Jack Nicholson

sur les modifications apportées au script et en travaillant en étroite collaboration avec le réalisateur sur le plateau. Nicholson était aux côtés de Rafelson lors des projections vidéo des scènes difficiles. Jack avait découvert la vidéo au cours du tournage d’ En route vers le sud et l’avait conseillée avec succès à divers réalisateurs – Hal Ashby, Milos Forman, Stanley Kubrick.
    Il y avait des moments d’intimité entre l’acteur et le réalisateur. Mais « Nicholson n’aimait pas répéter », d’après Rafelson, qui ajoutait : « Alors on ne le faisait pas vraiment. Il se disait en lui : "Allons directement au fait." Mais cet "Allons directement au fait" avait été préparé depuis très, très longtemps en ce qui concernait les attitudes du personnage, un point qui n’a rien à voir avec la façon dont on déclame les répliques ou l’endroit où l’on se positionne. »
    Comme toujours, Nicholson préférait ne pas parler de son jeu d’acteur. Il communiquait avec Rafelson via un langage codé qu’ils avaient développé au fil du temps. « Avec Curly, déclara Nicholson à l’occasion d’une interview, on parle plus en termes de "résultats". » Il est évident que les scènes de sexe du Facteur sonne toujours deux fois jouaient un rôle déterminant pour Nicholson, étaient un élément, à l’instar de la nudité frontale de Drive, He Said, qui domina sa pensée tout au long du tournage.
    Pour le tournage des scènes de sexe, Rafelson se débarrassa de tous les membres de l’équipe dont la présence n’était pas strictement nécessaire. Le réalisateur et Nykvist s’occupèrent des deux caméras. On avait pris la décision stylistique de minimiser la nudité, mais sans faire de concessions sur l’aspect sexuel. Ce qui était en accord avec les romans de Cain, plus suggestifs qu’explicites.
    « Dans tous les films adaptés de mes livres, naturellement, des détails sexuels ont été omis, écrit Cain. Mais vous serez sans doute surpris d’apprendre qu’il y a beaucoup moins de détails de ce type dans mes livres. Les gens pensent que j’écris des choses crues ou que je fais de voluptueuses descriptions des charmes de mes héroïnes, mais ce n’est pas le cas. Les situations sont souvent torrides, et il me semble que c’est pour cela que le lecteur a l’illusion de lire des choses sur le sexe. Mais en réalité, ces choses ne prennent que très peu de place. » Pour Psych-Out, presque dix ans plus tôt, Nicholson avait gardé son pantalon. Désormais, il était impatient d’être « vu nu » dans les scènes de sexe, et d’apparaître si possible tumescent. L’un des flashs de nudité présente un plan postérieur de l’acteur. « À une époque, j’ai passé une année à me promener nu dans ma maison pour essayer de me sentir à l’aise avec cette idée » de nudité, déclara Nicholson aux journalistes.
    Mais son idée de tumescence ne fonctionna pas. « Il y avait un plan que je voulais faire, déclara Nicholson à un journaliste, dans la scène où il (Frank) lui fait l’amour pour la première fois (à Cora), où il la pousse contre le billot – moi pris sous un angle inversé, tout habillé mais avec la gaule, parce que ça ne s’était jamais vu au cinéma. Je savais que cette image étrange serait sensas . »
    « Alors, je suis monté à l’étage et j’ai fait tout ce que j’ai pu pendant quarante-cinq minutes, mais ce n’est pas venu, parce que je savais que tout le monde était en train d’attendre. Certains diront peut-être que je suis un pervers, mais à mon avis, ça aurait été extrêmement artistique xlviii . »
    Le script suivait les scènes du livre quasiment pas à pas. Seuls les dénouements étaient différents : le roman s’achevait sur le départ de Frank pour la chambre à gaz ; la dernière scène du film était celle de l’accident de voiture qui coûtait la mort à Cora et au bébé qu’elle portait, Frank s’effondrant sur ses genoux. Une fois de plus, Jack sanglotait dans un film de Rafelson. C’était devenu une sorte d’emblème pour le réalisateur et l’acteur, un acte de contrition qui enrichissait et excusait le macho.
    Le tournage du Facteur sonne toujours deux fois se déroula sur trois mois en hiver et au printemps 1980. À l’instar de celui de Shining, le plateau était fermé aux visiteurs, à cause des scènes de sexe, à cause de l’ambiance qui pouvait être mauvaise quand