Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
Laurence, plus de Roselys. Une vague pensée, dans un tantième de seconde inappréciable, lui formula qu’elles étaient bien sauvées, et ce fut d’une étrangeté extra humaine qu’en ce laps de temps si bref il songea doucement, avec une infinie douceur, à rejoindre Roselys. Aussitôt, ce fut fini. Il continua de frapper ; soudain, il s’arrêta net : Jean Sans Peur était devant lui ! Le père de Roselys !…
    Jean Sans Peur avait vu tomber Ocquetonville.
    Ce fut alors qu’à grand effort il se fraya passage parmi ses gens, se dirigeant sur le chevalier. Une sorte de rage le transportait. De ses quatre estafiers, confidents de ses pensées, exécuteurs de ses vengeances, le quatrième venait de tomber, d’un coup droit au cœur, comme les trois autres. C’était la rage, oui. Mais sous cette fureur à laquelle il s’excitait il y avait une joie sourde. Et, tandis qu’il marchait sur Passavant, Jean Sans Peur songeait :
    – Maintenant, personne ne peut plus m’accuser du meurtre de Louis d’Orléans !…
    Il atteignit Passavant au moment où une masse d’armes sifflant dans l’air à toute volée allait s’abattre sur le chevalier. La masse s’abattit, et Passavant demeura debout. Jean Sans Peur le vit qui baissait son épée… C’était Brancaillon qui avait reçu le coup.
    Brancaillon avait vu venir la masse et s’était jeté en avant. C’est lui qui la reçut. Elle l’atteignit sur le côté gauche de la tête et ricocha sur l’épaule. Brancaillon tomba lourdement et demeura inerte…
    Jean Sans Peur leva la main, d’un furieux geste d’autorité. Les épées, les masses, les haches s’abaissèrent. Les hurlements, les imprécations s’apaisèrent. La meute s’immobilisa, grondante encore, soufflant, haletant. Il n’y eut plus de distinct que les gémissements des blessés.
    Passavant baissa la tête et vit Brancaillon à ses pieds, étendu tout raide.
    Quelque chose comme un tressaillement profond le fit vaciller ; quelque chose comme une douleur lointaine embua ses yeux… et il redressa la tête. Cet adieu donné au pauvre Brancaillon avait duré une seconde – laps de temps énorme dans la tempête qui emportait l’esprit du chevalier.
    – Eh bien ! gronda Jean Sans Peur, pourquoi ne me frappez-vous pas, moi aussi ?
    – Parce qu’elle vous protège ! dit Passavant.
    Jean Sans Peur le savait ! Père de Roselys, il était inviolable pour Passavant !
    – Allons ! dit-il, c’est assez. Qu’on le saisisse !
    Et il se plaça près de Passavant, jusqu’à le toucher, le réduisant ainsi à l’impuissance. Le chevalier n’eut même pas le temps de se remettre en position de bataille et de garde : vingt bras s’abattirent sur lui, les dagues se levèrent.
    – Mort au premier qui le frappe ! hurla le duc.
    Et il ajouta :
    – Cet homme appartient à la justice royale. Condamné pour le meurtre de notre cousin le duc d’Orléans, c’est l’exécuteur royal qui seul peut le frapper. Il faut que le peuple de Paris voie mourir l’assassin. Gardes, conduisez-le à l’échafaud de la Grève !
    Il était à ce moment environ une heure après midi.
    Passavant, par les gens de Bourgogne, fut remis aux gardes qui, au nombre de soixante, se mirent en route pour la place de Grève ; au milieu d’eux marchait Passavant. Dès que le chevalier eut été emmené, Jean Sans Peur s’approcha d’Isabeau, et sans doute il prit avec elle les dernières résolutions, car, se tournant vers Robert de Mailly, il dit :
    – Comte, prenez une suffisante escorte et allez à Notre-Dame où vous ferez sonner le gros bourdon.
    Et alors Isabeau, au moment de sortir de cette salle pleine de blessés, de cadavres et de sang :
    – Allez, sire ! Allez, et revenez vainqueur ! À 4 heures je vous attends dans la grande chapelle du palais où je vais faire rassembler le conseil et le chapitre des Célestins.
    Elle sortit lentement, spectre sanglant qui semblait se mouvoir à l’aise parmi les cadavres.
    Jean Sans Peur, une minute, demeura sur place, livide, vacillant, l’œil flamboyant et d’une voix d’orgueil inexprimable, il dit dans un profond soupir :
    – Je suis roi !…
    – Vive le roi !… vociféra la bande, les épées haut dressées.
    – En avant ! gronda alors le duc. En avant pour l’extermination des Armagnacs !
    Un instant plus tard, il n’y eut plus dans la salle que les cadavres étendus en des attitudes convulsées.
    L’un de ces

Weitere Kostenlose Bücher