Jack Nicholson
laisser June briller sous la protection d’Ethel May. Au cours de l’une des pires périodes de la Grande Dépression, Ethel May réussit même à réunir 100 dollars pour envoyer June à New York afin de lui faire suivre des cours de danse folklorique avec claquettes et sabots.
Vers l’âge de 13 ans, June était devenue l’une des étoiles des rubriques « spectacle » des journaux de la côte nord du New Jersey, qui disaient qu’elle avait emprunté « un chemin qui la mènerait probablement à la gloire ».
Sa spécialité était les claquettes. La famille Nicholson avait tissé des liens avec Eddie King, un aimable pianiste et leader de groupe, qui était également professeur d’acrobaties, de théâtre, de chant et de danse. En 1931, l’école de danse de Neptune située à l’intersection de Cookman Avenue et de Bond Street appartenait, d’après l’annuaire de la ville, à deux Nicholson, probablement des cousins de la branche anglo-irlandaise de l’arbre généalogique. Un an plus tard, ce même annuaire mentionnait que l’école appartenait conjointement à Eddie King et June Nicholson, alors que June n’avait que 14 ans.
King était spécialisé dans le management des enfants artistes. Il présentait sur la radio WCAP un programme consacré aux petits prodiges (Eddie King and His Radio Kiddies) et mettait chaque année en scène un spectacle de « caprices enfantins ». June était sa principale protégée. Tous deux se produisaient régulièrement au cours de l’émission de radio de King sous le nom de « Molasses ’n’ January ».
En qualité de duo, King et June apparaissaient régulièrement dans les théâtres de la région pour des spectacles très variés, pouvant aller de la danse moderne à des imitations de vedettes de Broadway. King jouait du piano tandis que June chantait de sa voix d’alto claire et forte tout en dansant ou en parcourant la scène. Ils portaient des costumes brodés d’or (sans doute créés par Ethel May). L’une de leurs originalités était une danse sur escalier ; dans un autre numéro, leurs pieds étaient enchaînés et ils faisaient des pas glissés.
Ils étaient parfois les vedettes de spectacles amateurs ; et au milieu des années 1930, ils commencèrent à trouver de plus en plus d’engagements rémunérateurs. Ils se produisaient généralement pour des organisations de la côte nord – le Elks Club, la Hebrew Society, la Holy Name Society, Odd Fellows, PTA Galas, Gold Star Mothers.
Boys Club. Avec quelques autres radio kiddies de l’écurie de King, ils jouaient aussi dans des théâtres du chef-lieu du comté, Freehold, et d’Asbury Park. À mesure que leur réputation grandit, June et Eddie King entrèrent dans le cercle des vedettes régulières de la salle de bal du Berkeley Carteret Hotel d’Asbury Park, de l’ Hotel Arnold de Point Pleasant et de la Riverview Tavern de Monmouth.
Ils traversèrent les frontières du New Jersey pour quelques spectacles. Ils se produisirent en effet plusieurs fois au Pick and Pat Club de Bayside, à Long Island, sous le nom d’« Educated Feet ».
La famille Nicholson avait un don pour la publicité. Les communiqués de presse, qui avaient sans nul doute été rédigés par June elle-même et retouchés par Ethel May, toujours pleine de ressources, ne présentaient plus la jeune fille comme « la première danseuse d’Asbury Park ». June était devenue « l’une des plus grandes danseuses de claquettes juniors d’Amérique ».
Mais il y avait certaines choses qu’elle n’avait pas besoin d’exagérer pour faire sa publicité. Tout le monde remarquait sa beauté. Elle avait de jolies boucles acajou, un teint de pêche, de belles jambes, et (comme sa mère) une nature douce, quoique obstinée.
Au cours de cette période agitée, June n’était encore qu’une préadolescente. Mais elle ne négligeait pas pour autant ses études – tout comme Ethel May, elle était brillante et précoce. Elle figurait sur la liste des meilleurs élèves de la Neptune High School, notamment pour ses performances en anglais, français, latin et géographie. June faisait partie du conseil des élèves et était membre des Marionettes, un club de théâtre qui montait un spectacle tous les ans.
Mais June ne voyait pas l’intérêt d’éduquer autre chose que ses pieds. Et elle quitta l’école dès qu’elle fut en droit de le faire, c’est-à-dire à la fin de sa deuxième année de
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