Jack Nicholson
il s’était poudré le visage avec de la poussière de craie – jouant ainsi le Joker avant l’heure. (« J’avais toujours des problèmes de discipline. ») Jack sauta une classe, la cinquième, grâce à ses bonnes notes.
Virginia Doyle, l’un de ses professeurs de quatrième, était particulièrement proche de lui. « Il n’a jamais dit qu’il voulait faire carrière dans le cinéma, a relaté Doyle au cours d’une interview, mais il parlait tout le temps d’art dramatique, et bien sûr il était toujours le premier à se porter volontaire quand on organisait un spectacle. Mais au fond de moi, j’ai toujours pensé qu’il ferait une brillante carrière dans les relations publiques, ou bien dans un métier lié à la communication. »
« Son intelligence n’était pas livresque », poursuivait Doyle. « Et puis il essayait de ne pas trop montrer à quel point il était intelligent. Il ne voulait surtout pas passer pour un intellectuel. »
Doyle se souvient que Jack essayait de faire de « joyeuses » farces à tout le monde. Quand il était en quatrième, quelqu’un lui avait donné un authentique ballon de l’équipe des 49ers, qu’il apportait tous les jours à l’école. « Je lui disais : "Jack, tu ferais mieux de le laisser sur mon bureau, parce que tu sais ce qui va se passer ; si tu commences à le lancer dans la salle, je devrais te le confisquer." Et il répondait toujours : "Non, ne vous inquiétez pas. Je vais le laisser sur mon pupitre jusqu’à ce qu’on sorte pour la récréation." Et bien sûr, à la minute même où je tournais le dos pour écrire au tableau, il se mettait à le lancer dans la classe, et je le lui confisquais, et il passait tout le reste de la semaine à essayer de me convaincre de le lui rendre avant le vendredi, jour où l’on devait normalement rendre les objets confisqués aux élèves. Il essayait de négocier avec moi, il promettait de me rendre toutes sortes de services. C’était devenu une sorte de blague entre nous. »
Le spectacle de quatrième était destiné à récolter des fonds pour un voyage scolaire à Manhattan. Vêtu d’une jupe fendue et d’un haut laissant apparaître ses épaules, Jack présidait une rangée de joueurs de conga déguisés en Carmen Miranda, agitant des maracas et chantant en playback la version Frank Sinatra de Managua, Nicaragua : Ev-ry day is made for play and fun cause ev-ry day is fiesta, un air qui devait trouver une résonance particulière dans l’esprit d’un petit garçon.
Mais Mrs Doyle avait le sentiment, lors des longues discussions qu’elle avait avec Jack, qu’au-delà de l’humour et des colères feintes du garçon, il y avait un certaine tristesse. « Dans le fond, se souvient-elle, c’était le plus sérieux de tous les garçons. Il était très malheureux, déçu par son père ; et toutes ces blagues joviales, j’ai toujours eu l’impression qu’elles étaient là pour dissimuler sa tristesse. »
À l’âge de 13 ans, Jack obtint son diplôme de l’école primaire – la promotion 1950. Tout le monde était en tenue de soirée. Sur la photo de remise de diplômes de la classe, on peut voir, au bout du troisième rang, un Jack potelé et couvert de taches de rousseur en costume, avec une cravate et un œillet à la boutonnière.
Jack organisa une virée au cours de laquelle tous les jeunes garçons diplômés allèrent couper des roses dans les jardins du quartier pour décorer la salle de cérémonie. Et il surprit son professeur préféré en apportant un gâteau d’anniversaire pour sa fille, qui avait quelques années de moins que lui. Puis Jack eut une attention pleine de tendresse que Mrs Doyle n’oublierait jamais – il s’arrangea pour que tous les garçons de son âge, un à un, invitent sa fille à danser.
Conformément au programme des chansons, hymnes et marches processionnelles, Jack entonna la « prophétie de la classe ». Mais personne ne se souvient de ce qu’il a pu dire sur l’avenir de la classe – ou sur celui de l’un des éminents élèves de cette promotion.
Nicholson aborde rarement le sujet de la religion dans les interviews ou avec ses amis. La plupart des gens de son entourage qui ont été interviewés pour les besoins de cet ouvrage ont été surpris d’apprendre que, suivant l’exemple de John J., Jack avait reçu une éducation catholique dans le New Jersey.
Jack fut baptisé en 1943 à la Church of Ascension de
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