Jack Nicholson
demandé : "Mon pote, est-ce que tu crois que je suis attiré par lui ?" Je lui ai dit : "Quoi ?" Il m’a dit : "Est-ce que tu crois que j’éprouve un désir homosexuel pour lui ?" Je lui ai dit que non. Il m’a dit : "Parce que, ça expliquerait le fait qu’on soit si proches." Je lui ai dit : "Non, c’est des ados. Les ados sont comme ça. Vous vous disputez pour la même fille. Je ne pense pas que vous vous disputeriez pour la même fille si vous étiez amoureux l’un de l’autre. Tu vas un petit peu trop loin, là." »
« Je suis resté bouche bée. Cet acteur, si jeune, qui s’intéressait à toutes les possibilités de relations entre les personnages. Mais j’avoue qu’à l’époque, je voulais tellement que le film soit tourné rapidement que j’étais plutôt dans l’esprit : "Pense ce que tu as envie de penser." »
Le tournage renforça le lien entre Nicholson et Monte Hellman, qui, à la demande de Corman, s’était mis à s’occuper de la caméra et du son. Quand des difficultés survinrent avec le doublage et quand la post-production commença à s’éterniser, l’aide de Hellman se révéla déterminante.
« C’est à ce moment-là que Jack et moi sommes devenus amis, se souvient Hellman. J’ai beaucoup discuté avec Jack et je lui ai dit qu’il devrait passer derrière la caméra. C’est aussi à ce moment-là qu’on a décidé de nous mettre à écrire ensemble. Jack avait vraiment l’étoffe d’une star, mais il avait aussi le potentiel pour devenir plus qu’un simple acteur. Il s’intéressait à tellement de choses. C’était quelqu’un de très brillant, qui regardait les choses de façon globale, et non pas avec une vision de myope limitée au simple rôle qu’il pouvait jouer dans quelque chose. »
Sur le papier, 1960 fut une très bonne année pour Jack Nicholson, marquée par la sortie de quatre de ses films.
Too Soon to Love fut sur les écrans en hiver. Quelques critiques le hissèrent au rang d’équivalent américain de la « nouvelle vague ». Mais à cause d’une distribution limitée, peu eurent la chance de voir et de juger le film, ainsi que la très brève prestation de Nicholson.
Au printemps sortit La Petite Boutique des horreurs. Quand Nicholson alla voir le film au Pix, à l’angle de Sunset et de Gower, il fut étonné par la façon dont le public réagit à sa scène brève mais marquante : tous les spectateurs étaient pliés en quatre.
La Petite Boutique des horreurs a été comparé à un croisement entre Dragnet et le magazine Mad. Présenté hors compétition à Cannes cette année-là, ce film allait jouer un rôle essentiel dans la mise en place de la réputation de Corman en Europe. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des classiques de cinéma de quartier du producteur-réalisateur, prisé par les cinéphiles pour de nombreuses raisons, dont la contribution comique de Jack Nicholson dans un rôle secondaire.
La première apparition comique de Nicholson fut le seul aperçu que le public put avoir, dans toutes ces années de films d’horreur ou de films de délinquants juvéniles à petit budget, du côté amusant de l’acteur, qui, quand il le voulait, pouvait se révéler très drôle.
Rapidement monté par le réalisateur Lerner et le producteur Yordan, Studs Lonigan sortit dans les salles au cours de l’automne 1960. Certains critiques admirèrent la solennité et le côté documentaire du film, mais d’autres lui reprochèrent son aspect tronqué et son manque de force dramatique.
Par bien des aspects, The Wild Ride, qui sortit également en automne, s’apparentait au futur L’Halluciné pour Jack le comique. Si le scénario reposait en grande partie sur des clichés éculés à propos de la Cool Generation , les efforts effectués par la production ajoutèrent néanmoins un plus. Le premier film dont Jack fut la star, The Wilde Ride, est devenu un must pour les fans, et ce en particulier parce qu’il n’existe pas d’autres archives d’époque mettant tant en valeur les talents du jeune acteur.
Par une ironie du sort, au moment où The Wild Ride sortit dans les salles, les deux héros du film rompirent à la ville. Georgianna Carter, qui ne joua jamais dans un autre film, avait toujours pensé (comme la plupart des amis de Nicholson) qu’elle se présenterait un jour devant l’autel avec Jack.
« On a rompu parce qu’on s’est disputés à propos de mariage, commente Carter. J’ai
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