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Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Jeanne d'Arc Vérités et légendes

Titel: Jeanne d'Arc Vérités et légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colette Beaune
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l’activité
sexuelle soulage le malade) et d’un problème cérémoniel (le roi ne va pas chez
la reine en catimini). Les cinq premiers enfants du couple sont nés avant la
première crise de folie en 1392. Marie (1393), Michelle (1395), Louis (1397),
Jean (1398), les quatre suivants, ont été conçus pendant des périodes de
rémission où les relations, qui s’interrompaient pendant les crises,
reprenaient. Catherine (1401) et Charles (1403) ont été conçus alors que le roi
était malade. Mais la conception de Philippe en janvier-février 1407 a lieu
lors d’une période de rémission. En novembre, Charles étant à nouveau
malade – il ne se rend plus compte de rien -, la naissance de Philippe
n’aurait présenté aucun problème. Le duc de Bourgogne profite d’ailleurs de
cette absence royale pour assassiner son cousin Louis d’Orléans. Le roi ne
réapparaît en public que début décembre.
    Certes, Odette de Champdivers avait été installée en 1405
auprès du roi avec le consentement de la reine pour soulager celle-ci (elle
avait déjà onze enfants). Peut-être est-ce d’ailleurs une idée du duc de
Bourgogne dont Odette est la sujette. Mais les rapports entre le roi et la
reine continuent épisodiquement. Ainsi, dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10
mars 1408, le roi qui a eu la veille un bref répit « alla coucher avec la
reine » et, dit-on, à cause de cela « il fut (le lendemain) plus
malade qu’il n’avait été depuis dix ans ». C’est la dernière fois à notre
connaissance. Le petit Philippe a donc toute chance d’avoir été un enfant
légitime. Il l’était de toute façon juridiquement puisqu’en droit « le
père est celui que le mariage montre ». L’époux est le père de tous les enfants
que sa femme met au monde. Biologiquement, rien ne s’y oppose, même si les
Bourguignons ont eu tout intérêt à prétendre le contraire.
    Louis d’Orléans, frère du roi, et Isabeau de Bavière ont-ils
couché ensemble ? Les lits non conjugaux, plus discrets, sont moins
accessibles à l’historien. Nous pouvons pourtant relever ce que les
contemporains en ont dit.
    Louis était beau, cultivé et homme à femmes : sa
ravissante épouse qui plaisait trop à Charles VI, Mariette d’Enghien dame
de Cagny, l’épouse de Raoulet d’Auquetonville, une princesse bourguignonne, une
comtesse de Blois, d’autres aussi probablement. On ne prête qu’aux
riches ! Il était surtout régent pendant les « absences » de son
frère. Jusqu’à la mort du duc Philippe le Hardi en avril 1404, le pouvoir avait
été partagé. Il ne l’était plus guère. Louis, en qui Isabeau avait confiance,
pouvait désormais faire sa politique : lever de lourds impôts et préparer
la guerre contre l’Angleterre. Les Parisiens ne l’aimaient guère. En face, Jean
sans Peur leur promettait la paix et la disparition des impôts. Voilà un
programme populaire ! Si la mauvaise réputation du duc d’Orléans est
certaine, elle est loin d’être surtout sexuelle. Il ne faut pas croire tout ce
que raconte l’Apologie pour le tyrannicide que fit écrire Jean sans
Peur, où Louis couche, prend la nuit pour le jour, assassine ses neveux, a le
projet de tuer le roi, etc. L’assassin n’est pas forcément ni le plus objectif
ni le meilleur juge de sa victime.
    C’est vers 1404-1405 que des rumeurs commencèrent à courir.
« Pour mettre les cœurs du peuple contre eux, le duc de Bourgogne fit
semer faux mensonges de la reine et du duc d’Orléans. » Le 7 juin 1405,
l’augustin Jacques Legrand prêche à la Cour : « La déesse Vénus règne
seule à votre cour : l’ivresse et la débauche lui servent de cortège et
font de la nuit le jour, au milieu des danses dissolues… » S’agit-il ici
de viser la reine et le duc d’Orléans ou l’installation d’Odette de Champdivers
comme maîtresse officielle, une nouveauté à la cour de France ?
    Puis plus rien. Louis est assassiné le 23 novembre 1407, en
sortant de l’hôtel Barbette. Dix ans plus tard, à la fin de 1417, le duc de
Bourgogne se réconcilie avec la reine Isabeau, qu’il utilise contre le dauphin
comme garante du traité de Troyes puis du gouvernement anglo-bourguignon de
Paris.
    Contrairement à ce que pensent les
« bâtardisants », le traité de Troyes n’affirme pas que le dauphin
Charles est un bâtard. C’est parce qu’il est leur fils légitime que le roi et
la reine de France ont le droit de le priver

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