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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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d’action. Saïtano la surveillait avec une active attention et l’admirait plus encore que tout à l’heure dans la rue.
    – Hardy est donc en danger de mort ? interrogea Laurence.
    – Et seule vous pouvez le sauver !
    Laurence jeta un regard oblique sur Roselys, n’osant pas affronter l’aventure de la regarder en plein. Et elle dit :
    – Je suis prête. Où faut-il aller ? Que faut-il faire ?
    – Jean sans Peur ! Jean sans Peur ! rugit en lui-même Saïtano, voici ton châtiment qui se met en marche ! Où vous devez aller ? reprit-il à haute voix. Je ne sais. Je dois rester ici. Je dois ici combattre corps à corps la mort assise au chevet de ce lit. Je dois faire vivre votre fille ! À vous de faire vivre Passavant ! Pour cela, il suffit de paralyser celui qui veut le tuer…
    – Et qui veut tuer Hardy ? râla Laurence éperdue.
    – Jean de Bourgogne !
    Laurence baissa la tête… Une pâleur livide s’étendit sur ce visage que l’effort avait jusqu’ici enfiévré. Elle se mit à grelotter. Elle parut s’abandonner aux forces dissolvantes. Saïtano la saisit par les deux mains, se pencha sur elle, et, comme s’il eût lu dans la pensée de Laurence :
    – Ne vous accusez pas ! dit-il d’une voix de volonté majestueuse. Ne dites pas que vous payez maintenant votre faute de jadis. Ce n’est pas vous qui avez commis la faute ; le criminel, c’est lui. Fourbe, lâche, sacrilège, c’est lui qui trompa votre candeur. Allez ! Soyez brave, soyez forte. Vous portez là, dans votre sein, l’arme qui peut tuer l’imposteur.
    – Ce parchemin ? bégaya Laurence.
    – L’acte de votre mariage avec Jean de Bourgogne, époux déjà de Marguerite de Hainaut. Allez à lui, bravement, saisissez-le au milieu de sa cour, accusez-le hautement de sacrilège et forfaiture, montrez la preuve, et vous verrez ses vassaux eux-mêmes s’emparer de lui et l’arrêter.
    – Et Hardy ? frissonna Laurence.
    – Jean sans Peur arrêté, la terrible accusation qu’il porte contre Hardy de Passavant tombe d’elle-même, elle tombe, dis-je ! Elle retombe sur Jean sans Peur ! Mais allez ! Il est temps !…
    Laurence, alors, cessa de regarder Roselys, même de son mince filet de regard oblique ; elle sentait qu’un coup d’œil la riverait à sa fille et qu’elle ne pourrait plus s’en détacher. Elle sortit de la chambre, et aussitôt Saïtano se mit à l’œuvre.
    Hors du logis Passavant, Laurence marcha, portée par le raisonnement qui demeurait ferme sous les afflux de douleur, comme une roche de granit sous les vagues de la marée qui déferle à grand fracas. Les flots s’élancent, se roulent, se gonflent et hurlent, mais la roche est là, inébranlable. Ainsi se lamentait la douleur de Laurence. Mais sous cette douleur, presque inconsciente, la raison demeurait ferme.
    Laurence prit donc le chemin de l’Hôtel Saint-Pol.
    Là était le centre d’action de Jean sans Peur. Là elle pourrait saisir l’ennemi et le dompter.
    Elle déboucha sur la place de Grève, pleine de rumeurs, vaste conflit de mouvements houleux et de clameurs imprécises. Au centre, l’îlot noir se dressait, funèbre plate-forme sur laquelle se détachaient des formes grêles dans l’éloignement : le bourreau et ses aides sur l’échafaud.
    *
    * *
    Il nous faut maintenant revenir à l’Hôtel Saint-Pol et rentrer dans cette salle d’honneur que quittaient Laurence, portant Roselys dans ses bras, et Saïtano. Passavant, au moment de l’irruption des gens d’armes appelés par Jean sans Peur et Isabeau de Bavière, s’était campé devant la porte que venait de franchir Laurence. Ils étaient cinq pour tenir tête à une quarantaine de solides batailleurs armés de haches, de masses et de lourdes épées à double tranchant.
    – Il suffit de tenir ici quelques minutes, songeait Passavant.
    C’est tout ce qu’il pensait. Sans doute Roselys était vivante en lui, sans doute son esprit divaguait confusément le long de ce double plan de prodigieux étonnement : qu’Odette, c’était Roselys ; et que Roselys était la fille de Jean sans Peur. Mais toute sa pensée active se condensa pendant deux ou trois secondes sur la nécessité de tenir là quelques minutes… de tenir sans frapper Jean sans Peur ! Allait-il mourir ? Roselys était-elle morte ? Si elle vivait encore, sortirait-elle de l’Hôtel Saint-Pol ? Et la reverrait-il jamais ? Aucune de ces questions ne se dressa en

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