Jack Nicholson

afro-américaines de l’école, et la date de début de tournage fut fixée au printemps 1970.
    Fred Roos aimait auditionner et découvrir de jeunes acteurs xxxvii , et à Eugene, il fit ce que le pouvoir de Bert Schneider et la sensibilité de Jack lui permettaient de faire.
    Lui et l’ancienne star du basket de l’ UCLA Mike Warren, qui faisait également partie du casting, rassemblèrent quelques-uns des meilleurs joueurs du Pac-10, le réseau de basketteurs lycéens du Nord-Ouest Pacifique. Larner proposa d’organiser quelques séquences de jeu pour Nicholson, mais ce dernier lui fit clairement comprendre qu’il n’avait besoin de l’aide de personne sur le terrain du basket. Au final, certaines de ses séquences se révélèrent « nulles », mais la plupart des spectateurs ne le remarquèrent pas. D’ailleurs, les gens qui ne peuvent pas supporter le film concèdent souvent qu’il comporte néanmoins de « super séquences de basket ».
    Sur le plateau, Jack se montra inhabituellement irritable. Il avait du mal à supporter la pression, assiégé par les innombrables prises de décision qu’implique le statut de réalisateur, contrairement à celui de simple acteur. L’herbe circulait librement sur le plateau (pour certaines scènes, on passa même des joints aux figurants), mais l’histoire qu’ils étaient en train de filmer était une histoire sinistre et l’ambiance sur le plateau était bien loin d’être détendue.
    Lynn Bernay, qui jouait un petit rôle dans le film, faisait également office d’assistante directeur de production pour Nicholson. Elle a, au cours d’une interview, raconté à quel point le stress pesait sur les épaules du réalisateur novice. Parfois, le matin, il semblait même incapable de se lever. Alors que tout le monde était prêt à partir sur le plateau, elle devait secouer Nicholson pour le réveiller et quasiment le sortir du lit.
    Avant le tournage des scènes de basket, il arrivait parfois à Jack d’attraper un ballon et de faire des paniers, restant seul sur le terrain pendant plus d’une heure, tandis que l’équipe de tournage prenait délibérément son temps pour faire les installations. Il essayait de se détendre, de laisser les tensions s’écouler. « On ne pouvait pas aller le voir, se souvient Bernay. Il était là, à faire ses paniers, et on l’attendait assis dans les gradins de l’immense stade. »
    Towne était un fan du roman de Larner, et il agit avec ruse pour ne pas escamoter l’auteur au profit de Nicholson (le tact de Towne, qualité qui semblait toujours fonctionner à son avantage, était légendaire). Towne réécrivit lui-même certains dialogues, mais il demanda à Larner de constituer des variantes de scènes dans lesquelles Jack s’était écarté de l’histoire originelle. Par ailleurs, il y eut beaucoup de modifications de dernière minute et d’improvisations sur le plateau.
    Dern, en particulier, improvisa beaucoup de répliques. Sur le plateau, lui et Jack entretenaient toujours la même relation explosive ; parfois, Dern hurlait d’horribles insultes au jeune réalisateur. Mais une fois les caméras éteintes, le courant passait facilement. Le soir, les deux hommes se relaxaient parfois ensemble, en buvant des milkshakes allongés sur un lit – Nicholson en peignoir, Dern en sweat  – et en regardant, invariablement, du football américain.
    Nicholson avait davantage de souci à se faire avec les deux petits nouveaux. Hector (Tepper) représentait un aspect de lui-même, la star du sport idéalisée. Le poids de beaucoup de scènes reposait sur les épaules de Tepper, qui se révélait hésitant dans ses prestations. Parfois, lui et Nicholson s’enlisaient dans des discussions houleuses. Jack faisait ouvertement l’éloge du jeune acteur, dans le but de l’encourager tout autant que de se convaincre lui-même du fait qu’il était en train de façonner une star.
    Mais pour bien des raisons, le personnage de Gabriel, qui « finit par perdre la raison sous le stress engendré par sa vision du monde », était plus proche de Jack : c’était un loser avec les femmes, doté d’un passé d’éjaculateur précoce (Nicholson avait écrit une scène qui n’existait pas dans le livre et qui laissait entendre ce fait).
    « Gabriel est un personnage influencé par Reich, jeune et révolutionnaire, qui croit à ce que Reich dit à propos de la politique », déclara Nicholson lors des interviews qui