Jack Nicholson
trouvaient dans sa maison. Mais peu de ressentiment social ressort des nombreuses interviews qui ont été données par Jack. Jack envisageait la vie comme un acteur – depuis un poste d’observation. Et le jeune garçon intelligent et agité qu’il était considérait qu’être tiré vers le haut et avoir la possibilité de se mélanger aux autres était une occasion unique à saisir.
Jack notait les choses et les enregistrait dans sa mémoire, des observations sur les gens qui l’aideraient, plus tard, lorsqu’il composerait ses personnages, des caractéristiques qui commençaient à s’assembler pour former une personnalité, un ensemble de traits distinctifs qui allait constituer son moi unique.
La Manasquan High School représentait une véritable avancée – des bâtiments spacieux, des méthodes d’enseignement modernes, un corps étudiant majoritairement blanc et middle class. C’était un nouveau monde, et Jack fit des efforts à la fois pour s’intégrer et pour cultiver une image sulfureuse afin de se démarquer.
Son professeur principal et professeur d’histoire de première année se souvient très bien du jeune Jack, 13 ans – « bien habillé, avec une chemise et une cravate qui contrastaient avec celles de ses camarades, plus négligés » –, qui se montrait toujours poli et aimable avec tout le monde.
Cette chemise et cette cravate d’étudiant en première année sont les derniers signes que l’on peut trouver de la volonté du jeune Jack Nicholson d’essayer de plaire à ses aînés. « Il fallait absolument s’assembler avec ceux qui nous ressemblaient » a bien souvent répété Jack au sujet de ses années lycée. Le lycée de l’Amérique d’Eisenhower était le règne du conformisme.
Nous ne voulons pas dire par là qu’il s’agissait d’un adolescent qui flirtait avec la criminalité. La vie de Jack était très éloignée du modèle de celle des délinquants catholiques irlandais dépeints par James T. Farrell dans les « Studs Lonigan ». Quand Nicholson incarna Weary Reilly dans l’adaptation cinématographique de ces romans, il dut exagérer et il surjoua un peu.
Mais il y a peut-être pourtant une comparaison à faire entre la vie de Jack et l’idée de Farrell selon laquelle en l’absence de meilleures influences, « la rue devient un puissant facteur éducatif » pour les personnages prolétaires et marginaux. Lorraine était désormais occupée à élever ses propres enfants, et, curieusement, Ethel May accordait à l’adolescent beaucoup de liberté. « Ils (ma famille) me laissaient plus ou moins seul », raconterait Nicholson au Ladies’Home Journal à propos de ses années d’adolescence. « J’étais le seul gamin de l’école qui n’était jamais obligé de rentrer chez lui – à partir du moment où je passais un coup de fil pour dire que tout allait bien. » Ayant sauté une classe, Jack avait un an de moins que la plupart de ses camarades. Il était petit, potelé, avait les cheveux en brosse et de grandes dents. Il était intelligent, et cela le gênait. Ce n’était pas cool d’être trop intelligent.
Des années plus tard, sur le plateau de The King of Marvin Gardens, l’actrice Ellen Burstyn écoutait Jack discourir de façon éloquente à propos d’un sujet quelconque. Surprise par la portée et la profondeur de son intelligence, elle s’exclama : « Tu es vraiment brillant, Jack ! Pourquoi est-ce que tu joues toujours les imbéciles ? » Et Jack répondit : « Eh bien c’est juste que je n’ai personne à qui parler de ça, Burst ! »
« Ce que Jack était en train de me dire, commente Burstyn, c’est qu’il cachait son intelligence pour pouvoir discuter avec tout le monde. Je pense que c’est un trait distinctif qui a joué un rôle très important dans la personnalité qu’il a développée. »
Si le nom de Jack apparaissait très souvent dans les livres d’honneur de ses première et deuxième années de lycée, il se fit de plus en plus rare avec le temps. Apparaître sur les livres d’honneur n’était vraiment pas quelque chose de cool. Jack avait toujours de bonnes notes, mais il commençait à changer. Il cherchait à aiguiser sa réputation de « polisson à taches de rousseur », d’après ses propres mots, en se faisant connaître pour ses mauvais tours et commentaires sarcastiques.
L’un de ses professeurs, George Bowers, était chargé de lui enseigner à la fois les
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