du XIX e siècle, les adoptions n’étaient pas nécessairement officialisées, et les registres de cette époque sont notoirement difficiles à obtenir. Il se peut, comme l’a suggéré l’un des membres de la famille, que John J. ait lui-même été un membre de la famille proche d’Ella, et que celle-ci l’ait pris sous son aile et traité comme son propre fils – une histoire qui rappelle un peu celle d’Ethel May. Les femmes de la famille Nicholson aimaient dire, entre elles, qu’elles n’étaient pas vraiment des Nicholson, mais des Wilkinson et des Lynch.
De toute façon, l’héritage irlandais, très remarqué dans les articles traitant de Jack Nicholson – le magazine Cosmopolitan le présente comme le légendaire « Irlandais ténébreux, plongé au plus profond de son être dans l’obscurité et la douleur de l’existence humaine mais prenant plaisir à se montrer sous un aspect charmant et flatteur » – n’est qu’un composant indéfinissable d’un entrelacement de mystères. Il se peut que pas une seule goutte du sang des Nicholson ne coule dans les veines de Jack Nicholson.
John J. ne put se référer à une figure paternelle, car Joseph mourut très tôt, en 1904, des suites d’une hyperthermie et d’une paralysie. Cet arbre généalogique est dépourvu de figures paternelles fortes. Or, dans les films de Jack, les figures paternelles sont curieusement marquantes. Elles jouent un rôle déterminant dans Cinq pièces faciles et The King of Marvin Gardens ; la paternité est l’un des thèmes sous-jacents de bon nombre de ses films, du Facteur sonne toujours deux fois et Police frontière aux Sorcières d’Eastwick et à Ironweed ; et même dans Easy Rider, l’avocat de l’ ACLU v sudiste qu’est George Hanson s’inquiète de l’approbation de son vieux papa. Parallèlement, et tout aussi curieusement, les mères sont généralement absentes des intrigues, alors qu’elles sont indéniablement présentes dans la véritable histoire familiale.
Ella éleva John J.
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