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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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cri :
    – Liberté ! Liberté pour le peuple !…
    – Oh ! Oh ! fit le capitaine goguenard. Liberté ? Qu’est-ce que cela ?
    Presque au même instant, une autre clameur s’éleva, puis s’éteignit.
    – Bon ! dit Tanneguy qui avait entendu, ceux-ci crient contre les impôts. Eh bien, à la bonne heure, je comprends… Mais liberté ? Que diable cela peut-il signifier ?
    Il se tut brusquement. Et cette fois il pâlit, car d’autres clameurs passaient, plus violentes, des voix plus impérieuses, des accents plus menaçants, et cette fois, on criait :
    – Bourgogne ! Bourgogne ! Vive Bourgogne !…
    – Armez-vous, bourgeois ! Tendez des chaînes !…
    – Monseigneur de Bourgogne est avec le peuple ! Nous sommes sauvés !…
    Tanneguy du Chatel avait, avec des meubles, bouché l’ouverture qu’il avait faite. Il avait aussi tant bien que mal rejoint les battants de sa porte à demi démolie. Il jeta un coup d’œil sur ces sommaires travaux qu’il avait effectués seul.
    – C’est sûr ! songea-t-il. Les gens de Bourgogne vont faire quelque mauvais coup. Ces damnés ruffians viendront ici, je ne puis en douter. Je serai pris comme un renard et ne pourrai même pas me défendre puisqu’ils ont l’autre jour défoncé la porte.
    La conclusion de ces peu agréables réflexions fut une bordée de jurons après laquelle le digne capitaine résolut de jouer un mauvais tour aux Bourguignons en décampant. En effet, il lui était venu une idée.
    – Attendre ici le signal du sorcier, se disait-il, c’est vouloir me livrer aux brigands de Jean sans Peur. Mais si je m’en vais, et que ce brave suppôt du diable m’envoie ici l’homme dont il m’a parlé ?… Eh bien, je vais tout simplement aller m’installer chez le sorcier lui-même.
    Content de cette résolution, Tanneguy du Chatel se mit aussitôt en route et descendit l’escalier, mais avant de gagner le large, il voulut faire une dernière visite à ses caves, d’abord parce qu’il avait grand’soif, et ensuite parce que son escarcelle était vide.
    Sans la moindre hésitation, Tanneguy creusa le sol à l’endroit où il avait aidé le chevalier de Passavant à enterrer le trésor – la dot de Roselys.
    Il y puisa tranquillement le nombre d’écus dont il pensait avoir besoin, – pas un de plus, pas un de moins. Puis, avec le plus grand soin, il recouvrit le trésor. Tanneguy du Chatel n’éprouva pas le moindre scrupule. Il n’eut même pas la pensée que ce qu’il faisait là n’était peut-être pas absolument légitime. Tanneguy, en puisant dans le trésor qui ne lui appartenait pas, n’eut ni réflexions, ni scrupules : il prit simplement ce dont il avait besoin. Il n’eût pas réfléchi davantage si, le trésor lui appartenant, il eût eu à donner pareille somme à son ami. Il eût donné sans réflexion ni scrupule : il prenait de même.
    Une fois lesté, Tanneguy du Chatel quitta son logis. Il était à ce moment près de midi.
    Cinq minutes après le départ du capitaine, un homme arriva en courant au logis de la rue Saint-Antoine : c’était l’envoyé de Saïtano.
    Tanneguy, cependant, descendit la rue dans la direction de la Grève, se mêlant à la foule, et suivant les bandes plus ou moins armées.
    Cette surexcitation du matin s’était calmée en apparence. On n’entendait plus les cloches.
    Les bandes qui passaient ne criaient plus. Mais elles n’en paraissaient peut-être que plus redoutables, bien qu’elles fussent à peine armées de quelques pertuisanes.
    Ces bandes étaient d’ailleurs composées presque entièrement de femmes et d’enfants. Mais ces femmes, presque toutes mal vêtues, avaient de ces visages qui font frissonner. Mais ces enfants hâves, maigres, beaucoup d’entre eux, pieds nus dans la neige, disaient aussi qu’une force mystérieuse se levait : cette force s’appelait la misère.
    Où allaient ces bandes maintenant silencieuses ?
    Sans doute elles ne le savaient pas elles-mêmes.
    On avait entendu le tocsin ; on s’était assemblé, par rues, par quartiers ; on s’était mis en route, au hasard.
    Mais il était évident que ces gens étaient soutenus par une idée ferme, et qu’ils avaient un mot d’ordre. L’idée et le mot d’ordre se confondaient dans un nom : Bourgogne !
    Tanneguy, retroussant ses grosses moustaches et roulant des yeux, avançait lentement, la main à la garde de la rapière, prêt à mettre flamberge au vent.
    Il

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