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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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païens adorent le diable, c'est sûr. Ils tuent leurs prisonniers, leur enlèvent la peau du crâne et s'en font d'odieux trophées.
—Puis, appuya Claude de Pontbriand, ils vivent comme les mahométans avec plusieurs femmes ; voire leurs filles sont si débauchées qu'elles s'abandonnent à tout chacun avant d'être mariées.
—Ah ! plaignons-nous de ça ! dit lestement le galant Charles de la Pommeraye.
—Messieurs, je vous engage à plus de décence dans vos comportements avec elles, repartit Cartier d'un ton sévère. Nous ne sommes pas venus ici pour semer la corruption, mais pour y répandre la vertu.
Les jeunes seigneurs échangèrent entre eux un sourire quelque peu ironique.
—Si ce n'était que cela, dit timidement Étienne Noël ; mais, mon oncle, ces barbares ont un défaut bien honteux qui doit leur être inspiré par l'enfer : avez-vous remarqué qu'ils portent au cou une petite peau de bête, en lieu de sac, avec un cornet de pierre ou de bois, puis à toute heure tirent du sac une certaine herbe, en font poudre et la mettent en l'un des bouts dudit cornet ; ensuite posent un charbon dessus et sucent par l'autre bout, tant qu'ils s'emplissent le corps de fumée, tellement qu'elle leur sort par la bouche et les nasilles, comme par un tuyau de cheminée [Relation de Jacques Cartier.] ?
—Pouah ! exclama avec dégoût Pontbriand. J'ai voulu éprouver cette poudre. Il semblait que c'était du poivre tant elle était chaude.
—C'est quelque détestable invention qu'ils tiennent de leur Cudragny, dit Cartier [Qu'en pensent nos millions de fumeurs civilisés ?].
—Sans compter, ajouta Guillaume Le Breton, qu'ils pratiquent le vice contre nature !
—Pas possible !
    —J'en suis certain.
Cette réponse souleva un cri général de réprobation.
—Allons, allons, reprit le capitaine Cartier, doucement ; ne nous montrons pas trop rigoristes pour ces pauvres ignorants. Nous ne sommes pas déjà si sages, tous tant que nous voici. Quel est celui de nous qui jamais n'outragea le Seigneur ? Ayons de l'indulgence pour le prochain. Que notre conduite lui soit un exemple. Dieu a bien fait tout ce qu'il a fait. Nous le prierons de nous prêter sa lumière pour éclairer ces aveugles, et peut-être feront-ils, un jour, l'honneur de sa Sainte Église ! Admirez, d'ailleurs, la beauté du pays, sa fécondité, l'excellence des aliments qu'il produit. N'est-ce point réjouissant ? Voyez ces arbres magnifiques qui bordent les rives du fleuve ; ces champs de blé sauvage qui se déploient à perte de vue ; ces cerfs, daims, ours, lièvres, lapins [Castors, et non lapins, comme l'a dit un éditeur. La petite rivière de la Bièvre, à Paris, signifie la rivière des castors. Ces animaux existaient dans l'ancienne Gaule. On en trouve même encore quelques-uns à l'embouchure du Rhône.], écureuils, qui apparaissent à chaque instant sur la plage ; et cette multitude d'oiseaux : grues, cygnes, outardes, oies, canards, pigeons, perdrix, pluviers, dont les bois et les airs sont remplis ; et cette infinie variété de poissons, comme baleines, chevaux et loups marins, saumons, truites, maquereaux, mulets, bars, brochets, esturgeons, carpes, brèmes, éperlans aussi bons qu'en rivière de Seine, qui fourmillent dans les eaux ; contemplez tous ces trésors naturels et dites-moi si cette terre n'est pas une terre de Promission ? Qu'en penserez-vous, mes chers amis, si nous trouvons, comme on me l'a assuré, à Hochelaga, capitale de ce vaste empire, des mines d'argent, d'or et de pierres précieuses ?
En prononçant ces paroles, le brave marin s'était animé, contre son habitude.
    Son mâle visage rayonnait de tous les feux du génie.
Il disait vrai, toutefois.
Elles étaient réellement d'une fertilité luxuriante les contrées qu'ils côtoyaient depuis leur départ de Sainte-Croix, qu'ils avaient quittée le 19 septembre (malgré les représentations intéressées des aborigènes), pour pousser aussi loin que possible leur reconnaissance.
Le galion l'Émerillon et deux barques avaient été affectés à ce voyage. Cinquante mariniers et tous les gentilshommes composaient l'équipage, bien pourvu d'armes et de munitions. Le reste des aventuriers avait été laissé sur les deux autres navires.
Caressée par les ailes des plus riantes espérances, la gaieté régnait à bord de l'Émerillon. A la splendeur du paysage qui se déroulait lentement sous les yeux, se joignait l'incomparable pureté, du ciel,

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