Jack Nicholson
interviews et de mes articles précédemment publiés figurent dans les notes de cet ouvrage.
À la ville comme à l’écran, Jack m’intéresse, me distrait, me charme. J’ai toujours aimé le voir, l’interviewer. Son extrême amabilité fonctionne à son avantage, aussi bien au cinéma qu’en face à face. Elle contribue à l’exceptionnel enthousiasme général que provoque chacune de ses actions.
J’ai fait partie des privilégiés qui ont été admis sur le plateau à l’accès restreint de La Bonne Fortune où j’ai pu observer Jack et Warren Beatty mettre en œuvre leurs complexes plans lors d’une journée ensoleillée de 1974 à Santa Paula, en Californie. L’article que j’écrivis pour le Boston Globe du dimanche fut tellement apprécié par Columbia Pictures qu’un responsable me téléphona pour me demander la permission de l’utiliser pour des brochures destinées à la promotion du film. Je me souviens que l’attaché de presse avait étrangement insisté sur le fait que la référence que j’avais faite aux imperfections physiques de Jack avait ennuyé l’acteur et devrait être supprimée du texte. J’avais trouvé bien étrange qu’une personne si célèbre – et séduisante, de mon point de vue – ait ne serait-ce que remarqué cette petite allusion à son crâne qui commençait à se dégarnir.
J’ai aussi fait partie des journalistes qui ont été envoyés par avion à New York au cours de l’automne 1975 pour l’un de ces galas organisés pour la presse qui paraissaient être devenus rituels à cette époque : la première nationale de Vol au-dessus d’un nid de coucou. Avec beaucoup d’autres, j’étais assis dans la grande salle de conférence où les producteurs, Saul Zaentz et Michael Douglas, le réalisateur, Milos Forman, et Nicholson répondirent (parfois de façon digressive) à une vaste diversité de questions, souvent brutales, avec décontraction et humour. Plus tard, en 1976, le soir de la cérémonie des Oscars, j’étais dans les coulisses quand Nicholson et Vol au-dessus d’un nid de coucou raflèrent leurs récompenses, au milieu de tous les journalistes qui posaient des questions aux vainqueurs et notaient leurs réponses. Avant même d’avoir remporté son premier Oscar, Jack était connu pour être un partisan de l’industrie du cinéma. À chaque fois que j’étais à Los Angeles, pour de petites visites ou de plus longs séjours, je l’apercevais à des cérémonies, des hommages publics ou des projections spéciales.
En 1980, j’ai eu une expérience plus personnelle : une soirée près de Santa Barbara sur le plateau du remake du Facteur sonne toujours deux fois à interviewer les acteurs et les techniciens pour le magazine American Film. Nicholson se comporta de façon très réservée jusqu’au moment où, très tard dans la soirée, poussé par un attaché de presse, il s’approcha de moi et entama la conversation. Il semblait se souvenir de nos précédentes rencontres et nous parlâmes longtemps. Je me souviens de sa mauvaise humeur – ses diatribes pouvaient s’insinuer furtivement en vous – mais il se montra chaleureux lorsqu’il évoqua le sujet de Drive, He Said. Il apprécia le fait que j’avais beaucoup aimé le premier film qu’il avait mis en scène et que je le considérais comme l’un des rares films sincères qui aient été faits sur la vie dans les campus dans les sixties .
Mais à l’époque où Le facteur sonne toujours deux fois sortit dans les salles, j’avais changé de position : j’étais devenu le rédacteur en chef de la section art et divertissement du magazine Playgirl. Entre autres tâches, je devais organiser des interviews de célébrités et des séances de photographies pour les couvertures. Si Jack s’était bien prêté au jeu des interviews pour les magazines depuis qu’il avait été propulsé sur le devant de la scène par Easy Rider, avec les années, il commençait à se montrer plus sélectif et plus réfléchi vis-à-vis des choix liés à son image (il détenait sans doute le record du nombre d’interviews accordées à Rolling Stone). Il n’accorda pas d’interviews à Playgirl. Cependant, l’un des journalistes de notre équipe, David Thomson, rédigea un essai qui portait un point de vue admirateur sur sa carrière, et nous mîmes une photo de la star en smoking en couverture du numéro dans lequel il parut. Nicholson nous fit savoir – via ses attachés de
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