Jack Nicholson
suivirent la sortie de Drive, He Said. « L’action qu’il mène au cours du film est à l’image de la vie de Reich ; il avait raison, ce qu’il disait était vrai, personne ne le croyait, ça l’a rendu fou et il est devenu une institution. »
Stimulée par le réalisateur, la prestation de Margotta se révéla forte, incroyablement proche de celles de Nicholson, mais sans le côté chaleureux et espiègle.
La conception du bon goût de Nicholson était radicalement différente de celle des responsables du lycée. La nudité et les scènes de sexe, plus développées dans le script de Jack que dans le roman de Larner, faisaient partie des principales attractions du film dans l’esprit du réalisateur. Les scènes qui se déroulaient dans les vestiaires des hommes et la scène finale où Gabriel, nu comme un ver, traversait le campus d’un air hautain, procurèrent à Jack une joie toute particulière. En privé, il se vantait, comme un gamin qui sait que la bêtise qu’il a commise ne sera pas punie, en disant qu’il resterait dans les annales en tant que premier réalisateur américain à avoir exposé les parties génitales d’un homme.
Il y avait une scène qui était sans doute plus importante encore que les autres aux yeux de Nicholson : celle qui, d’après sa version du script, requérait que Gabriel poursuive Olive dans sa maison avant de la violer. C’était une scène difficile, laborieuse pour les acteurs et les techniciens, qui nécessitait de multiples installations de caméras et de multiples plans « caméra à l’épaule ». (Ce fut cette scène, celle où des oiseaux sortis de leurs cages volaient partout dans la maison, où Karen Black hurlait de terreur, que le réalisateur Milos Forman citerait plus tard comme le « seul éclair de génie de la mise en scène de Nicholson ».)
Toute la journée, alors qu’ils filmaient cette scène violente, Towne et Larner, qui s’étaient ligués contre Nicholson, se disputèrent avec ce dernier. Ils disaient que Gabriel ne pouvait pas devenir un violeur, qu’Olive ne pouvait pas être violée, que si tout cela se passait, les deux personnages perdraient la sympathie du public. Nicholson ne cessait de leur dire qu’ils étaient des « nuls » et qu’ils ne comprenaient pas ce qu’il voulait faire. « Vous pensez à des choses auxquelles je n’ai pas moi-même pensé », leur déclara-t-il.
Mais à la fin de la journée de tournage, cependant, Nicholson finit par céder à leur point de vue. Or, il ne restait que très peu de temps, et il devait réussir à modifier la scène d’une façon ou d’une autre. On finit par choisir de faire arriver au moment opportun – ce qui faisait un peu retomber la tension dramatique – le mari d’Olive, qui réussissait à la sauver in extremis.
Beaucoup des tensions du film et des tensions qui se produisirent sur le tournage étaient le reflet des évènements qui se déroulaient dans la vie privée de Jack. Au-delà de toutes ces tensions d’ordre professionnel, si le réalisateur était distrait sur le plateau, c’était aussi à cause des coups de téléphone nocturne qu’il passait à Mimi Machu en Californie. Même quand Jack se divertissait avec des groupies dans l’Oregon, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer que Machu était peut-être en train d’organiser des fêtes et de s’amuser avec d’autres hommes dans sa propre maison, à Hollywood.
Machu avait pris l’habitude de coucher avec les amis de Jack et de leur confier qu’il était un très mauvais amant. C’était une chose qui lui brisait vraiment le cœur.
Quand Machu arriva dans l’Oregon pour jouer son petit rôle habituel, les enjeux étaient très élevés. La rumeur commença à se répandre : on disait qu’à peine arrivée, Machu avait couché avec l’un des acteurs. Ce fut, pour Nicholson, l’insulte de trop : coucher avec l’un des acteurs que lui dirigeait. Ils se disputèrent devant tout le monde. Machu fit sa brève apparition dans le film puis rentra à Los Angeles.
Peu de temps après, le tournage s’acheva. Plus tard, après la sortie de Drive, He Said, Nicholson fut interviewé par un journaliste du Los Angeles Times qui rapporta que s’il avait décidé de mettre en scène le film adapté du roman de Jeremy Larner, c’était entre autres parce que tout comme lui-même, le personnage central était « une célébrité prise dans des relations personnelles
Weitere Kostenlose Bücher