Jack Nicholson

immédiatement identifiable partout où il se rendait, Nicholson acceptait toujours de signer des autographes. Quand le magazine Autograph établit sa liste 2008 des dix meilleurs et des dix pires « signeurs d’autographes » de Hollywood, Nicholson figurait à la quatrième place, derrière Johnny Depp, Matt Damon et George Clooney. Mais Jack était le seul septuagénaire qui gardait une bonne place dans cette liste depuis près de quarante ans.
    Son comportement n’était pas toujours exemplaire. Jack était tout à fait capable de lancer des regards menaçants, assis dans son siège, lors des matchs décevants des Lakers, ou d’effectuer des petites danses pour défier les représentants de l’autorité. Personne n’a jamais oublié le jour où il a montré ses fesses aux journalistes étrangers lors des Golden Globes 1999. En juin 2007, pendant la cérémonie des MTV Awards, diffusée sur une chaîne nationale, Nicholson, manifestement « ivre », d’après un journaliste du Los Angeles Times, lâcha plusieurs « put…» sur la scène (Jack s’était vu décerner le prix du meilleur méchant pour sa prestation dans Les Infiltrés ).
    Mais avec l’âge, il y avait moins de transgressions publiques, semblait-il. Si Jack faisait toujours des escapades à Londres et passait toujours ses vacances à Saint-Tropez en compagnie de Lara Flynn Boyle ou d’une troupe non identifiée de jeunes femmes, s’il était toujours un rolling stoner, il était aussi un puissant doyen de Hollywood susceptible (comme cela se produisit en mars-avril 2008) de faire la couverture du magazine de l’ AARP (American Association of Retired Person’s lxi ).
    Nicholson était de plus en plus souvent cité dans les notices nécrologiques d’autres personnes, par exemple après la mort de Michelangelo Antonioni en 2007, ou, preuve de sa popularité, quand Carmen Rocha, une femme qui avait été pendant de nombreuses années serveuse à El Cholo, un restaurant mexicain de Los Angeles, mourut en 2008. Lorsque son compère de 73 ans, Dennis Hopper – qui disputait un combat public difficile contre le cancer de la prostate et une dure bataille judiciaire liée à son divorce d’avec sa cinquième femme – finit par obtenir son étoile sur le Walk of Fame de Hollywood en 2010, Jack, qui avait le même âge, était présent, vêtu d’une « chemise sensationnellement laide décorée du drapeau américain et de l’image des deux motards condamnés d’ Easy Rider  », comme l’écrivit Manohla Dargis dans le New York Times.
    Démocrate depuis toujours, il fut dans le camp des perdants lors de la bataille des élections primaires 2008, où il avait préféré soutenir Hillary Clinton plutôt que Barack Obama. Rob Reiner avait monté des petites séquences de Jack dans une vidéo intitulée « Jack and Hillary » qui fut largement visionnée sur YouTube. Plus tard, en août 2009, il fit partie de la foule de personnes qui s’étaient rassemblées pour les funérailles du sénateur Edward Kennedy à Boston.
    Le golf, pour cet ancien sportif frustré, était devenu un plaisir du troisième âge sûr. Année après année, Nicholson, de son tapis d’entraînement, avait dû envoyer des centaines de balles de golf jaunes au fond du canyon qui se trouvait derrière sa maison de Mulholland Drive. La plupart du temps, il jouait dans des country clubs huppés avec ses amis de toujours. Il disait pouvoir effectuer un parcours en 64 ou 65 coups, mais ces scores étaient entachés par l’une de ses règles personnelles : « Quand je suis sous pression, je triche. »
    La plus importante de toutes les règles de golf de Jack était : Pas de téléphone portable.
    « Certaines personnes marquent des points et ne le savent jamais », disait son ami Elmer Valentine, qui dirigeait le Whisky A Go-Go. « Avec Jack, quand on marque des points, on le sait. » Valentine mourut lui aussi à la fin de l’année 2008. Nicholson, Michelle Phillips et l’ex-Monkees Mickey Dolenz firent partie de ceux qui se rassemblèrent pour honorer le propriétaire du club après sa mort.
    « Bien lourde est la couronne. », méditait Frank Costello (Nicholson) dans Les Infiltrés. Pendant deux ans, le Roi de la colline passa les scripts au crible. « Alors qu’Al Pacino et (Robert) De Niro sautent sur l’argent et acceptent de faire des films commerciaux », écrivit Patrick Goldstein dans le Los Angeles Times le 22 avril 2008, jour du soixante