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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lui. Et deux secondes plus tard, la pensée même qu’il fallait tenir là s’abolit. Il ne pensa plus. Il fut pris dans la furie de la bataille. Il se battit. Ce fut tout…
    La bataille se déchaîna instantanément.
    Ocquetonville entra, avons-nous dit. D’un coup d’œil, il vit Isabeau. Il vit Passavant. Et il vit le duc de Bourgogne. D’un bond, il fut sur lui, et avec un rire de triomphe :
    – Sire !…
    – Sire ? gronda le duc haletant, oubliant tout.
    – Oui ! Sire ! C’est vous qui êtes sire ! Le roi est mort !…
    – Vive le roi, gronda la bande.
    Isabeau frénétique, écumante, son regard de feu rivé sur Passavant, saisit Jean sans Peur par la main, et d’une voix puissante qui domina le tumulte, d’une voix de fièvre et d’enivrement, cria :
    – Vive le roi !…
    – En avant ! hurla Jean sans Peur. Le premier ordre du roi, le voici : saisissez ce rebelle et portez-le à l’échafaud de la Grève !…
    Ceci demanda quelques instants. Près de la porte, déjà, on se battait. Il n’y avait, dans la confuse vision des gestes enchevêtrés, que les éclairs des formidables épées se levant à deux bras et retombant en coups sourds. Le premier tomba le geôlier. Il tomba, le crâne ouvert d’un coup de hache. Il s’abattit en travers de la porte, et il eut le temps, en cette inappréciable seconde, de voir Ocquetonville fendre le flot des assaillants et se placer devant Passavant.
    Le geôlier mourut presque aussitôt. Il mourut avec un étrange sourire sur les lèvres, le même sourire qu’il avait eu pour dire sur le corps de Scas : « Un seul coup droit au cœur !… »Presque aussitôt s’abattit un corps sur le corps du geôlier : c’était Bruscaille. Un coup de masse l’atteignit à la tempe, et il s’abattit comme un bœuf. Au même instant, une épée le traversa de part en part… l’épée d’Ocquetonville qui, alors, se trouva face à face avec Passavant. Les deux épées, rouges toutes deux, se choquèrent, et une pluie de sang tomba.
    – Vous êtes le dernier ! haleta Passavant.
    Ocquetonville vociféra :
    – Scas ! Guines ! Courteheuse ! Je vous venge !…
    – Scas ! Guines ! Courteheuse ! cria Passavant, voici Ocquetonville qui vient à vous.
    Et il allongea simplement le bras, comme si la mort d’Ocquetonville eût été chose inéluctable convenue entre lui et le Destin. Et la chose convenue s’accomplit. Emporté par son furieux élan. Ocquetonville s’enferra ; il tomba, le cœur crevé…
    Alors, dans la salle, les hurlements devinrent tempête. Passavant jeta un coup d’œil par-dessus son épaule : Laurence et Saïtano n’étaient plus là. Sans doute ils étaient loin déjà, hors d’atteinte.
    Un flot de sang tiède jaillit sur lui ; il en eut sur le visage, ses mains furent rouges, et dans une vision insaisissable de rapidité, il vit s’affaisser Bragaille, la gorge ouverte.
    Près de lui, sur sa droite, il ne distinguait plus, dans l’affreuse confusion de ces visions, qu’un géant dont les bras, d’un geste automatique, se baissaient et se levaient pour se baisser encore ; au bout de ces bras, il y avait un de ces estramaçons de bataille qu’un colosse pouvait seul manier avec aisance. Et c’était Brancaillon qui, paisible, souriant, simplement heureux de se trouver près de Passavant, accomplissait avec candeur une effroyable besogne. Ce fut entre deux attaques foudroyantes que Passavant vit cela. Il eut un pâle sourire et poursuivit sa besogne à lui.
    Lui, c’étaient des coups droits. Il ne connaissait que le coup droit, en cette épouvantable minute. Tout ce qu’il savait d’escrime sagace et voltigeante, il l’avait oublié. Ses bras plongeaient dans le tas de poitrines, et à chaque plongée il revenait d’un bond en arrière, l’épée ruisselante. Il ne disait pas un mot.
    Autour de lui, la rafale des insultes mugissait. Des malédictions frénétiques se croisaient. Il n’entendait pas. Il frappait. Hagard, porté d’un coup d’aile hors des limites du raisonnement et des sensations, il n’était plus qu’une force en mouvement. Les dents serrées, les yeux exorbités, tout son être ramassé dans une formidable tension des nerfs, il fut si effrayant que des reculs désordonnés se produisirent.
    Autour de Passavant, il y avait une douzaine de cadavres sur lesquels piétinaient furieusement les assaillants. Il jeta encore un regard par-dessus son épaule : plus de

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