Jack Nicholson
consacraient à l’écriture. Jack se mit à travailler sur un script avec l’un de ses meilleurs amis, Don Devlin. John Hackett et John Herman Shaner commencèrent eux aussi à écrire. Ils se lançaient tous dans l’écriture – s’imaginant dans les premiers rôles des scripts sur lesquels ils travaillaient.
Écrire leur faisait passer le temps et ajoutait un vernis de sophistication à leurs ambitions. Les gens qu’ils admiraient le plus, leurs véritables héros, étaient ces réalisateurs, pour la plupart étrangers, qui écrivaient les films qu’ils mettaient en scène, et dans lesquels ils jouaient parfois.
Aucun des membres du cercle d’amis de Jack ne doutait de ses capacités à écrire. S’il pouvait faire de longs discours, il était parfaitement en mesure d’écrire. S’il savait jouer, il pouvait écrire. Écrire – n’était-ce pas, d’ailleurs, ce qu’ils faisaient en essence dans les cours d’art dramatique lorsqu’ils improvisaient ?
« L’idée d’écrire nous est venue, à tous, par désespoir, explique Shaner. On avait une envie folle de jouer, mais on n’avait jamais de travail. On était des jeunes hommes vigoureux pleins d’énergie, d’enthousiasme, de rêves, et de sperme. »
« On pensait que 1) si on écrivait un script, on pourrait peut-être obtenir un rôle dans le film. 2) On avait besoin d’argent pour vivre. 3) C’était quelque chose qu’on pouvait faire en attendant de décrocher des rôles. 4) C’était une question de dignité, être capable de faire quelque chose soi-même et de ne pas dépendre de quelqu’un d’autre pour trouver du travail. Ça vous mettait dans une position plus digne et plus respectable que celle des autres acteurs sans travail. »
Pour ce qui était de l’écriture, ils ne s’inspiraient pas des cinéastes étrangers mais de gens qui se trouvaient plus près d’eux et qui avaient déjà pris le taureau par les cornes : Eastman et Towne. Plus particulièrement Towne, dont la zone d’influence était grande.
Au sein du cercle, Towne avait sans doute dû être sacré à contre-cœur roi de l’érudition ; son amour de la littérature était honnête et sincère. Comparé aux autres, c’était un personnage énigmatique. Il ne parlait pas beaucoup, il n’était pas poseur. Mais quand il décidait de peser dans la compétition, il était très intimidant.
Le courant était tout de suite passé entre Towne et Nicholson, le jour même où ils s’étaient rencontrés. Leurs personnalités opposées – introvertie et extravertie – étaient complémentaires. Jack surnommait Towne « Beaner xiv » ; Towne appelait Jack « Jocko xv » puis, lorsqu’il eut appris à le connaître (et bien qu’il ne fût âgé que d’un an de plus que lui), « the Kid xvi ». Après l’avoir vu jouer l’une de ses premières scènes dans les cours de Jeff Corey, Towne dit à Nicholson : « Kid, tu vas devenir une star du cinéma. Je vais écrire des scripts pour toi. » Jack afficha son sourire de contentement. Et Towne afficha le sourire du prophète sûr de lui.
Quand Devlin déclara qu’il avait besoin de quelqu’un pour l’aider à écrire un script – une histoire non conventionnelle sur Hollywood, une tranche de vie exposée du point de vue d’un jeune acteur luttant pour réussir –, Jocko suivit l’exemple de Beaner et s’autoproclama scénariste, rejoignant ainsi Devlin.
Fred Roos, l’un des nouveaux venus dans le cercle, prit note de l’association Devlin-Nicholson. Ce jeune homme à la voix douce, diplômé de la Hollywood High School et vétéran de la guerre de Corée, avait lui aussi été à l’ UCLA avant de finir, tout comme Nicholson, dans un service courrier – celui de la MCA .
Très vite, Roos, à la MCA , fut promu au rang d’agent junior. Il représenta la femme de Don Devlin, qui était actrice. Issu d’une famille républicaine, Roos finit par adopter un point de vue et un style de vie libéraux, et par découvrir qu’il avait beaucoup de choses en commun avec les gens qui se rassemblaient dans la maison de Devlin.
Roos avait l’œil d’un directeur de casting. Bien qu’il n’ait eu l’occasion de voir Jack que dans très peu de films, il trouva tout de suite que le jeune acteur-scénariste dont il fit la connaissance chez Devlin avait une personnalité dynamique. Le credo de Roos, c’était que si les gens étaient intéressants d’un point de vue personnel,
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