Jack Nicholson
leur intelligence, leur besoin compulsif de rester dans l’histoire. Ils inventèrent une affaire, un mode de vie et une attitude, l’art et l’industrie du cinéma. Ils célébrèrent leur succès en achetant des œuvres d’art pour déposer sur leurs cheminées, des Rolls-Royce Corniche pour garer dans leurs allées, en s’entourant de ravissantes femmes blondes et bronzées.
Mais juste à côté du cadre de leur portrait doré, qui était l’une de leurs plus grandes créations, figuraient l’immigrant affamé, la personne déplacée, l’enfance perdue, et le vide de tout ce qui avait été laissé derrière.
Ils pouvaient s’appeler Schwartz, ou Nicholson ; leurs véritables noms de famille pouvaient être Furcillo-Rose ou King.
Jack et ses amis avaient donné beaucoup de noms à Monsieur Tout-le-monde : John J., Jackie, Buck, Chubs, Jacko, the Kid, the Great Seducer, the Weaver, Johnny Hunger, the Jackser, Happy Johnny, Spanking Jack, G.P.W. , the Rock Star, the King of the Hill, the Money.
Le public le connaissait sous le nom de Jack Nicholson, mais il s’était réinventé, à la ville et à l’écran, en devenant George Hanson, Bobby Dupea, Billy « Bad Ass » Buddusky J.J. Gittes, David Locke, Randall McMurphy, Henry Lloyd Moon, Jack Torrance, Garrett Breedlove, Charley Partanna, le diable, le Joker, Melvin Udall et tous ses autres inoubliables personnages – sans oublier le dernier, Charles de Everyting You’ve Got.
Ce sont des personnages qui resteront pour toujours enfouis dans le subconscient de l’Amérique tels des éclats de verre. Des personnages qui font partie du mythe de Jack, mais aussi de celui de l’Amérique. Des personnages, tout comme Jack – malgré la gloire et la fortune, son remarquable succès et son persistant sourire –, perturbés dans leurs relations familiales et amoureuses, allergiques aux happy ends, et sceptiques vis-à-vis du rêve américain.
Telle est (à ce jour) la vie de Jack.
Épilogue
L’histoire de la rédaction d’un livre est comme l’ombre d’un objet en mouvement.
« Pourquoi as-tu décidé d’écrire un livre sur Jack Nicholson ? » « Est-ce que Jack a coopéré à la rédaction du livre ? » (tout le monde, même les parfaits étrangers, semble se sentir en droit d’appeler par son prénom cette très populaire star du cinéma). « Comment peux-tu écrire une biographie de cette personne alors qu’elle est toujours en vie et très active ? » Telles sont les questions que l’on m’a posées au cours des deux années et demie durant lesquelles j’ai effectué des recherches et interviewé les amis, membres de la famille et associés de Mr Hollywood pour me préparer à écrire ce livre sur la vie de Jack.
Les gens curieux ont le droit de savoir. Je suppose que j’ai commencé à m’intéresser à Jack Nicholson, à titre personnel, il y a environ vingt-cinq ans, à l’époque où, à l’instar de millions de gens, je suis allé voir Easy Rider et ai été captivé par l’homme qui jouait George Hanson, l’avocat sudiste alcoolique qui est le martyr du film. Il y avait quelque chose chez cet acteur dont j’entendais le nom pour la première fois (comme la plupart des gens, je n’avais jamais entendu parler des prestations de Nicholson dans les films de Roger Corman devenus cultes en France) qui semblait transcender le film et me parler de façon directe. J’ai commencé à m’intéresser à ses interviews et à porter un regard admiratif sur sa vie.
Depuis ce temps, beaucoup de choses sont venues consolider l’admiration que j’éprouve pour Jack – sa filmographie depuis Easy Rider, bien sûr, mais aussi, dans une certaine mesure, la façon dont il a choisi de vivre sa vie. Pour écrire une autobiographie, j’ai besoin de porter un regard admiratif sur le sujet. Je ne comprends pas ce qui motive les gens qui écrivent des livres sur des célébrités en adoptant un point de vue supérieur ou rebuté.
Dans les années qui ont suivi Easy Rider, j’ai travaillé pour plusieurs journaux, magazines et revues de cinéma sur les deux côtes, à Boston et Los Angeles (et, occasionnellement, dans quelques villes entre les deux). J’ai eu la chance de rencontrer Jack plusieurs fois et d’écrire à son sujet pour diverses publications : le Boston Globe, American Film, Focus on Film ( GB ), Playgirl. En un sens, ces articles ont été les brouillons de certaines sections de ce livre. Plusieurs de mes
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