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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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rester.
    De même avec l’éducation physique. Je prenais beaucoup de
plaisir dans les sports individuels  – le trampoline et le saut en
hauteur, par exemple, que j’aimais beaucoup. Malheureusement, la plupart des
cours étaient consacrés à des jeux collectifs comme le rugby ou le football qui
réclamaient un vrai jeu d’équipe. J’ai toujours redouté le moment où les
capitaines sont désignés. À tour de rôle, ils
choisissent leurs coéquipiers jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un : moi,
toujours. Ce n’était pas que je ne puisse courir vite ou frapper dans un
ballon, mais je n’arrivais pas à interagir avec les autres joueurs de l’équipe.
Je ne savais pas comment me placer, quand faire une passe ou quand laisser le
ballon à un autre joueur. Pendant un match, il y avait tellement de bruit
autour de moi que j’étais ailleurs sans même m’en rendre compte. Je ne savais
plus ce qui se passait autour de moi jusqu’à ce qu’un joueur ou l’entraîneur
vienne me voir et me demande de « faire attention   »
ou « d’être concerné   ».
    Même avec l’âge, je trouvais toujours difficile d’avoir des
relations avec mes camarades de classe et de me faire des amis. Pendant les
premiers mois au collège, j’ai eu la chance de rencontrer Rehan, un
Anglo-Indien dont la famille avait émigré en Grande-Bretagne, cinquante ans
plus tôt. Rehan était grand et maigre, avec des cheveux très épais et très
noirs qu’il brossait fréquemment. Il gardait d’ailleurs toujours une brosse à
cheveux dans son sac. Les autres élèves de l’école se moquaient de lui à cause
de son apparence inhabituelle  – il lui manquait deux incisives et sa
lèvre supérieure portait une cicatrice à la suite d’un accident d’enfance.
Peut-être parce qu’il était trop timide et nerveux, et, comme Babak, d’une
certaine manière un étranger, nous devînmes amis et passâmes beaucoup de temps
ensemble. Rehan était la personne à côté de laquelle je m’asseyais
toujours, la personne avec laquelle je parlais de choses qui m’intéressaient. Pendant
ce temps, les autres enfants jouaient sur le terrain de sport et dans la cour
de récréation. Parfois Rehan me récitait de la poésie. Il en lisait beaucoup, en
écrivait lui-même et était très intéressé par tout ce qui était mots et langage.
C’était quelque chose que nous avions en commun.
    Rehan adorait Londres et visitait régulièrement
la ville en utilisant le métro. Il allait dans des quartiers historiques où des
poètes célèbres avaient vécu et se rendait à la mosquée de Wimbledon pour la
prière du vendredi. Il fut surpris de découvrir que je ne connaissais presque
pas Londres, à part les quelques rues autour de la maison, alors que pourtant j’y
avais vécu toute ma vie. Ainsi, le week-end, Rehan s’arrangeait parfois pour
que je l’accompagne dans ses voyages en métro, pour aller voir la Tour de
Londres, par exemple, Big Ben ou Buckingham Palace. Il m’achetait un ticket et
descendait avec moi sur le quai où nous attendions l’arrivée du train. C’était
sombre et humide. Je me souviens qu’en regardant mes pieds, j’avais remarqué
une allumette brûlée et un paquet de cigarettes écrasé avec cette inscription :
« Attention : fumer nuit gravement à votre santé ».
    Dans le train, Rehan me montrait la carte
des différentes lignes et stations de métro : jaune pour la Circle Line ,
bleu pour la Victoria Line , vert pour la District Line . Le train
nous secouait et faisait beaucoup de bruit. Je n’aimais pas le centre de
Londres. C’était plein de gens, de sons, d’odeurs, de visions, de signes, et il
y avait trop d’informations pour que je puisse les assimiler : ma tête me
faisait mal. Quand Rehan m’emmenait dans des endroits calmes, loin de la foule
des touristes et des visiteurs, comme les musées, les bibliothèques ou les
galeries d’art, je me sentais mieux. J’aimais beaucoup Rehan. Il m’inspirait
toujours la sécurité.
    Pendant mes années de collège, Rehan fut
souvent malade et de plus en plus souvent absent. Progressivement, je dus
apprendre à faire sans lui, ce qui n’était pas facile. Je devenais vulnérable
et mes camarades se moquaient de moi, qui n’avais pas d’amis du tout. Quand la
bibliothèque était fermée, je passais le temps des récréations à marcher en
rond dans les couloirs, tout seul, jusqu’à ce que la cloche sonne. Je redoutais
les

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