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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sans Peur.
    Il y eut, comme nous l’avons dit, quelques cris brefs, quelques exclamations inarticulées, et, tout de suite, la bataille commença entre Jean de Bourgogne et Passavant. Le duc était un rude ferrailleur, ferme comme un roc. Il subit sans broncher le furieux assaut du chevalier. Son œil sanglant cherchait le passage pour l’atteindre à la poitrine. La volonté de tuer était formelle dans ce regard. Une minute, ce fut un éblouissement d’éclair, un crépitant rappel de chocs d’acier. Passavant était un vivant tourbillon. Sans doute, dans un rapide coup d’œil de côté, il vit Odette étendue, car on l’entendit soudain sangloter, jeter des cris déchirants ; sa figure devint livide, et ce fut horrible, alors, cet homme qui se reculait pour l’élan, se précipitait comme un bélier, attaquait à droite, à gauche, cherchait à tuer, tout cela en sanglotant éperdument.
    Devant ce furieux tourbillon, devant cette tempête d’où jaillissaient des fulgurations, Jean sans Peur recula ; bientôt, il fut acculé au mur…
    À ce moment, Isabeau se mit en marche, la dague au poing ; elle vint, par derrière, sur le chevalier, et la dague qui avait tué Odette, elle la leva sur Hardi de Passavant. Elle gronda :
    – Meurs ! Meurs avec celle que tu aimes !…
    Et son bras demeura suspendu sans s’abattre. Un étau de fer serrait le poignet. Quelqu’un avait happé la reine et la tirait en arrière. Isabeau, écumante, se retourna et vit le geôlier impassible, vraiment impassible, et, chose stupéfiante, infiniment respectueux. Il poussa la reine dans l’angle opposé et dit :
    – Majesté, laissez faire, ou je vous tue…
    Dans cette seconde, Jean sans Peur, haletant, désemparé, fou de rage, vit qu’il allait mourir. Son épée sauta. Il vit le fer de Passavant se lever pour le coup suprême… et alors… Passavant demeuré figé, les yeux agrandis, l’esprit exorbité…
    Les deux bras d’Odette venaient de l’enlacer au cou…
    Odette criait. Dans une explosion de toutes les forces d’amour et de douleur condensées en elle, Odette criait ceci :
    – Passavant ! Passavant ! Laisse-moi mourir, mais ne tue pas mon père.
    Les trois ermites.
    Comme on a vu, ils étaient entrés chez le roi, décidés à le tuer. Ocquetonville était là, derrière la porte, qui surveillait. Et il avait douze hommes d’armes avec lui. Les trois ermites étaient donc acculés au suprême geste d’exorcisme qui devait délivrer le roi de la folie, et de la vie. Bruscaille était terrible. Bragaille était ferme et se disait qu’après tout il n’était pas à son coup d’essai. Brancaillon pleurait…
    Tous trois s’avancèrent. Le roi ne les reconnut pas tout d’abord à leurs physionomies convulsées. Puis, tout à coup :
    – Oh ! pourquoi sans vos frocs qui vous vont si bien ?…
    Il eut un cri d’épouvante :
    – Pourquoi ces dagues ?
    Ils ne répondirent pas. Bruscaille, le premier, leva la dague…
    – Hardi ! Hardi ! Passavant le Hardi !…
    La lointaine clameur les pétrifia. Ils s’arrêtèrent, haletants, l’oreille tendue.
    – C’est lui ! dit Brancaillon.
    – Que me voulez-vous ? râla le roi. À moi ! À moi ! On veut me tuer !…
    – Hardi ! Hardi ! Passavant le Hardi ! répéta la clameur qui les avait immobilisés.
    – C’est lui ! rugit Brancaillon. C’est lui ! Il nous appelle !
    – Mort du diable ! vociféra Bragaille, quand il nous appelle, nous ne connaissons plus de maître !
    – Allons ! hurla Bruscaille.
    Ils firent demi-tour et s’élancèrent. Le fou les vit disparaître, vision enchevêtrée de gestes furieux, et il demeura pantelant, sous le coup d’effroi de ce cauchemar soudain apparu et plus soudainement évanoui.
    En bonds rapides, les trois se ruèrent vers le point d’où était partie la clameur, c’est-à-dire qu’ils sortirent par la porte opposée à la salle où attendait Ocquetonville.
    Bruscaille, Bragaille et Brancaillon atteignaient la salle d’honneur des appartements d’Odette. D’un coup d’œil, ils virent la scène. La forte rapière à la main droite, la dague au poing gauche, ils apparurent, formidable trio d’estafiers capable à ce moment de tenir tête à une armée.
    Mort du roi fou.
    Ocquetonville, cependant, écoutait. Il était revenu là, sans doute à la suite d’ordres reçus. L’oreille à la porte du roi, il écoutait la bataille que livrait le fou contre les trois

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