Jack Nicholson

traitement, que le script et le réalisateur mirent en avant. Jack, comme c’était généralement le cas, s’impliqua dans le casting, en recommandant des comédiens qu’il avait connus à des ateliers et des cours au bon vieux temps.
    Au sein de ce groupe d’acteurs, il y avait un petit nouveau – natif du New Jersey, comme Nicholson – qui continuerait de briller dans le futur et faire partie de la vie de Jack dans les années à venir. Danny DeVito fit sa première apparition à l’écran en reprenant le petit rôle de Martini qu’il avait joué sur scène dans une version précédente de Vol au-dessus d’un nid de coucou.
    Le reste du casting était constitué de Christopher Lloyd, William Redfield, Sydney Lassick et Brad Dourif (qui se verrait gratifié d’une nomination à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation du personnage à la sexualité troublée qu’était Billy Bibbitt). Scatman Crothers jouerait l’un des gardiens de l’hôpital. Ken Kenney, l’ancien camarade de lycée de Nicholson, devait dire quelques répliques dans le rôle de l’un des pensionnaires. Will Sampson était une véritable trouvaille. L’homme qui avait été choisi pour incarner Chef Bromden – le patient indien qui prétend être sourd et muet – était un non-professionnel. C’était l’assistant du gardien du Mount Rainier National Park.
    Pour Mademoiselle Ratched, ils avaient besoin d’une femme capable de tenir tête aux fanfaronnades de McMurphy. Forman pensa à plusieurs actrices célèbres, dont certaines, paraît-il, refusèrent le rôle, à cette période du mouvement féministe, à cause de sa misogynie (parmi elles figurait Jane Fonda). Ce rôle déterminant restait vacant, et la date du début de tournage approchait.
    Fred Roos (alors occupé à travailler avec Francis Coppola sur la production du Parrain 2) mentionna le nom de Louise Fletcher. Forman était en train de regarder Nous sommes tous des voleurs de Robert Altman, envisageant l’actrice principale, Shelley Duvall, comme une possibilité pour le personnage de l’une des infirmières, quand Fletcher, qui y jouait un rôle secondaire de façon très efficace, attira également son attention.
    On ne pouvait pas vraiment dire que Fletcher, dont la carrière avait été interrompue par des grossesses et des temps morts, était une star. La personne choisie pour interpréter le personnage de Mademoiselle Ratched ne devait pas se laisser intimider par McMurphy ; elle devait être l’égal de Jack à l’écran. Fletcher était un pari risqué. Forman avait du mal à se décider, et ce ne fut qu’une semaine avant que les caméras soient allumées que le casting fut confirmé.
    À Salem, dans l’Oregon, où la société de production avait obtenu la permission de tourner dans un hôpital psychiatrique, Nicholson avait pris de l’avance sur le reste de l’équipe. Avant que les autres n’arrivent, il arpenta les couloirs, se familiarisa avec le bâtiment, discuta avec le personnel et se mêla aux pensionnaires, observa les patients qui recevaient des électrochocs. Il s’agissait là d’une habitude de recherches préalables qu’il suivait généralement, et ce bien que la plupart des choses qui se produisaient sur les plateaux fussent intuitives et spontanées.
    Après La Dernière Corvée et Chinatown, il était comme un boxeur qui vient de suivre un entraînement, prêt pour le combat. Il était dans les meilleures conditions, tel Mohamed Ali, sportif qu’il vénérait (Jack n’a jamais manqué l’un de ses matchs). Tout comme Ali, Jack s’immergeait dans de longues distractions et d’interminables bavardages. Qui pouvaient être sérieux, ou pas. Mais quand la cloche sonnait, Jack, tout comme Ali, changeait du tout au tout, et entrait dans l’arène avec plus d’un tour dans son sac. Il pouvait voleter avec la légèreté du papillon ou piquer telle une abeille.
    N’importe qui à sa place aurait été détruit par les exigences de sa vie, par le style de vie qu’il avait choisi. N’importe qui à sa place aurait ralenti le rythme ou se serait effondré. Mais Jack s’était construit une énergie physique et émotionnelle dans les sixties . Il était de constitution étonnamment solide, avait une personnalité blindée. Sa philosophie de la vie lui permettait de diviser les choses entre jour et nuit, intime et public, divertissement et affaires professionnelles.
    Au travail, il