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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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activités de groupe en classe, alors que naguère j’avais travaillé joyeusement
avec Rehan. Au lieu de cela, le professeur devait souvent demander : « Qui
peut me rendre le service de faire équipe avec Daniel ? » Mais
personne ne voulait, et souvent, je devais travailler seul, ce qui me convenait
tout à fait.
    ~
    Mon père m’apprit à jouer aux échecs
quand j’avais treize ans. Un jour, il me montra l’échiquier et les pièces dont
il se servait pour jouer avec ses amis, en me demandant si je voulais qu’il m’apprenne.
J’acquiesçai : il me montra le mouvement des pièces et quelques règles
élémentaires. Mon père était un autodidacte et ne jouait que pour se divertir. Pourtant
il fut très surpris quand je gagnai notre première partie. « La chance
sourit aux débutants », dit-il en remettant les pièces sur leurs positions
de départ. Nous jouâmes une deuxième partie, que je gagnai encore. À ce
moment-là, mon père pensa que cela valait la peine de m’inscrire au club d’échecs.
Il en connaissait un, juste à côté de la maison, et me dit qu’il m’y emmènerait
la semaine suivante.
    Les échecs impliquent de nombreux
problèmes de logique. Le plus célèbre, mon préféré, est connu sous le nom de « tour
de cavalier », une suite de mouvements avec le cavalier qui doit parcourir
toutes les cases de l’échiquier sans passer deux fois sur la même case. Le
cavalier se déplace en L, deux cases verticalement et une horizontalement
 – ou l’inverse. Beaucoup de mathématiciens célèbres ont travaillé sur ce
problème. Une solution simple consiste à utiliser la règle de Warnsdorff, selon
laquelle chaque mouvement du cavalier doit se faire vers la case qui lui
permettra le moins  » de mouvements au coup suivant. Ci-dessous, un
exemple du problème de « tour de cavalier » résolu :

    Le club d’échecs dans lequel je jouais
était à vingt minutes de la maison. J’y allais à pied avec mon père toutes les
semaines et il venait me chercher en fin de soirée. Le club se réunissait dans
une salle près de la bibliothèque et était dirigé par un petit homme, Brian, qui
avait le visage ridé comme un pruneau. Il n’y avait que des tables, des chaises
et des hommes, vieux pour la plupart, penchés sur des échiquiers. C’était très
calme quand on jouait, à l’exception du bruit des pièces sur l’échiquier, le
tic-tac de l’horloge, des chaussures qui battaient la mesure et du murmure des
néons. Mon père me présenta à Brian et lui dit que j’étais un débutant très
timide mais très désireux d’apprendre. Il lui dit aussi que je prenais beaucoup
de plaisir à jouer. On me demanda si je savais placer les pièces en position de
départ. J’acquiesçai. Brian me pria alors de m’asseoir à une table libre avec
un échiquier et une boîte de pièces et de les disposer pour commencer la partie.
Quand j’eus fini, Brian appela un homme âgé avec de grosses lunettes qui s’assit
en face de moi pour une partie. Brian et mon père se tenaient debout, un peu en
retrait. Ils me regardaient déplacer nerveusement mes pièces. Cela dura une
demi-heure, jusqu’à ce que mon adversaire couche son roi. Je ne sais ce que
cela voulait dire. Brian vint vers moi : « Bien joué, tu as gagné ! 
    J’adorais aller au club une fois par
semaine. Ce n’était pas bruyant et je n’avais pas à parler ni à me soucier des
autres joueurs. Quand je ne jouais pas, j’empruntais à la bibliothèque
municipale des livres qui traitaient des échecs. Bientôt cela devint mon seul
sujet de conversation. Je prétendais même que je voulais être professionnel
quand je serai grand. Je fus très heureux quand Brian me demanda si je voulais
affronter d’autres clubs en compétition, car cela voulait dire que je jouerais
encore plus. J’acquiesçai immédiatement. Les compétitions avaient lieu pendant
la semaine, mais on demandait à l’avance à chaque joueur s’il était disponible.
Brian proposa de venir me chercher en voiture, parfois en compagnie d’un autre
membre de l’équipe. Les tournois se déroulaient avec plus de rigueur sportive
qu’au club. Chaque joueur devait consigner par écrit chaque mouvement sur une
feuille de papier fournie à l’avance. Je gagnais très souvent et je devins un
membre régulier de l’équipe.
    Après chaque tournoi, je prenais la
feuille de papier et je rejouais la partie sur mon échiquier, à la maison, assis
sur le

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